Suisse: les prestations des assurances sociales ne suffisent plus
La Suisse dispose d’un système de sécurité sociale complet. Et pourtant, celui-ci ne couvre pas toutes les personnes qui en auraient besoin, déplore Caritas-Suisse. Certaines réalités de vie et formes de travail sont mal ou pas du tout assurées.
Le système de sécurité sociale suisse présente différentes lacunes et défauts, relève l’oeuvre d’entraide catholique dans un communiqué du 26 juillet 2023. Ainsi par exemple, les personnes qui perdent leur emploi ne reçoivent de l’assurance chômage que 70 à 80 % de leur salaire antérieur. Lorsqu’on travaille dans des secteurs à bas salaires ou à temps partiel, cela ne suffit pas pour vivre, et le risque de pauvreté augmente. Les personnes concernées doivent faire appel à l’aide sociale, mais celle-ci est fixée à un niveau beaucoup trop bas ne permettant de couvrir les besoins vitaux que pendant une courte période. En outre beaucoup se sentent honteux d’avoir recours à l’aide sociale.
Pour Caritas Suisse, ce genre de situation démontre que le système actuel n’assure pas suffisamment certaines réalités de vie et formes de travail. En effet la plupart des assurances sociales ont été conçues au milieu du 20e siècle. Elles ne correspondent donc plus à l’évolution de la société.
Prestations complémentaires pour toutes et tous
Caritas Suisse prône un changement fondamental de système, basé sur quatre principes. Le premier concerne les prestations complémentaires pour toutes et tous. Les prestations complémentaires (PC) existent déjà et complètent l’AVS et l’AI. Quatre cantons ont en outre mis en place des PC pour les familles. Pour Caritas-Suisse, il faudrait que toutes les personnes dont les revenus ne suffisent pas à subvenir à leurs besoins puissent toucher des prestations complémentaires, quelle que soit la raison de l’insuffisance du revenu: salaire trop bas, ou travail temps partiel pour prendre charge des enfants ou des proches ou maladie.
Une seule institution
Le deuxième constat de Caritas est que le système des assurances sociales est compliqué et souvent opaque. Les personnes touchées ont souvent des problèmes multiples, et sont donc ballottées d’une assurance à l’autre. Pour l’oeuvre d’entraide, il ne devrait y avoir qu’une seule institution responsable à la fois des prestations financières, du conseil et de l’accompagnement.
Dissocier la couverture du minimum vital du droit migratoire
Le système de sécurité sociale suisse désavantage sous plusieurs aspects les personnes qui n’ont pas le passeport suisse, relève en outre Caritas. Par exemple, les personnes originaires de pays dits tiers doivent vivre en Suisse depuis au moins dix ans sans interruption pour avoir droit à des PC à l’AI ou à l’AVS. Ou encore, les contributions de l’aide sociale en matière d’asile sont nettement inférieures à celles de l’aide sociale ordinaire. De plus, les personnes sans passeport suisse courent le risque de perdre leur droit de séjour en faisant appel à l’aide sociale.
Pour Caritas-Suisse, il est clair que les dispositions du droit des étrangers ne doivent empiéter d’aucune manière sur la sécurité sociale, et notamment sur la garantie du minimum vital.
Primes maladie trop chères
Le quatrième point d’attention de Caritas Suisse concerne les primes d’assurance-maladie. Les ménages à bas et moyens revenus paient beaucoup trop cher leurs primes d’assurance maladie tout en ne pouvant souvent pas se payer certains traitements médicaux.
Pour l’oeuvre d’entraide ces quatre éléments sont nécessaires pour que plus personne ne passe à travers le système de sécurité sociale et que chaque personne vivant en Suisse puisse prendre sa place dans la société. (cath.ch/com/mp)