A Paris, des croyants se sont spontanément mobilisés pour prier devant la cathédrale en flamme | © Keystone
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Un chant d’espérance devant Notre-Dame en flammes

Dans la nuit de lundi à mardi, devant Notre-Dame en feu. Christine Mo Costabella, journaliste à Echo Magazine, assiste à la naissance fragile d’une espérance invincible.

On n’aperçoit pas encore les flammes, mais déjà l’odeur nous accueille au coin de la rue: celle de huit siècles qui partent en fumée. Notre-Dame brûle et les Parisiens se rassemblent pour assister à ce spectacle ahurissant. On suit leur pas pressé jusqu’à la Place Saint-Michel. La foule y est dense, mais silencieuse. Il est 21h, la flèche de la cathédrale s’est déjà écroulée, mais la fumée continue de s’élever au-dessus des lances à incendie.

De la masse des visages graves et anonymes s’élèvent quelques voix. Un petit groupe de jeunes gens a entonné des «Je vous salue Marie». Le chant renforce la beauté tragique de la scène. Il grandit et se propage, lui aussi, repris par les voisins ou par des croyants qui arrivent petit à petit, alertés par les réseaux sociaux qui signalent cette veillée de prière improvisée devant Notre-Dame.

«Les chants de louange reprennent de plus belle sous les caméras intriguées des médias présents»

«J’ai lu sur tweeter qu’il y avait des gens qui priaient ici, alors je suis venue. Je voulais la voir une dernière fois avant qu’elle disparaisse», confie Laure, 30 ans, avant de fondre en larmes dans les bras de son amoureux. «Comme chrétien, on se sent le cœur brisé. Notre-Dame est une mère qui nous réunit pour les grands évènements, poursuit Nicolas, 36 ans. Tous les ans, je pars d’ici en pèlerinage. Il y a une semaine, j’assistais à une très belle messe pour les 25 ans de la mort de Jérôme Lejeune dans cette cathédrale; aujourd’hui, elle brûle.»

Le chant continue. Une manière de participer comme on peut au combat contre les flammes, de demander à Dieu de sauver cette église ô combien chère au cœur des Parisiens et de toute l’Europe, de protéger les pompiers qui exposent leurs vies. Une manière d’échapper au seul état de sidération. Et de communier les uns avec les autres autrement que devant BFM TV.

Cela fait deux heures que les «Je vous salue Marie» s’élèvent sans discontinuer quand des applaudissements parcourent la foule. Le bruit circule que les pompiers ont réussi à refroidir les tours et qu’elles sont sauvées. Les chants se font plus joyeux; les uns entonnant l’Ave Maria de Lourdes, d’autres des chants scouts à Marie.

Vers 23h30, la gravité est de retour. Une femme annonce dans un haut-parleur qu’un pompier a été grièvement blessé et propose de prier un chapelet pour lui. Quand il se termine peu après minuit, c’est un tonnerre d’applaudissements qui accueille le passage d’un camion des services du feu.

Tout semble désormais sous contrôle, mais à 1h du matin, personne n’a l’air de vouloir rentrer se coucher. Les chants de louange reprennent de plus belle sous les caméras intriguées des médias présents; avant même Vendredi Saint, ce sont des hymnes de résurrection qui retentissent. Une joie paradoxale devant le désastre, peut-être parce qu’il n’a pas été complet, peut-être parce qu’il a réveillé une profonde espérance dans le cœur de ces jeunes chrétiens. Une envie de reconstruire leur église. Leur Eglise, ne peut-on s’empêcher de penser. (cath.ch/cmc/pp)

A Paris, des croyants se sont spontanément mobilisés pour prier devant la cathédrale en flamme | © Keystone
16 avril 2019 | 11:23
par Christine Mo Costabella
Temps de lecture : env. 2  min.
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