Il s’était tu jusqu’à maintenant
Argentine: L’épiscopat argentin savait que la dictature argentine assassinait les «disparus»
Buenos Aires, 29 mai 2012 (Apic) L’épiscopat argentin savait bel et bien que la dictature argentine assassinait les «détenus-disparus», et cela depuis 1978. Selon le journal «Pagina 12» du dimanche 27 mai, qui reproduit un document interne de la Commission exécutive de la Conférence épiscopale argentine (CEA) du 10 avril 1978, la CEA a finalement reconnu les faits devant la justice argentine.
«Pagina 12» écrit, sous la plume d’Horacio Verbitsky, que c’est la première fois que la Conférence épiscopale argentine reconnaît publiquement l’authenticité du document publié le 6 mai 2012 sur les entretiens secrets de la Commission exécutive de la CEA avec le dictateur Jorge Rafael Videla. Ce document, dont le Vatican aurait également eu connaissance, a été remis à la justice à la demande de Martina Forns, la juge fédérale de San Martin, qui enquête sur les disparus durant la dictature militaire en Argentine (1976-1983).
Selon la note de l’épiscopat, lors du déjeuner chez le dictateur argentin, le cardinal Raul Primatesta, archevêque de Cordoba, le cardinal Juan Carlos Aramburu, archevêque de Buenos Aires, et Mgr Vicente Zaspe, archevêque de Santa Fe, ont appris que la vérité sur les «détenus-disparus» ne pouvait être rendue publique. Cet aveu aurait donné lieu à des demandes sur les responsables de ces assassinats et sur les lieux où se trouvaient les corps. Ces informations ont été rédigées dans une note après la rencontre et transmises en 1978 au Vatican.
Près de 30’000 personnes au total auraient «disparu» entre 1977 et 1983 pendant la dictature en Argentine. Parmi eux des prêtres, des religieux et religieuses – argentins et étrangers -, dont Mgr Enrique Angel Angelelli Carletti, évêque de la Rioja, assassiné par les militaires argentins en 1976. (apic/kna/be)