L’exposition d’art "Hôtel Annelie" en 2015 à Bienne
Suisse

L'expo «Hôtel Annelie» à Bienne veut toucher les cœurs

Bienne, 27 février 2015 (Apic) Du 7 au 24 mars 2015, le thème de la pauvreté dans notre société sera abordé à Bienne lors de célébrations, d’ateliers de travail, de conférences et d’un apéro-débat. Trois semaines durant, l’église et le centre paroissial St-Nicolas de Bienne se placeront sous le signe de l’exposition d’art «Hôtel Annelie».

Avec ses icônes lumineuses, l’artiste veut faire vibrer quelque chose en nous explique la responsable du projet, Maria Regli.

 

N.B: L’Eglise catholique, dans l’espace pastoral de Bienne-Pieterlen, attire l’attention sur la situation de vie marginale de personnes confrontées à la pauvreté. Pourquoi faire cela par le biais d’une exposition d’art?

 

Maria Regli: Maîtriser des situations de vie difficiles est déjà une œuvre d’art. Car vivre à contre-courant dans notre société, c’est peut-être déjà concevoir la vie avec une certaine créativité. Et c’est parce que les sentiers marginalisés ne sont pas très fréquentés et que les préjugés à l’égard des personnes différentes sont, hélas, monnaie courante qu’on peut facilement échouer. Mais que signifie ici échouer? De quelque manière que ce soit, face à tant d’injustice, l’Eglise catholique de Bienne entend se mettre à l’écoute de la détresse des pauvres et des exclus et faire ce qui est en son pouvoir.

 

N.B: Parvient-on mieux à exprimer l’exclusion par des œuvres d’art plutôt que par des mots?

 

M.R: Les tableaux éveillent, réveillent. Spécialement les tableaux de Tito Lee. Ils posent des questions, ouvrent des espaces, font appel à l’émotion. Et ce que l’on ressent émeut. Ce qui manque aujourd’hui, ce sont des cœurs émus! C’est de cette façon seulement que nous cheminons les uns vers les autres et que nous pouvons apprendre les uns des autres.

 

N.B: Dans son exposition «Hôtel Annelie», l’artiste Tito Lee met en relation les destins de personnes marginales avec l’art religieux traditionnel. N’est-ce pas un peu… étrange comme approche?

 

M.R: Vous parlez sans doute des icônes lumineuses qui seront exposées pendant trois semaines dans l’église St-Nicolas. Le mot icône vient du mot grec eikon, «image/illustration» au contraire d’illusion/vision. A mon avis, l’artiste veut attirer l’attention sur la réalité sociale telle qu’elle est – à l’image grotesque de la pauvreté – et rappeler en même temps que chaque être humain est un reflet de Dieu. Les personnes marginalisées rayonnent, elles aussi, mais la plupart du temps nous ne le remarquons pas car nous les ignorons. Nous n’écoutons pas non plus car, en d’autres mots, nous sommes sourds et aveugles en ce qui les concerne! Oui, ce genre d’art religieux peut surprendre mais doit interpeller. Peu importe quelle conception nous avons de l’art religieux: les conceptions se placent toujours devant la réalité. Elles peuvent nous empêcher de voir ce qui est vraiment important. La réalité, cependant, c’est ce qui fait de l’effet et non ce qui se passe dans nos têtes. C’est dans cet esprit-là que l’artiste, avec ses icônes lumineuses, veut faire bouger quelque chose en nous.

 

N.B: Pourtant, les icônes sont plutôt liées à la représentation des Saints?

 

M.R: Qui et quoi est «Saint»? Tous les humains ne sont-ils pas des êtres spirituels et saints – avec des penchants humains bien entendu. Nos saints classiques sont devenus nos étoiles, nos icônes. Tito Lee transpose maintenant des marginaux en vedettes religieuses sur ses icônes lumineuses. En méditant les icônes de façon classique, comme dans l’Eglise orthodoxe, on se laisse toucher en profondeur, dans l’âme. Il en va de même avec les icônes exposées. Je suis donc impatiente de voir quel impact leur contemplation aura sur moi, sur nous.

 

N.B: L’exposition a lieu dans l’église St-Nicolas. Pourquoi pas dans la salle paroissiale?

 

M.R: L’espace et la quiétude d’une église offrent un meilleur écrin à l’art qu’une salle paroissiale. Dans la salle, nous présenterons le film, nous vivrons des échanges et nous mangerons ensemble. Mais l’église est le lieu de la rencontre personnelle avec les objets d’art. Que me dit ce tableau? Que déclenche-t-il en moi ou comment me regarde-t-il?

 

N.B: Pour le pape François, l’engagement pour la justice et la charité sont des valeurs chrétiennes centrales. Est-ce également pour cela que vous avez invité à un débat l’évêque du diocèse de Bâle, Mgr Felix Gmür?

 

M.R: Le pape donne un nouveau souffle à la théologie de la libération «Option pour les pauvres». Et Mgr Felix est un homme ouvert et communicatif. L’entretien avec lui et les autres invités sera certainement très intéressant. Sa participation signale aussi sa volonté de discuter de sujets controversés. Avec Dorothee Guggisberg, nous aurons en outre, pour cette Table ronde, une experte en politique sociale suisse, ainsi que l’artiste Rolf Gilomen qui – pour en avoir fait lui-même l’expérience – connaît bien la situation des marginaux à Bienne.

 

N.B: L’Eglise a-t-elle envers les nécessiteux d’autres tâches que les institutions existantes de l’Etat?

 

M.R: L’Eglise possède une mission subsidiaire de l’Etat. Elle fonctionne en tant que complément aux offres de l’Etat. L’Etat est responsable de l’assurance de base. Il y a cependant toujours des situations de vie où quelqu’un passe à travers les mailles et ne reçoit plus aucune aide de personne. L’Eglise a alors le devoir de recueillir ces gens, de les accompagner et de les reconduire si possible au sein d’un cadre structurel normal.

 

N.B: Les marginaux sont-ils également concernés par ce projet?

 

M.R: Nous travaillons en collaboration avec l’association «Gassenarbeit» (Travail de rue des Eglises); nous avons engagé la cuisine de rue et nous prendrons directement contact avec des personnes dans le besoin pour l’un ou l’autre engagement. Nous nous sommes sciemment impliqués pour faire en sorte – lors de nos différentes manifestations – que des rencontres avec des personnes marginalisées deviennent possibles.

 

N.B: Avez-vous la possibilité de vous présenter quelque part?

 

M.R: Lors d’une action d’affiches sur la place de la Gare, à la place Centrale et à la place Guisan, dès le 9 mars et pendant toute la durée de l’exposition, des portraits de vraies personnes vivant à Bienne seront présentés. Et le samedi 14 mars, un jeu public de pétanque sera organisé sur la place Robert-Walser. Et last but not least, nous espérons encore trouver d’autres gens qui participeront bénévolement à notre projet par une contribution culturelle, par exemple lors de la projection d’un film ou lors de la soirée finale.

 

N.B: L’exposition sera accompagnée d’autres manifestions sur le thème de la pauvreté…

 

M.R: Oui. Parmi ces manifestations, certaines auraient aussi eu lieu, même sans ce projet. C’est notamment le cas de la Prière de Taizé ou de la méditation durant la pause de midi «mittendrin-chercher le centre». Autant de manières d’aborder et d’approfondir ce thème. Et puis, il y a le jeu de pétanque sur la place Robert-Walser, derrière la gare. Tout le monde peut y participer! J’espère beaucoup que de nouvelles équipes se formeront là et se complèteront par leur diversité. On apprendra tous quelque chose les uns des autres!

 

Encadré:

 


 

Hôtel Annelie

Un débat interdisciplinaire sur le thème de la pauvreté.

7.3.-24.3. Eglise St-Nicolas, rue Alfred-Aebi 86, Bienne

 

Vernissage

Samedi, 7.3.2015

17h00    Projection du film «Annelie»

19h30    Ouverture avec débat public suivi d’un apéritif

Invités: L’artiste Tito Lee, Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle; Dorothee Guggisberg, directrice de la Conférence suisse des institutions d’action sociale CSIAS et présidente de Caritas Berne; Rolf Gilomen, artiste touché par la pauvreté;

Présentation: Simon Spengler, journaliste et théologien.

 

Projection du film «Annelie»

Heure: chaque fois à 17h30. Dimanche, 8.3., jeudi 12.3., samedi 14.3., dimanche 15.3., mardi 17.3., jeudi 19.3., vendredi 20.3., samedi 21.3., dimanche 22.3.2015

 

Taizé, prière du soir

Vendredi, 13.3.2015, 19h30-20h00

 

Présentation du film avec collation

Samedi, 14.3.2015

17h30 projection du film

20h00 discussion avec Tito Lee, artiste, et des invités;

Présentation: Raphael Amstutz, journaliste Bieler Tagblatt.

 

Célébration et apéritif

Dimanche, 22.3.2015

Heure: 9h45 messe, 11h00 apéritif;

Invité: Tito Lee, artiste

Présentation: Maria Regli, théologienne et responsable du Service de la formation.

 

Clôture

Mardi, 24.03.2015 ; 18h30 repas bénéfice pour tous, recettes en faveur de la «Gassenküche»;

Ensuite dernière projection du film.

 

Autres manifestations:

 

Méditation de midi

«Mittendrin – chercher le centre» jeudi, 12.3.2015;

Lieu et heure: 12h30-13h00, salle Farel, Quai du Haut 12, Bienne

 

Conférence

Mardi, 17.3.2015; «Une réponse aux besoins actuels – Adolph Kolping» avec Jean-Marc Chanton, curé, suivie d’une discussion;

Lieu et heure: 19h30-21h00 à la Paroisse Ste-Marie, Faubourg du Jura 47, Bienne.

 

Action – «Rencontrer l’autre»

Jeu de pétanque pour tous samedi, 14.3.2015; Organisation: Personnes en contact avec «Gassenarbeit» soutenu par l’Eglise;

Lieu et heure: dès 11h00 (inscription pour les participants au tournoi de 10h00-11h00). Place Robert-Walser.

 

Portaits

(Affiches) dans l’espace public, lundi 9 jusqu’au dimanche 22.3.2015

Lieux: Place de la Gare, place Guisan, place Centrale

(apic/nb/ce/bb)

L’exposition d’art «Hôtel Annelie» en 2015 à Bienne
27 février 2015 | 10:01
par Bernard Bovigny
Temps de lecture : env. 6  min.
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