Un apport positif, mais…
Suisse: Les protestants «évangéliques» aussi présents dans les Eglises réformées officielles
Lausanne, 4 mars 2013 (Apic) 15% des membres réguliers de l’Eglise réformée seraient de tendance évangélique, rapporte le récent ouvrage «Le phénomène évangélique»(*). La jeune doctorante en sociologie Caroline Gachet examine, dans son livre, l’apport tantôt fructueux, tantôt conflictuel de cette sensibilité religieuse au sein des Eglises protestantes «établies», en Suisse.
«Les évangéliques se font une image assez négative de l’Eglise réformée», explique le mensuel de l’Eglise réformée vaudoise «Bonne Nouvelle» du 1er mars 2013, en se basant sur l’étude de Caroline Gachet. Les évangéliques verraient l’Eglise réformée comme «traditionnelle, figée et intellectuelle, alors qu’eux-mêmes représenteraient la modernité, la vie, le dynamisme». Pourquoi alors, la rejoignent-ils? «Ce peut être pour la revivifier», répond Caroline Gachet, qui note aussi parfois l’absence d’une communauté évangélique à proximité.
Conservatisme contre libéralisme
La chercheuse identifie un certain nombre d’aspects positifs de cette apparition de tendances évangéliques dans l’Eglise réformée. «La plupart du temps, les paroisses trouvent un bon compromis», indique-t-elle. «La cohabitation des deux tendances issues de la même famille religieuse est enrichissante. C’est une présence plutôt positive pour les Eglises réformées», note la doctorante.
Il existe malgré cela des «points de discorde». Ceux-ci ne porteraient pas tant sur la théologie que sur des questions de société, comme le rejet de l’homosexualité et de l’avortement. «Ils se battent pour des valeurs plus conservatrices et cela pose problème dans des Eglises réformées plus libérales et plus ouvertes», indique Caroline Gachet.
Accords et désaccords
De fait, la Bible occupe, chez les évangéliques, une position centrale, «et ils en font une lecture plutôt littérale», confie-t-elle. La relation avec les autres religions, en particulier, est problématique. Car les évangéliques considèrent le christianisme comme la seule religion qui permette d’atteindre le salut. «Une personne évangélique va trouver à redire si la paroisse veut prêter ses locaux pour un cours de yoga», observe Caroline Gachet.
Malgré les désaccords avec l’Eglise réformée, des personnes de sensibilité évangélique «y apprécient souvent la qualité et la profondeur des prêches. Tout comme l’ouverture d’esprit qu’elles ne trouvent pas toujours dans une Eglise évangélique à la ligne de conduite plus normative», indique la chercheuse.
(*)»Le phénomène évangélique. Analyses d’un milieu compétitif», par Caroline Gachet, Editions Labor & Fides.
(apic/bonnenouv/rz)