Québec: La très controversée Charte des valeurs a l'appui des Québécois francophones

La Première ministre Pauline Marois confiante

Montréal, 27 août 2013 (Apic) Alors que juifs et catholiques au Québec critiquent le projet de Charte des valeurs québécoises, l’opinion publique de la Belle Province soutient massivement ce projet controversé. Selon un sondage de l’Institut «Léger Marketing», les Québécois francophones, dans leur grande majorité, sont favorables à cette Charte des valeurs que le gouvernement québécois s’apprête à présenter cet automne.

Si Mgr Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec assimile ce projet à une forme d’»athéisme officiel», 57% des Québécois (toutes langues confondues) jugent que l’adoption d’une telle charte à l’automne est une «bonne idée». Elle permettra, à leurs yeux, de «protéger les valeurs québécoises». Certes, un Québécois sur deux (48%) est convaincu que l’adoption d’une telle Charte va «créer plus de chicanes». Seulement 28% des répondants croient que la Charte est la solution aux problèmes d’accommodements religieux (*).

Les autres Canadiens ne partagent pas l’avis des Québécois

Selon une autre enquête d’opinion, réalisée par l’institut de sondage canadien «Forum Research» basé à Toronto, le Québec est la seule province au Canada où les idées du Parti québécois (PQ) en matière de laïcité recueillent un appui majoritaire. Au niveau fédéral, les partisans du Parti conservateur du Canada sont les seuls à vouloir majoritairement l’interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique, soit un électeur conservateur sur deux, à savoir 49 % contre 42 %. Le projet est rejeté tant par les néo-démocrates (51 % contre 39 %) que par les électeurs du Parti libéral du Canada (57 % contre 32 %).

Le sondage «Léger Marketing», réalisé par internet auprès de 1’000 répondants, reflète un profond fossé entre les francophones et les anglophones du Québec. Ainsi, 65% des francophones sont favorables à l’idée d’une Charte alors qu’un seul anglophone sur quatre (25%) voit d’un bon œil le projet du ministre des Institutions démocratiques Bernard Drainville.

La Première ministre Pauline Marois, du Parti québécois (PQ), estime que loin d’être un facteur de division entre Québécois de toutes origines, «la future Charte des valeurs fera consensus dans la population et deviendra un élément fort d’unité, comme c’est le cas pour la loi 101» sur la protection du français au Québec, «qui nous a réunis plutôt que nous a divisés».

Résultat d’un lent processus de déconfessionnalisation des institutions

Son gouvernement est ferme: le projet péquiste (du Parti québécois) consiste notamment à bannir le port de signes religieux ostentatoires chez tous les employés de la fonction publique et parapublique, comme par exemple le voile islamique, la kippa juive, le niqab, la burqa, le turban sikh ou la croix apparente. Selon la presse québécoise, Pauline Marois estime que la future charte n’est en fait que l’aboutissement d’un lent processus de déconfessionnalisation des institutions, dont les commissions scolaires, amorcé il y a un demi-siècle au Québec.

(*) Au Québec, les juristes utilisent le concept d’»accommodement raisonnable» pour désigner différentes mesures destinées à minimiser la discrimination dont pourrait être victime un individu issu d’une minorité à l’intérieur de la société canadienne. Ce concept s’applique à plusieurs motifs de discrimination, dont le sexe, la grossesse, l’âge, le handicap et la religion. (apic/rvm/com/be)

27 août 2013 | 17:38
par webmaster@kath.ch
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Québec (79)
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