Amérique latine: Réactions enthousiastes après l’élection d’un pape argentin
Satisfaction et orgueil de tout un continent
Brasilia, 15 mars 2013 (Apic) Deux jours après l’élection du pape François, l’Amérique latine n’en finit pas de clamer sa joie et d’exprimer sa satisfaction. L’attitude humble et la sensibilité aux problématiques sociales du nouveau souverain pontife suscitent beaucoup d’espoirs sur un continent marqué par la théologie de la libération.
«Il s’agit d’une «belle surprise!», telle a été la réaction du cardinal Raymundo Damasceno Assis, président de la Commission épiscopale des évêques du Brésil (CNBB), au lendemain de l’élection du pape François, dans le journal O Estado de Sao Paulo.
«Surprise». C’est bien le sentiment qui prédomine en Amérique latine après l’élection du cardinal Jorge Bergoglio. En commençant évidemment par l’Argentine où, après un moment d’incrédulité, des millions de fidèles se sont pressés dans les églises pour célébrer «leur» pape. Un engouement évidemment relayé par les sites internet des principaux journaux du pays, où les articles et éditoriaux se sont multipliés.
«Un jour historique»
Certains se sont certes fait l’écho des soupçons qui pèsent encore aujourd’hui sur la possible mansuétude de l’ancien archevêque de Buenos Aires à l’égard de la dictature militaire (1976 à 1983). Mais tous ont néanmoins loué la simplicité du nouveau Saint-Père et son implication auprès des plus pauvres dans les quartiers défavorisés de la capitale argentine. Sans oublier de rappeler les relations pour le moins tendues que le prélat entretenait avec les gouvernements péronistes de gauche de Nestor Kirchner (2003-2007), puis de sa femme et actuelle présidente Cristina Kirchner.
Dans un communiqué qualifié de «laconique» par les observateurs, la présidente Kirchner a estimé que l’élection d’un pape argentin était «un jour historique». Elle a souhaité au nouveau souverain pontife une «tâche pastorale fructueuse dans l’exercice de si grandes responsabilités à la recherche de la justice, de l’égalité, de la fraternité et de la paix de l’humanité». Cristina Kirchner a aussi déclaré attendre que le message d’espoir incarné par l’élection de François «parvienne aux grandes puissances de ce monde, afin de les inciter au dialogue» et à «jeter un regard sur leur propre société», ainsi que sur «les peuples émergents».
Maturité et cohérence de l’Eglise en Amérique latine
«Historique» est le qualificatif retenu également par le président équatorien Rafael Correa, qui s’est félicité de cette nomination. «Nous avons un pape latino-américain! Nous vivons des moments historiques, sans précédent», s’est réjoui le dirigeant socialiste, qui se revendique fervent catholique et partisan de la Théologie de la libération.
Au Mexique, deuxième pays du continent américain après le Brésil pour sa population catholique, Eugenio Lira, le secrétaire général de la Conférence épiscopale mexicaine (CEM), a salué une élection qui «nous remplit de joie parce que nous pouvons davantage nous identifier avec quelqu’un qui connaît la réalité de nos peuples latino-américains».
Au Chili aussi, l’élection d’un latino-américain a été accueillie avec une grande satisfaction. «Cette élection illustre la maturité et la cohérence de l’Eglise en Amérique latine», a déclaré l’archevêque de Santiago, Mgr Ezzati. «Le pape qui vient de ce continent, qui a vécu l’aventure de l’Eglise en Amérique latine, marquera certainement son pontificat du sceau de son expérience ecclésiastique et pastorale», a-t-il ajouté.
«Choisir François comme nom, c’est choisir un programme»
Au Brésil, enfin, la déception causée par la non élection de Mgr Odilo Scherer, cardinal de Sao Paulo, a été tempérée par le fait que c’est bien un latino-américain qui a été choisi. La CNBB a manifesté son enthousiasme pour le choix d’un pape né «sur le continent de l’espérance». Selon les évêques brésiliens, cette élection «revigore l’Eglise». «Nous pouvons espérer beaucoup du fait qu’il soit latino-américain», a déclaré le secrétaire général de la Conférence, Leonardo Ulrich Steiner.
Le profil humble du nouveau Saint-Père a également suscité de l’espoir parmi des personnalités de l’Eglise qui avaient été assez critiques avec Benoit XVI. «Choisir François comme nom, c’est choisir un programme: amour pour les pauvres, la nature, la sobriété partagée et l’écologie, car tous les êtres sont frères», a déclaré Leonardo Boff, théologien de la libération. Jung Mo Sung, théologien et économiste, pourfendeur du néolibéralisme, a quant à lui estimé qu’»un pape ayant une existence simple, une compassion pour les pauvres et ceux qui souffrent est ce dont l’Eglise Catholique a le plus besoin. Etre conservateur aujourd’hui, a-t-il rajouté, passe au second plan».
Présence confirmée au JMJ à Rio de Janeiro
Le Brésil s’enorgueillit d’être le premier pays où se rendra le pape François, du 23 au 28 juillet prochain, à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ). La manifestation devrait accueillir plus de deux millions de fidèles «qui attendent le pape avec impatience», a assuré la présidente Dilma Rousseff, dans le message adressé au Souverain Pontife. Une présence confirmée par Mgr Raymundo Damasceno. «J’ai eu l’occasion de parler avec lui, le soir de son élection, Il m’a assuré qu’il allait bien venir au Brésil», a assuré président de la Conférence des évêques du Brésil (CNBB). (apic/jcg/bb)