Irak: Les archevêques de Mossoul et d’Erbil pessimistes sur le sort des chrétiens d’Irak
Les musulmans convaincus de la supériorité de leur religion
Bruxelles, 7 septembre 2011 (Apic) Les chrétiens sont aujourd’hui encore pourchassés à l’intérieur de l’Irak, et le reflux de nombre de chrétiens irakiens réfugiés en Syrie suite aux graves troubles que connaît ce pays les met dans une situation dramatique. Dans des villes comme Mossoul et Bagdad, les chrétiens sont toujours en danger de mort, affirme Mgr Emil Nona, archevêque chaldéen de Mossoul.
Mgr Emil Nona participait mardi soir 6 septembre à Bruxelles, en compagnie de Mgr Bashar Warda, archevêque chaldéen d’Erbil, à une manifestation organisée par la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE).
Les musulmans disposés au dialogue n’ont aucune influence
Au cours de la réunion de la COMECE, tant Mgr Nona que Mgr Warda ont relevé qu’un dialogue avec l’islam, tel qu’ils le vivaient sur place, n’était pas possible. Les partenaires musulmans à ce dialogue sont fondamentalement convaincus de la supériorité de leur religion. Et ceux qui seraient prêts à discuter avec les chrétiens n’ont aucune influence au sein de la communauté musulmane, déplorent-ils.
En raison des troubles qui paralysent la Syrie depuis quelques mois, les chrétiens irakiens réfugiés dans le pays voisin reviennent, mais ils sont désormais des sans-abri en Irak. Dans l’archidiocèse de Mossoul, a déclaré Mgr Nona, le nombre de chrétiens est passé depuis 2003 – date de l’invasion américaine de l’Irak – de 30’000 à 13’000 aujourd’hui. Celui qui en a les moyens, essaie de fuir et de s’installer à l’étranger, en particulier en Europe, tandis que d’autres se réfugient dans les régions septentrionales du pays, au Kurdistan irakien.
Manque de perspectives au Kurdistan
Dans la région autonome du Kurdistan, les chrétiens ne sont certes pas en danger de mort comme à Mossoul, mais la sécurité, tant du point de vue social qu’économique, fait défaut. Dans cette région, le nombre des chrétiens est passé depuis 2003 de 5’000 à 28’000. L’Eglise est pour ces réfugiés la seule instance qui les aide dans tous les domaines, que ce soit pour les questions de logement, de places de travail, ou pour les soins médicaux.
Cette situation place les agents pastoraux devant d’énormes tâches, ont souligné les deux prélats irakiens. Plusieurs fois dans leur vie, nombre de ces chrétiens ont tout perdu: cela vaut pour la génération de ceux qui ont été chassés des villages chrétiens du Kurdistan du temps de Saddam Hussein, et qui y retournent pour fuir la violence dans les autres parties de l’Irak où ils s’étaient réfugiés à l’époque.
Les deux archevêques chaldéens ont appelé les membres de la minorité chrétienne à les aider à mettre sur pied des institutions, comme des jardins d’enfants, des écoles et des universités. Mgr Nona et Mgr Warda relèvent que ces institutions créent des places de travail mais contribuent également à faire de cette petite minorité une forte communauté. (apic/kap/be)