France: Les musulmans pratiquent plus qu’il y a vingt ans, selon un sondage Ifop
70 % des musulmans de France respectent le Ramadan
Paris, 1er août 2011 (Apic) La pratique du Ramadan a augmenté chez les musulmans de France ces vingt dernières années. Cette participation en hausse marque le dynamisme de la pratique religieuse de cette communauté, relève le quotidien catholique français «La Croix» dans son édition du lundi 1er août.
Le Ramadan marque le moment où la communauté musulmane se rassemble et se compte. Cette année, selon une enquête sur les musulmans de France menée par l’institut de sondages Ifop pour «La Croix», près des trois quarts (71 %) des personnes se déclarant de religion musulmane vont jeûner durant tout le mois.
«Le Ramadan est une pratique autant culturelle que religieuse, respectée par l’ensemble de la communauté, même par ceux qui ne croient pas ou ne pratiquent plus», constate Franck Frégosi, spécialiste de l’islam et auteur de l’ouvrage «L’Islam dans la laïcité» (Editions Pluriel, 2011), qui fait la comparaison avec ce que représente la fête de Yom Kippour pour les juifs.
L’enquête indique que le jeûne est suivi presque de la même manière que l’on soit homme (73 %) ou femme (68 %), jeune ou âgé: les deux catégories les plus assidues sont même les 18-24 ans et les plus de 55 ans, toutes deux avec une participation de 73 %.
La pratique du Ramadan a fortement augmenté depuis 1989
Second enseignement, le suivi du Ramadan a fortement augmenté, 10 points de plus qu’en 1989, date de la première enquête réalisée en France sur le sujet. «C’est le signe, plus général, d’un accroissement de la pratique religieuse au sein de la population musulmane française», note le quotidien français.
En effet, selon cette enquête Ifop, et pour la première fois, la proportion de musulmans qui se considèrent croyants et pratiquants est plus importante que ceux qui se disent uniquement croyants, 41 % contre 34 %. Certes, tout dépend de ce que chacun met derrière ce terme de «pratique», et la mesure est forcément subjective, admet «La Croix». Reste qu’elle est beaucoup plus forte que pour la population catholique, pratiquante à 16 %. Il est vrai que, traditionnellement, la pratique religieuse est plus accentuée dans les communautés minoritaires, où le besoin d’affirmation identitaire se fait plus sentir.
Vers la fin de «l’islam des caves»
Tout aussi significative est la croissance de la fréquentation de la mosquée le vendredi, qui passe de 16 % en 1989 à 25 % en 2011. Les musulmans de France se rendent en effet plus volontiers aujourd’hui dans un lieu de prière. L’augmentation est surtout sensible depuis 1994. «C’est aussi que ›l’offre’ de mosquées existe aujourd’hui, permettant aux musulmans d’aller prier», analyse Franck Frégosi.
On compte environ 2’000 mosquées et lieux de culte en France, qui assurent un maillage à peu près complet dans les zones où habitent les musulmans, à savoir les centres industriels et urbains à l’est d’une ligne Le Havre-Perpignan. Selon Franck Frégosi, «on est en train d’en finir avec l’islam des caves». Ainsi, à Strasbourg, l’inauguration pour ce Ramadan de la Grande Mosquée devrait sensiblement influer sur la pratique.
Le sondage montre une augmentation de la fréquentation plus importante chez les plus jeunes. En revanche, la mosquée reste l’apanage des hommes: 84 % des femmes disent ne pas aller à la mosquée le vendredi.
Une pratique religieuse désormais bien installée
Au-delà des polémiques récentes sur la laïcité, les 3,5 millions de musulmans qui vivent en France affichent donc désormais une pratique religieuse bien installée, et bien vivante. C’est aussi une communauté ancrée dans le tissu social, et jeune: 62 % ont moins de 35 ans, contre 29 % pour l’ensemble de la population.
La diversité socioprofessionnelle est à l’image de son intégration: certes, la population ouvrière reste surreprésentée, 33 % contre 20 % en moyenne dans la population générale, mais les musulmans sont aussi bien présents dans la catégorie des artisans, commerçants et chefs d’entreprise (7,2 %). En revanche, la proportion des inactifs est le reflet d’un taux de chômage plus important que pour le reste de la population.
Le débat sur l’identité nationale a fait perdre des points à Sarkozy
L’orientation politique de population musulmane porte la marque des débats récents sur la laïcité, l’identité française ou le port de la burqa, le voile islamique intégral. L’Ifop a mis en regard la cote de popularité du président de la République avec la religion. En un mois, octobre 2009, date de lancement du débat sur l’identité nationale par le chef de l’Etat, la cote de popularité de ce dernier auprès des musulmans est passée de 27 % à 17 %.
«Cette population est traditionnellement plus à gauche que la moyenne, mais le débat récent autour de l’identité française a accentué la tendance, les musulmans ayant eu le sentiment, à tort ou à raison, qu’ils étaient visés à travers ce débat», souligne ainsi dans «La Croix» Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’Ifop. (apic/cx/be)