«Le pape ne respecte ni les musulmans ni l’islam», affirme Mahmoud Azab
Egypte: L’Université d’Al Azhar ne prévoit pas de rétablir le dialogue avec le Vatican
Le Caire, 22 mars 2011 (Apic) L’Université islamique d’Al Azhar, au Caire, ne prévoit pas de rétablir le dialogue avec le Vatican, malgré le retour à Rome de Lamia Aly Hamada Mekhemar, ambassadrice égyptienne près le Saint-Siège. Après l’attentat sanglant contre une église d’Alexandrie, le pape Benoît XVI avait demandé aux dirigeants du monde de protéger les chrétiens, ce qui avait provoqué début janvier le rappel en Egypte «pour consultation» de l’ambassadrice au Vatican. Interrogé par l’Apic au Caire le 20 mars 2011, Mahmoud Azab, conseiller du grand imam pour le dialogue, a regretté «le manque de respect du pape envers les musulmans et l’islam».
«Nous sommes amers et ne pouvons pas continuer», a déclaré Mahmoud Azab, au nom du grand imam d’Al Azhar, Ahmed El Tayyib. Regrettant que l’appel du pape, le premier jour de l’an, ait été «beaucoup plus communautaire qu’humaniste», le conseiller du grand cheikh El Tayyib a accusé Benoît XVI d’aller «toujours dans le même direction». «On attendait du pape une solidarité avec le monde entier, toute l’humanité, toutes les cultures et religions», a-t-il ajouté.
Le pape accusé d’être «beaucoup plus communautaire qu’humaniste»
Selon Mahmoud Azab, le Saint Père «ne respecte ni les musulmans ni l’islam». Opinion partagée par le grand imam qui considère que Benoît XVI a creusé la distance entre musulmans et chrétiens. «Une position indigne» de celui qui siège sur le trône de Pierre. «Lorsque le pape attaque l’islam, il parle en tant qu’Occidental et non avec la voix de Jésus», affirme Ahmed El Tayyib. L’Université d’Al Azhar attend donc le retour «sur un terrain de dialogue convenable», caractérisé par un discours «beaucoup plus humain, juste et authentique» de la part du Vatican. Pour Mahmoud Azab, c’est au nonce apostolique en Egypte de faire le prochain pas.
Retour de l’ambassadrice au Vatican
Suite à l’attentat meurtrier du 31 décembre 2010, visant l’église copte orthodoxe d’Al-Kidissine à Alexandrie, le pape Benoît XVI avait demandé aux responsables des nations un engagement concret pour protéger les chrétiens et condamner la stratégie de violence menée envers eux. Des propos qualifiés dès le 2 janvier d’»ingérence» par le grand imam d’Al Azhar.
Le 11 janvier, Le Caire avait annoncé le rappel de son ambassadrice près le Saint-Siège, Lamia Aly Hamada Mekhemar, pour consultation. Le 20 janvier, c’était au tour de l’Université d’Al Azhar de suspendre le dialogue avec le Vatican. Le Saint-Siège a depuis réaffirmé à plusieurs reprises son désir de rétablir le contact avec l’Université. Le Caire avait annoncé le retour de son ambassadrice pour le 23 janvier. (apic/amc/be)