La visite du pape en Egypte, une «bénédiction»

Le pape François se rendra en visite apostolique en Egypte les 28 et 29 avril 2017 à l’invitation du président Abdel-Fattah El-Sissi, des évêques catholiques égyptiens, du patriarche copte orthodoxe Tawadros II et du Grand imam d’Al-Azhar, Cheikh Ahmed El-Tayyeb. «C’est une bénédiction pour nous», affirme Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique émérite de Guizeh, près du Caire.

Le patriarche Tawadros II a, pour sa part, affirmé qu’il s’agissait là d’une confirmation des «excellentes» relations, «assidues et constantes», entre catholiques et orthodoxes en Egypte, a déclaré son porte-parole, le Père Poules Halim, à l’agence de presse catholique italienne SIR le 18 mars. Moins de deux mois après son élection, François avait ainsi reçu le pape copte orthodoxe au Vatican.

Dans l’attente de cette visite, la cathédrale de Saint-Marc se prépare avec beaucoup d’enthousiasme, a-t-il souligné. Et d’affirmer que pour l’Egypte cette visite est un tournant et un grand pas en avant dans l’histoire des relations entre les deux entités.

Un message de paix, de tolérance et de dialogue

«L’Egypte attend avec impatience cette visite comme un message de paix, de tolérance et de dialogue entre tous les hommes de toutes les religions», a déclaré la présidence égyptienne. La présidence, qui rappelle que le président Abdel Fattah al-Sissi a rencontré le pape en 2014 lors d’une visite au Vatican, tient le pape François «en haute estime et admire sa stature morale et spirituelle ainsi que ses positions courageuses sur certaines questions internationales», rapporte l’agence de presse égyptienne Al Ahram.

La visite du pape François coïncidera avec le 70e anniversaire du début des relations diplomatiques entre l’Egypte et le Vatican, souligne la présidence égyptienne.

Reprise du dialogue entre Al-Azhar et le Vatican

Al Ahram  rappelle que le dialogue entre Al-Azhar et le Vatican avait été gelé il y a six ans quand Al-Azhar avait coupé les contacts en raison d’une demande du pape Benoît XVI, réagissant à l’attentat meurtrier du 31 décembre 2010, visant l’église copte orthodoxe d’Al-Kidissine à Alexandrie, qui avait causé la mort de 23 fidèles.

Le Caire Cheikh Ahmed Al-Tayeb, grand imam d’Al-Azhar (Photo: A.-M. Cochand)

Le pape Benoît XVI avait alors demandé aux responsables des nations un engagement concret pour protéger les chrétiens et condamner la stratégie de violence menée envers eux. Des propos qualifiés dès le 2 janvier d’»ingérence» par le grand imam d’Al Azhar. Le 11 janvier, Le Caire avait annoncé le rappel de son ambassadrice près le Saint-Siège pour consultation. Le 20 janvier, c’était au tour de l’Université d’Al-Azhar de suspendre le dialogue avec le Vatican. Al-Azhar avait alors accusé le Vatican d’alléguer que les minorités religieuses souffraient de discriminations de la part des musulmans au Moyen-Orient.

L’année dernière, les relations entre les deux organismes religieux avaient commencé à s’améliorer lorsque le pape François avait reçu le 23 mai 2016 au Vatican le Grand imam El-Tayyeb d’Al-Azhar.

Moment «propice» pour la liberté de culte et de religion

Mgr Antonios Aziz Mina estime pour sa part que, pour les chrétiens, le moment est «propice» pour la liberté de culte et de religion en Egypte et que cette visite rappelle celle du pape Jean Paul II en l’an 2000, l’année du Grand Jubilé. Certes, souligne-t-il, toute la région, et pas seulement l’Egypte, est depuis des années «mise à l’épreuve, et la présence des chrétiens est toujours un témoignage de la croix (…) Nous venons de traverser une période caractérisée par l’extrémisme, mais nous devons revenir aux racines de notre nature de peuple pacifique qui veut le dialogue et la coexistence pacifique. Le terrorisme doit être combattu avant tout avec le pouvoir de la pensée, avec la culture et avec l’amour, la paix, la coexistence, l’égalité des droits pour chaque citoyen». (cath.ch/imedia/alahram/sir/be)