Arme. Illustration sur le 2e amendement autorisant le port d'arme aux Etats-Unis. (Photo: Pix Abay)
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L'épiscopat américain contre les armes à feu

Après la fusillade qui a fait 49 morts et 53 blessés, le 11 juin 2016, dans un nightclub à Orlando (Etats-Unis), l’attention va de nouveau se focaliser sur le débat concernant le contrôle des armes à feu dans le pays, analyse le site catholique américain Crux, le 14 juin 2016. Il rappelle la volonté de l’épiscopat américain de limiter, depuis 40 ans, la vente d’armes à feu.

Les catholiques qui attendent un avis de Rome sur le sujet ne trouveront rien. Les évêques américains penchent, en revanche, clairement en faveur d’un contrôle plus sévère des armes, voire de leur quasi-éradication de la société.

Il n’y a pas de document papal faisant autorité sur la possession d’arme à titre individuel. Les différents papes et les officiels du Vatican ont condamné le trafic d’armes, en général. En 1994, sous le pontificat de Saint Jean-Paul II, le Conseil pontifical de justice et paix a publié un document sur le commerce mondial des armes exprimant «l’urgence de trouver un moyen efficient de stopper le flot des armes inondant les groupes terroristes et les criminels». Il faut, selon l’institution, imposer un contrôle strict sur les ventes d’armes. Limiter l’achat de telles armes ne devrait, cependant, pas empiéter sur la liberté des citoyens.

Cette formulation devrait suggérer qu’il n’y a, a priori,pas d’objections d’ordre éthique contre les mesures de contrôle, même si le document ne fait pas allusion à la possibilité des citoyens d’avoir accès à des armes pour l’auto-défense, les loisirs, la chasse, etc.

L’Eglise américaine pour le contrôle des armes à feu

Aux Etats-Unis, la conférence épiscopale catholique a débattu au sujet du contrôle des armes à plusieurs reprises au cours des quatre dernières décennies, en privilégiant généralement un contrôle plus sévère de l’accès aux armes à feu

En 1975, l’épiscopat américain a publié un document intitulé «la violence des armes de poing: Une menace pour la vie». Il y prônait une politique nationale sur les armes à feu, incluant notamment un délai entre l’achat et la possession effective d’arme, ainsi qu’un enregistrement du propriétaire et une autorisation de port d’arme.

En 1994, sous le titre: «Défier une culture de violence», les évêques américains ont mis en avant la progression de la disponibilité d’armes mortelles parmi les facteurs de la montée de la violence en Amérique. Ils ont publié, en 2000, un document dans lequel ils encouragent « les mesures visant à contrôler les ventes et l’utilisation d’armes et à les rendre plus sûres (particulièrement pour prévenir leur usage par des enfants sans surveillance)». «Nous réitérons notre appel pour une régulation effective des armes à feu», ont-ils ajouté. Ils ont souhaité les éradiquer de la société et en limiter l’usage pour la police et l’armée du pays.

Plus tôt cette année, Mgr Kevin Farrell, évêque de Dallas, a critiqué «les courbettes» du congrès auprès du lobby des armes. Il a loué les efforts du président Barack Obama qui promeut le contrôle des armes et pourfend la «mentalité de cowboy» qui favorise des lois de libre-port d’arme, comme celle qui vient d’entrer en vigueur au Texas.

Le pape monte au créneau

Après les attaques de Bruxelles en mars 2016 qui ont fait 35 morts et plus de 300 blessés, le pape a déploré que derrière cet acte, « (…) se trouvent des fabricants et des trafiquants d’armes qui veulent le sang, la guerre mais ni paix, ni la fraternité».

Peu de temps après les attaques de Paris, il s’est exprimé dans le même sens. «Les seuls résultats engendrés par la violence, a déclaré le pape à cette occasion, sont la ruine, des milliers d’enfants sans éducation et tant d’innocents morts… et plus d’argent dans les poches des trafiquants d’armes!» Le pontife a exprimé sa douleur au sujet des armes. «C’est notre devoir d’empêcher le commerce des armes», a-t-il lancé dans son discours au congrès américain, en septembre 2015.


Le deuxième amendement

Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes. Il fait partie des dix amendements passés le 15 décembre 1791, couramment appelés «Déclaration des Droits» (Bill of Rights). La codification du droit de porter des armes dans le Bill of Rights fut influencée par la peur que le gouvernement fédéral puisse désarmer le peuple pour imposer des règles par l’intermédiaire d’une armée de métier ou d’une milice.

Cet amendement fait l’objet de nombreux débats et il constitue un pilier important de la société et de la politique américaine. Cependant, son interprétation est controversée depuis de nombreuses années. D’après le Parti républicain (orienté à droite), le port d’armes est autorisé pour tous les citoyens sans conditions; c’est ainsi un droit inaliénable comme la liberté de religion, d’expression, etc. Les démocrates (orientés à gauche) estiment, pour leur part, que le port d’armes n’est autorisé que dans le contexte d’une «milice bien organisée» et n’est pas censé être un droit illimité. (cath.ch-apic/crux/bh)

Arme. Illustration sur le 2e amendement autorisant le port d'arme aux Etats-Unis.
15 juin 2016 | 12:38
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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