Japon: L’Eglise catholique se mobilise pour les survivants du séisme
Un centre de soutien d’urgence opérationnel pour au moins 6 mois
Sendai, 18 mars 2011 (Apic) Un groupe d’évêques japonais, représentant les 16 diocèses de l’Eglise catholique du pays et réuni à l’évêché de Sendai, a mis sur pied un centre de soutien d’urgence, le 16 mars 2011, afin de coordonner l’aide aux victimes du séisme du 11 mars, rapporte Eglises d’Asie (EDA), l’agence d’information des Missions étrangères de Paris (MEP).
L’évêché de Sendai est situé au cœur du Tohoku, vaste région qui s’étend au nord de Tokyo et qui a été la plus gravement meurtrie par le séisme du 11 mars et le tsunami qui a suivi. A l’ordre du jour de cette réunion épiscopale: «comment aider les victimes?» et «comment agir en tant qu’Eglise catholique en cette phase tragique de l’histoire du pays?», a indiqué le Père Narui Diasuke, directeur de Caritas Japon, à l’agence missionnaire Fides. «En ce moment, la Caritas reçoit de tous les diocèses du Japon des propositions de jeunes désireux de se rendre comme bénévoles dans les zones les plus touchées par le désastre. C’est un signe important, qui permet d’être optimistes pour l’avenir.»
Selon l’évêque de Sendai, Mgr Hiraga Tetsuo, la situation reste très difficile. Les informations sont fragmentaires et il n’est pas encore possible de quantifier l’étendue du désastre. «Mon diocèse est très grand et couvre quatre préfectures pour un total de 500 km de côte, sur la moitié nord de Honshu. Le tsunami en a atteint plus de 300. Dans la préfecture d’Aomori, deux églises ont été touchées. Dans celle d’Iwate, on en compte trois et deux dans la préfecture de Miyagi. Elles sont aussi deux dans la préfecture de Fukushima. Nous ne savons pas encore combien de personnes sont mortes, disparues ou déplacées, et si parmi elles se trouvent des catholiques».
Dénuement total
Dans un pays aussi développé que le Japon, les aides sont coordonnées par la protection civile. L’afflux de bénévoles, armés de leur seule bonne volonté, n’est pas nécessairement d’une grande aide, soulignent des membres de la Caritas sur place. Toutefois, face à l’ampleur de la catastrophe, les besoins sont immenses. Parmi les priorités figure la nécessité de trouver de l’essence pour permettre l’acheminement des secours, de vastes portions côtières du Tohoku étant encore quasiment coupées du reste du pays, leurs infrastructures ayant été totalement détruites.
De Tokyo, plongée dans un calme très inhabituel du fait des coupures de courant et de la circulation réduite des trains et du métro, le Père Olivier Chegaray, des MEP, souligne la très grande précarité dans laquelle vivent les populations rescapées du tsunami. «Plus d’un million de personnes sont dans une situation de dénuement total», a-t-il raconté le 17 mars, dans un entretien via webcam avec la télévision KTO (1). «Certes, le Japon est un pays riche, a-t-il ajouté, mais cela ne doit pas décourager les autres pays de venir en aide aux Japonais, car les besoins sont immenses (2).»
Le Père Chegaray a aussi témoigné de l’incertitude dans laquelle sont encore bon nombre de Japonais quant au sort de leurs proches. Le bilan dressé par les autorités du pays ne cesse de s’alourdir. L’Eglise du Japon s’inquiète pour les jardins d’enfants, dont elle avait la responsabilité dans les régions dévastées par la catastrophe. En effet, si les catholiques forment une petite minorité (0,3% de la population au Japon, ndlr), l’Eglise est néanmoins présente dans la vie quotidienne des Japonais, notamment dans la sphère éducative. Presque chaque paroisse gère un jardin d’enfants, qui jouxte souvent les bâtiments de l’église et où sont accueillis les bambins catholiques ou non-catholiques. Selon le Père Chegaray, bon nombre de ces enfants figurent sur la liste des disparus.
La «flamme de l’espérance»
L’ensemble des opérations de secours se déroule sous la menace d’une fuite radioactive massive de la centrale nucléaire de Fukushima. Dans le Tohoku, après les opérations de déblaiement, la vie a repris son cours, les magasins ont été dévalisés par la population qui accumule les vivres au cas où elle recevrait l’ordre de rester confinée chez elle. Etant donné la situation, le réapprovisionnement des étals ne se fait pas et la couverture des médias japonais, même si elle est moins alarmiste que celle de leurs confrères à l’étranger, ajoute à l’inquiétude. Aux dernières nouvelles, il a été annoncé que, dans la centrale de Fukushima, on comptait désormais des morts par irradiation.
A Sendai, le centre de soutien d’urgence de l’Eglise catholique a été placé sous la présidence Mgr Hiraga. Son chancelier, le Père Komatsu Shiro, en assume la vice-présidence. Le centre devrait rester opérationnel pour au moins les six prochains mois. A l’agence Fides, Mgr Hiraga a déclaré s’en remettre à Dieu. Il a demandé à tous les chrétiens du monde de prier pour le Japon. «Nous avons reçu le message de Benoît XVI et nous le remercions pour ses paroles, qui insufflent courage et espérance. Aujourd’hui, notre mission est d’aider la nation à lever à nouveau les yeux vers le ciel et à tenir vivante la flamme de l’espérance», a-t-il dit.
Notes:
(1) Depuis le 17 mars, KTO fait un point quotidien de la situation avec le Père Chegaray. Son intervention est mise en ligne sur le site Internet www.ktotv.com, chaque jour vers 17 h. Pour le point du 17 mars, voir http://www.dailymotion.com/video/xhnx2y_tokyo-temoignage-du-responsable-des-mep-au-japon_news
(2) Cinq jours après le tremblement de terre du 11 mars, Caritas Japon a fait état de dons émanant des catholiques du pays se montant à 253’000 dollars. Ailleurs, en Asie, la mobilisation a été particulièrement forte et rapide: Caritas Corée a envoyé 100’000 dollars pour l’aide d’urgence. Depuis Bangkok, le bureau Asie de Caritas Internationalis indique que les Caritas à Singapour, Hongkong, Macao, Taiwan, mais aussi de Birmanie et du Vietnam sont très actives. De Chine populaire, Jinde Charities a envoyé une contribution initiale de 10’000 dollars, en signe de «symbole fraternel». (apic/eda/nd)