Caritas Suisse réclame 100 millions d'aide pour la Syrie
La Suisse doit porter son aide humanitaire à la Syrie 100 millions de francs par an. Telle est la revendication présentée par Caritas Suisse, le 20 avril 2017, à Berne. Un changement de la politique vis-à-vis des réfugiés syriens s’impose également dans le pays.
La guerre en Syrie dure depuis six ans. Des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie, onze millions sont en fuite, à l’intérieur de la Syrie ou réfugiés dans d’autres pays, rappelle Caritas Suisse. Bachar el-Assad est solidement accroché au pouvoir et toutes les tentatives de médiation de l’ONU ont échoué. Il est temps de réévaluer la situation. La Suisse apporte déjà une aide importante à l’échelle internationale, mais elle peut faire plus. De 40 millions de francs par an, elle devrait être portée à 100 millions, estime l’œuvre d’entraide catholique.
Ces budgets doivent être principalement affectés à des programmes de scolarisation et de formation pour enfants et adolescents. Pour Caritas, la Suisse peut ainsi contribuer à éviter qu’une nouvelle génération perdue ne grandisse au Proche-Orient. La formation sur place est une condition centrale pour stabiliser la situation sociale et politique dans les États concernés.
Renforcer l’intégration des réfugiés syriens en Suisse
Un changement de la politique des réfugiés s’impose également en Suisse, relève Caritas. En 2016 5’039 Syrien-ne-s ont été admis en Suisse en tant que réfugiés et 6’120 personnes ont obtenu une admission provisoire. Ces titulaires d’une admission provisoire n’ont toutefois guère accès au travail; ils perçoivent moins d’aide sociale que la norme, jouissent d’une mobilité restreinte et se voient privés pendant trois ans du droit au regroupement familial. Leur intégration est rendue plus difficile, voire impossible, dénonce l’œuvre d’entraide.
Compte tenu du fait qu’ils ont peu de chances de retourner à court terme dans leur pays, il est nécessaire de leur accorder le statut de réfugiés reconnus qui leur ouvre une perspective et une stabilité. Il est dans l’intérêt de la Suisse de faire en sorte que les réfugiés syriens trouvent rapidement leurs marques dans notre pays et puissent subvenir eux-mêmes à leurs besoins. Pour cela, Caritas demande le renforcement des mesures d’intégration qui constituent «des investissements à hauts rendements sociétaux, économiques et sociaux». La formation, en particulier l’apprentissage professionnel, représente un investissement déterminant dans le maintien des revenus et de l’autonomie.
968 réfugiés accueillis sur les 5’000 promis
Enfin, la Suisse doit soutenir davantage les programmes de réinstallation du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). En mars 2015, le Conseil fédéral a décidé d’accueillir en tout 5’000 personnes. Fin décembre 2016, elles n’étaient que 968 à être arrivées en Suisse dans le cadre du programme de réinstallation. En outre, 376 visas humanitaires ont été attribués et 368 personnes sont arrivées par le biais de programmes de répartition de l’Union européenne. Le Conseil fédéral doit prendre les mesures nécessaires pour que la promesse d’accueillir 5’000 personnes se concrétise le plus rapidement possible, insiste Caritas
34 millions de francs engagés par Caritas pour l’aide humanitaire
Caritas a engagé jusqu’ici plus de 34 millions de francs dans ses projets d’aide aux personnes déplacées par la guerre en Syrie. Ces moyens ont été employés avant tout en Syrie, en Jordanie et au Liban. Il s’agit d’une part d’une aide d’urgence et de survie. D’autre part, Caritas met l’accent sur des projets à plus long terme, de formation scolaire et de promotion des revenus. Le but est de réduire la dépendance des personnes aux prestations d’aide et de renforcer leurs capacités propres et leur autonomie. (cath.ch/com/mp)