Abus sexuels: la Commission Sauvé a reçu 2'000 messages

Trois mois après son appel à témoignages, la Commission indépendante sur les abus dans l’Église en France (Ciase) a reçu près de 2 000 messages. Son président Jean-Marc Sauvé a estimé le 19 septembre 2019, que «beaucoup n’ont pas encore osé parler»

Créée en novembre 2018 pour faire la lumière sur les abus commis par des clercs et des religieux dans l’Église de France depuis les années 1950, la Commission Sauvé a déjà reçu près de 2’000 appels, mails et courriers, selon le premier bilan dressé jeudi 19 septembre par son président Jean-Marc Sauvé. «650 personnes ont accepté de répondre à un questionnaire détaillé de manière très complète», précisé Jean-Marc Sauvé à l’AFP «L’ensemble de ces témoignages révèle beaucoup de souffrances et une grande détresse». Parmi ces 2 000 témoignages, une quinzaine de signalements vont être faits à la justice, pour des faits non encore jugés et pas prescrits.

Seize victimes ou témoins d’abus ont déjà été entendus par la Commission. «Beaucoup de victimes n’ont pas forcément rompu avec l’Église catholique, ajoute-t-il, mais il y a un sentiment de trahison de l’enseignement de l’Église et de l’Évangile.» La très grande majorité des témoignages viennent de personnes de plus de 50 ans, deux tiers sont des hommes.

«Beaucoup n’ont pas encore osé parler»

En dépit du nombre de ces appels, Jean-Marc Sauvé se dit convaincu que «beaucoup de victimes en détresse n’ont pas encore osé parler». Le président va entreprendre «un tour de France», afin de faire connaître auprès du public, des paroisses, ou encore des médias la démarche et le travail de sa Commission, Des témoignages oraux et des extraits de témoignages écrits seront prochainement rendus publics sur le site de la Ciase pour «faire comprendre la douloureuse réalité des abus».

L’appel à témoignages durera jusqu’à juin 2020. Composée de 22 membres, la commission rendra ses conclusions fin 2020. Elle dispose d’un budget de fonctionnement de 3 à 3,5 millions d’euros, deux tiers étant à la charge des diocèses et un tiers des congrégations religieuses.

Par ailleurs, un travail de recensement des archives ecclésiastiques a été lancé. À ce stade, la commission a reçu les réponses de «20 diocèses, 26 congrégations féminines et 24 congrégations masculines». Des initiatives pour explorer les archives centrales de l’Église (l’Entraide sacerdotale), les archives civiles, départementales, et de la presse ont aussi été lancées. (cath.ch/afp/cx/mp)