Evangile de dimanche: A bout de souffle?

Quand nous étions à l’école ou plus tard et qu’une question importante nous laissait sans voix, quel soulagement lorsque le voisin nous soufflait la réponse ! C’est ce que nous vivons à Pentecôte. Comme les disciples nous avons besoin de souffle pour aller plus loin et ne pas laisser la parole de Dieu sans réponse en nous et entre nous.

«Je vous enverrai l’Esprit-Saint, l’Esprit de vérité!» Les paroles de Jésus, dans les chapitres qui précèdent ceux de l’évangile de cette fête, donnent à ses disciples une nouvelle espérance. C’est non seulement par sa parole mais aussi par le geste que Jésus envoie l’Esprit-Saint sur les siens. En soufflant sur eux il renouvelle le geste créateur.

Dès les origines Dieu nous a fait la promesse de la vie en venant souffler sur ce qui est encore inanimé. Puis c’est par les paroles de la loi qu’une alliance est établie. Avec les prophètes ces paroles ont été inscrites dans le cœur de l’homme. Avant Jésus, la Pentecôte était déjà la fête annuelle qui célébrait l’alliance avec Dieu. Avec Jésus cette alliance trouve un nouveau souffle: celui de l’Esprit.

Au moment où Jésus est là au milieu de ses disciples au soir du premier jour de la semaine il vient ouvrir pour eux une perspective nouvelle. Ce n’est plus seulement la parole de la loi, mais son esprit que Jésus promet à ceux qui en deviennent responsables. Jésus souffle sur les apôtres comme nos voisins nous soufflent la bonne réponse. Et que leur souffle-t-il? Les paroles qui leur donnent de se comprendre et d’être compris.

«A la Pentecôte, le souffle de l’Esprit fait éclater les briques cimentées de tout enfermement.»

C’est pour cette raison que la fête de Pentecôte est si importante pour les chrétiens. La bonne nouvelle de l’évangile était menacée par l’enfermement des apôtres et c’est en leur redonnant la parole que Jésus rend possible l’annonce des merveilles de Dieu au monde entier puisque chacun les comprend dans sa propre langue. Car quand on est essoufflé ou qu’on a le souffle coupé, on ne peut pas parler: voilà pourquoi Jésus leur donne son souffle.

Dans l’histoire biblique la Pentecôte peut être vécue comme l’accomplissement de ce qui avait commencé à Babel. En construisant une tour en brique les hommes avaient voulu consolider par eux-mêmes ce qui les menaient à Dieu. Ils ont vécu dans l’illusion que l’unité entre eux naîtrait de l’uniformité de leur langue. En dispersant leur langage, Dieu les empêche de s’enfermer dans une culture unique pour peupler le monde dans sa diversité.

A la Pentecôte, le souffle de l’Esprit fait éclater les briques cimentées de tout enfermement. Il met au grand jour la pluralité du monde dans la richesse de tous les peuples et de tous les pays. Il permet à l’humanité de vivre dans l’unité non pas dans une langue unique mais dans la multiplicité des façons de s’exprimer.

Par Jésus, Dieu a tenu parole: envoyer l’Esprit-Saint répandre sur la Terre entière le renouveau d’une alliance comprise et reçue par tous et chacun dans sa propre langue. Au nom du Père et du Fils, le Saint-Esprit vient souffler les paroles de l’amour. La Pentecôte, c’est l’affirmation de l’amour comme langage universel.

Philippe Matthey | Vendredi 26 mai 2023

Jn 20, 19-23

C’était après la mort de Jésus ;
    le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
 « La paix soit avec vous ! »
    Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
    Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
    Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
    À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »