Lausanne: Lancement de la campagne de carême 2012
La statue du Christ du Corcovado projetée dans les montagnes grisonnes
Lausanne, 23 février 2012 (Apic) Les œuvres d’entraide catholique «Action de Carême» (AdC), protestante «Pain pour le prochain» (PPP) et catholique-chrétienne «Etre partenaires» (EP) ont lancé jeudi 23 février leur campagne de carême sur le thème «Plus d’égalité, moins de faim». Elles rappellent que 70% des personnes qui souffrent de la faim sont des femmes.
Le premier moment fort de la campagne œcuménique a lieu jeudi soir 23 février dans le petit village de montagne de Sertig, près de Davos, dans les Grisons: l’artiste zurichois Gerry Hofstetter, directeur artistique du Festival Luminis, projette en grandeur nature la statue du Christ du Corcovado, transportant ainsi la métropole de Rio de Janeiro dans le décor enneigé des Alpes suisses. Depuis l’an 2000, Gerry Hofstetter transforme des bâtiments, monuments et sites naturels en objets d’art temporaires, dans le monde entier.
Des Alpes à Rio: cette image illustre l’interdépendance caractéristique du monde actuel, à l’instar du lien étroit qui unit droits des femmes et droit à l’alimentation, relève Action de Carême (AdC).
Action «A Voice in Rio»
La campagne de cette année dénonce les graves conséquences de l’inégalité entre hommes et femmes et présente des solutions. A travers six portraits de femmes, l’action «A Voice in Rio» invite la population suisse à désigner l’une d’entre elles comme porte-parole des millions de femmes qui œuvrent dans l’ombre pour lutter durablement contre la faim.
Le public est invité à choisir le projet qui sera présenté à l’occasion de la Conférence de l’ONU sur le développement durable Rio +20, qui se tiendra du 20 au 22 juin à Rio. Les participants pourront aussi donner leur voix au projet qui leur tient à cœur par le biais des médias sociaux.
A travers cette action, les organisations rappellent que les tâches domestiques et liées aux soins, effectuées encore majoritairement par les femmes dans l’ombre, sont indispensables au bon fonctionnement de tout système social. Cf. www.droitalimentation.ch/fr.
Sur 10 personnes qui souffrent de la faim, 7 sont des femmes
Dans leur campagne, les œuvres d’entraide soulignent que le paradoxe veut que les femmes, principales cultivatrices et transformatrices d’aliments dans de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, représentent 70 % des personnes touchées par la faim et la pauvreté dans le monde.
En 1974, relève Romana Büchel, responsable des «questions de genre» à AdC, l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) s’était donné pour objectif que dix ans plus tard, aucun homme, aucune femme et aucun enfant ne se coucherait le ventre vide.
«Plus d’égalité, moins de faim»
«Près de 40 ans se sont écoulés et le bilan est décevant: les femmes, qui constituent la moitié de la population mondiale, possèdent moins d’1% de la fortune, 10 % seulement du revenu et moins de 10 % des terres cultivées. Ce déséquilibre induit que sur 10 personnes qui souffrent de la faim, 7 sont des femmes!».
Les femmes sont toujours plus nombreuses à s’élever contre ces injustices. AdC, PPP et EP soutiennent les projets qu’elles mettent en œuvre pour lutter contre la pauvreté et la faim. Pour Martina Schmidt, secrétaire romande de PPP, «grâce aux groupes d’épargne et à l’éducation, les femmes contribuent substantiellement à l’amélioration des conditions de vie de leurs familles». A travers six portraits de femmes engagées dans des projets au Bénin, au Brésil, au Cameroun, en Colombie, aux Philippines et au Sénégal, l’action «A Voice in Rio» veut rendre visible ces initiatives sur la scène internationale.
Parmi les autres moments forts de la campagne, outre l’action «Pain du partage» et la «Journée des roses», qui aura lieu cette année le 17 mars, la campagne prendra possession des rues de Lausanne le 10 mars. Des animations, stands d’information et projection des films «A Voice in Rio» sont au programme. Le 11 mars, une célébration œcuménique aura lieu à Saint-Laurent-Eglise avec une prédication de la pasteure et théologienne Martina Schmidt, sur le thème «Dieu au féminin».
Encadré
Dans de nombreux pays, les femmes n’ont pas le droit de posséder des terres, rappellent les œuvres d’entraide chrétiennes. Elles ont en outre moins accès que les hommes à l’eau, aux semences et à la formation agricole. Au Burkina Faso, par exemple, les aînés attribuent aux femmes des terres non fertiles, comme l’explique Haoua Ouédraogo, animatrice communautaire et mère à Tikaré. «Lorsque nous avons travaillé le sol, construit des diguettes contre l’érosion, rendu la terre plus fertile et reboisé le terrain, les aînés nous les reprennent pour le donner à un homme du clan».
Selon une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), si les femmes avaient le même accès que les hommes aux moyens de production, le nombre de victimes de la faim diminuerait de 150 millions. «Défendre les droits des femmes revient à défendre le droit à l’alimentation», assure Antonio Hautle, directeur d’Action de Carême. «Cette campagne montre clairement que nous devons continuer à nous mobiliser inlassablement». (apic/com/be)