Faute des soins, un Pakistanais chrétien meurt dans une prison thaïlandaise
Un Pakistanais chrétien réfugié en Thaïlande est mort à la prison d’immigration de Bangkok, la capitale, le 27 mai 2017. Selon ses codétenus, l’homme a été laissé sans soins durant plusieurs heures alors qu’il s’est plaint à plusieurs reprises de douleurs à la poitrine.
Le 27 mai dernier, alors que les gardiens faisaient faire des exercices physiques matinaux aux prisonniers, Ijaz Masih s’est plaint de fortes douleurs dans la poitrine, rapporte Eglises d’Asie, l’agence d’information des Missions étrangères de Paris. Les gardiens estimant qu’il «jouait la comédie», l’ont forcé à poursuivre les exercices, sans succès, avant de le placer dans une cellule d’isolement «pour le punir«.
Durant plusieurs heures, selon les autres détenus, Ijaz Masih a réclamé des soins. Selon la British Pakistani Christian Association (BPCA), une organisation non gouvernementale britannique qui s’occupe des chrétiens pakistanais ayant fui leur pays, la direction de la prison n’a pas réagi, par crainte que les frais médicaux ne soient pas couverts.
Quand les gardiens ont sorti Ijaz Masih de cellule pour lui faire prendre une douche, il a été victime d’une attaque cardiaque. Son corps a été traîné par les gardiens dans une cellule commune. La direction de la prison n’a fait venir une ambulance que deux heures plus tard.
Arrêté en juin 2016, Ijaz Masih portait sur lui la carte de demandeur d’asile délivrée par l’UNHCR, ce qui en théorie devait lui permettre d’échapper à la détention. Il a malgré cela été incarcéré à la prison de l’immigration, où sa santé s’est dégradé. Le 22 octobre 2016, il s’est effondré suite à une attaque cérébrale. Les autorités pénitentiaires l’ont transféré dans un hôpital où il a été soigné pendant trois semaines.
La direction de la prison a demandé que soit pris en charge les frais d’hospitalisation, mais la famille d’Ijaz Masih désargentée et l’UNHCR refusant de payer, un pasteur protestant a payé la facture.
Réfugié en Thaïlande suite aux menaces de musulmans pakistanais radicaux
En 2015, Ijaz Masih et l’ensemble de sa famille étaient menacés de représailles par des extrémistes musulmans parce qu’ils ont hébergé deux frères qui avaient été accusés de blasphème. Ijaz Masih a rejoint la Thaïlande avec sa femme et ses enfants, ainsi qu’avec plusieurs frères et sœurs, tous ayant un visa de touriste de deux mois. Comme l’énorme majorité des Pakistanais chrétiens, ils ont déposé une demande d’asile auprès du bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) de Bangkok et sont restés en Thaïlande après l’expiration de leur visa de touristique.
Des réfugiés contraints à vivre dans l’illégalité
Environ 7’000 Pakistanais chrétiens vivent clandestinement en Thaïlande, regroupés dans des blocs d’immeubles de la banlieue de Bangkok. La durée d’examen de leur dossier de demandeur d’asile par l’UNHCR – entre trois et cinq ans – les place automatiquement dans l’illégalité, car ils ne peuvent pas renouveler leur visa initial de deux mois. Cette situation les empêche théoriquement de travailler et les met à la merci des rackets de la police, qui les arrêtent et ne les libèrent que contre paiement.
Les Pakistanais chrétiens constituent le groupe le plus important de détenus à la prison de l’immigration. Selon le BPCA, il s’agirait du troisième décès d’un Pakistanais chrétien dans cette prison depuis 2015. (cath.ch/eda/bh)