Des paysans en Amazonie brésilienne | © J.C. Gerez
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Brésil: le gouvernement redoute l’opposition de l’Eglise en Amazonie

Le gouvernement observe avec préoccupation la mobilisation de la Conférence nationale des évêques du Brésil avant le Synode sur l’Amazonie qui se tiendra en octobre 2019 au Vatican, a affirmé le quotidien Estado de Sao Paulo le 10 février 2019.

Le journal rapporte notamment des déclarations d’Augusto Heleno, chef du Cabinet de sécurité institutionnelle (GSI) chargé de veiller à stabilité de l’Etat. Le gouvernement est préoccupé, affirme cet ancien général: «Nous voulons neutraliser cela».

En clair, les autorités brésiliennes veulent contenir les éventuelles critiques de l’Eglise au sujet de la gestion de l’Amazonie par le pouvoir en place. Celui-ci a même sollicité une participation au Synode.

Une demande qualifiée de «surprenante» par les autorités catholiques, qui ont rappelé que les gouvernements n’étaient pas conviés habituellement à ce genre de conférence. D’autant que le Synode sera présidé par le pape François, perçu comme un «communiste» par plusieurs membres du gouvernement de Jair Bolsonaro.

Fin de non-recevoir de l’Eglise

Le gouvernement a sollicité le cardinal Claudio Hummes, évêque émérite de Sao Paulo, très proche du pape François, pour transmettre sa requête au Vatican. Le prélat a décliné: «J’ai suggéré que le gouvernement sollicite l’ambassade du Brésil près le Saint-Siège, car il s’agit d’une question d’ordre diplomatique», rapporte le quotidien Estado de Sao Paulo.

Le journal affirme également que l’Agence brésilienne de renseignement cherche à contrôler les réunions préparatoires du Synode. Notamment dans les paroisses de Manaus (Etat d’Amazonas), de Belém et Marabá (Etat du Para) et de Boa Vista (Etat du Roraima), au cœur de l’Amazonie brésilienne. Une information démentie par le Cabinet de sécurité institutionnelle (GSI) dans un communiqué.

«Discours de gauche»

Toujours selon le journal, le gouvernement pourrait s’allier aux gouverneurs de ces Etats, aux maires et aux autorités religieuses proches des militaires pour tenter de diminuer la portée de ces réunions préparatoires. Un militaire de l’équipe du président a même affirmé au journal, sous couvert d’anonymat, que le Synode allait à l’encontre de la politique de Jair Bolsonaro en Amazonie; la rencontre, dit-il, va «faire empirer le discours idéologique de la gauche».

«Le travail du gouvernement pour neutraliser les impacts de ce Synode va simplement renforcer la souveraineté brésilienne et empêcher que des intérêts étrangers finissent par prévaloir en Amazonie», a déclaré Augusto Heleno.

«Nous connaissons mieux l’Amazonie que n’importe quel ministre!»

«Les évêques évoqueront la situation des peuples et de l’écosystème menacé. Mais ils n’attaqueront pas frontalement le gouvernement», a indiqué Mgr Erwin Kräutler, évêque émérite du Xingu, dans l’Etat du Para.

Celui-ci a cependant désapprouvé l’idée d’une participation du gouvernement brésilien au Synode. «Nous connaissons l’Amazonie beaucoup mieux que n’importe quel membre du gouvernement fédéral. Que pourraient-ils dire de la situation de la forêt que nous connaissons depuis tant d’années?», a conclu le prélat autrichien, arrivé en Amazonie brésilienne en 1965.

Aux côtés de la vie

Mgr Roque Paloshi, archevêque de Porto Velho et président du Conseil indigéniste missionnaire (CIMI), est plus incisif. Affirmant que le Synode évoquera les «droits niés des indigènes et des autres peuples de la forêt», il explique: «nous ne culpabilisons personne. Nous assumons simplement une responsabilité historique qui exige de la clarté de notre part». Et de s’interroger: «Où l’Eglise doit-elle se tenir? Aux côtés de ceux qui promeuvent la mort ou de ceux qui cherchent à préserver la vie ?». (cath.ch/jcg/cmc)


Le Synode sur l’Amazonie

En octobre 2019, 250 cardinaux et évêques se réuniront au Vatican pour évoquer la situation de la forêt amazonienne. Le Synode est baptisé «Amazonie: de nouveaux chemins pour l»«²Eglise et pour une écologie intégrale».

L’évènement aura comme lignes directrices: «Entendre» la clameur des peuples amazoniens; «Discerner» la manière de vivre l’Evangile dans la forêt; «Agir» pour la défense d’une Eglise au visage amazonien.

Parmi les thèmes évoqués figureront la survie des populations indigènes, les politiques de développement de la région, les changements climatiques et les conflits agraires. JCG

 

 

Des paysans en Amazonie brésilienne | © J.C. Gerez
13 février 2019 | 11:03
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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