Irlande: Le parlement légalise l'avortement en cas de danger pour la vie de la mère
Une loi très controversée dans un pays à forte tradition catholique
Dublin, 12 juillet 2013 (Apic) Le parlement irlandais a adopté, le 12 juillet peu après minuit, une loi autorisant l’avortement dans le cas où la vie de la mère est en danger. Ce projet, contre lequel 35’000 personnes ont manifesté le 6 juillet à Dublin, avait rencontré l’opposition de l’Eglise catholique.
La loi sur l’avortement a été approuvée au terme de discussions interminables sur 165 amendements, par 127 voix contre 31, rapporte la télévision irlandaise RTE. Elle autorise l’avortement si la grossesse constitue un «risque réel et substantiel», certifié par les médecins, pour la vie de la mère. En cas de risque de suicide de la mère, l’avis unanime d’un obstétricien et de deux psychiatres est requis. Des parlementaires de gauche ont jugé cette loi encore trop restrictive, du fait qu’elle ne prévoit pas d’autoriser l’avortement en cas de viol ou d’inceste, ni si le foetus est anormal. Le texte doit maintenant être avalisé par la chambre haute du parlement.
«La voie à des meurtres directs d’enfants à naître»
L’Eglise catholique avait exprimé son opposition dès le lancement de ce projet de loi, fin 2012. Mgr John Buckley, évêque de Cork et Ross, avait affirmé que «l’avortement est la menace la plus grave pour les droits de l’homme». Les quatre archevêques catholiques d’Irlande: le cardinal Sean Brady, archevêque d’Armagh, Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin, Mgr Dermot Clifford, archevêque de Cashel et Emly, et Mgr Michael Neary, archevêque de Tuam ont écrit pour leur part que la dépénalisation de l’avortement «ouvrirait la voie à des meurtres directs et intentionnels d’enfants à naître. Cela ne peut jamais être justifié moralement, quelles que soient les circonstances».
Le gouvernement du Premier ministre Enda Kenny (Fine Gael, centre) a accéléré le processus législatif après la mort, en octobre 2012, d’une femme de 31 ans originaire d’Inde. Enceinte de 17 semaines, elle est décédée d’une septicémie à l’hôpital de Galway, une semaine après y avoir été admise alors qu’elle était en train de faire une fausse couche.
Selon des statistiques du département britannique de la santé publiées le 11 juillet, 3’982 femmes sont venues d’Irlande vers l’Angleterre ou le Pays de Galles pour un avortement en 2012. Entre 1980 et 2012, elles ont été plus de 150’000 à entreprendre cette même démarche. (apic/ag/bb)