Isabelle Moret, conseillère nationale PLR (Photo:Keystone)
Suisse

Isabelle Moret (PLR/VD): «Des lois claires doivent protéger les plus faibles»

Lausanne, 10.10.2015 (cath.ch-apic) «Des lois claires et sans équivoque doivent protéger les parties les plus faibles de la société», souligne Isabelle Moret. La conseillère nationale du Parti libéral-radical (PLR) vaudois estime qu’il faut conserver les acquis du système actuel qui permettent de soutenir les familles.

Cath.ch: Certains proposent de mettre sur un même pied d’égalité les différentes formes de communautés de vie, indépendamment de leur statut, même si l’institution du mariage est conservée.

Isabelle Moret: Je suis pour la conservation du système actuel : deux personnes doivent choisir librement si elles désirent ou non s’engager l’une envers l’autre par le mariage (ou par le partenariat enregistré pour les personnes du même sexe). Mais je ne souhaite pas la création de statuts intermédiaires.

Cath.ch: Le mariage doit-il être ouvert aux personnes du même sexe?

I.M.: Je ne suis pas favorable à cette ouverture. Le mariage possède une forte connotation émotionnelle, en tant qu’union entre un homme et une femme, dont il faut tenir compte. C’est aussi une question de vocabulaire. Il faut un autre mot pour désigner l’union homosexuelle. Le terme «partenariat enregistré» me paraît tout à fait correct.

En revanche, je ne trouve pas normal qu’il y ait une discrimination envers les couples de même sexe.

Je pense en particulier aux mentions sur les curriculum vitae, où l’on devrait pouvoir écrire, «avec famille» ou «sans famille», plutôt que «marié» ou «célibataire» ou «en partenariat». Même chose pour de nombreux questionnaires officiels, dans lesquels les unions entre personnes de même sexe ne trouvent pas leur place. Cela ne respecte selon moi pas la vie privée des gens.

Cath.ch: En cas de dissolution d’une communauté de vie, faut-il conserver pour le règlement des questions financières le système des trois piliers que sont la communauté des acquêts, le partage de la prévoyance professionnelle et la contribution d’entretien?

I.M.: Je trouve que le système actuel est bon. Il couvre les éléments nécessaires lors d’une dissolution, il permet de protéger les enfants et les épouses, souvent la partie la plus exposée financièrement.

Cath.ch: Pour une certaine souplesse, décideriez-vous de laisser un juge trancher au cas par cas?

I.M.: Trop de souplesse dans ce domaine serait problématique et pourrait créer une inégalité de traitement. Des lois claires et sans équivoque doivent protéger les parties les plus faibles de la société. Le juge doit avoir une liberté d’appréciation mais dans un cadre fixé par la loi.

Cath.ch: Faut-il mettre sur un pied d’égalité les couples mariés, non mariés, hétérosexuels et homosexuels concernant l’adoption?

I.M.: En tant qu’élément particulièrement fragile de la société, l’enfant doit pouvoir bénéficier d’un degré de protection important. Les couples qui adoptent doivent prendre un engagement supplémentaire. A mon sens, l’adoption devrait être réservée aux couples déjà engagés par le mariage ou le partenariat enregistré, ou aux personnes seules.

Cath.ch: La pauvreté touche surtout les familles, en particulier les familles monoparentales. Etes-vous favorable à l’introduction de prestations complémentaires pour les familles pour remplacer l’aide sociale?

I.M.: Non, ce serait juste donner un nom différent à la même chose. Cela ne changerait rien pour les familles. L’aide sociale est un système juste. L’aide sociale est un droit lorsque les conditions sont remplies. Il  ne faut pas juger négativement les familles qui en bénéficient. Elle permet en outre de cibler les personnes qui en ont vraiment besoin.

Cath.ch: Quelles solutions privilégiez-vous pour soutenir les familles de la classe moyenne: déductions fiscales, augmentation des allocations familiales, réduction des primes d’assurance-maladie, bourses de formation…?

I.M.: Je privilégie les déductions fiscales pour frais de garde d’enfants, que je souhaiterais voir augmentées à 24’000 francs par année et par enfant. Je suis également pour la réduction des primes d’assurance maladie pour les jeunes, actuellement beaucoup trop élevées. Je m’engage aussi pour la création de prêts à 0% pour la formation, ceci en complément aux bourses.

Cath.ch: Etes-vous favorable à l’introduction au plan fédéral d’un congé-paternité pour les pères?

I.M.: Je suis favorable à un congé paternité, mais pas financé par les cotisations salariales. Il ne faut pas risquer des pertes d’emplois, surtout en période de franc fort. Actuellement, les moyens n’existent pas, au niveau de la Confédération, pour financer un tel système. J’ai peur qu’au final un tel congé ne soit introduit au détriment des congés des mères.

Cath.ch: Etes-vous favorable à la mise en place de structures spéciales pour accueillir les enfants étrangers ?

I.M.: Les enfants étrangers doivent être mélangés aux enfants suisses. Et ceci dès la crèche. Cela permet aux enfants allophones d’apprendre assez vite la langue et de détecter assez tôt d’éventuelles difficultés. Bien sûr, il faut être attentif à ce que ce mélange ne provoque pas le retard des autres élèves. Pour cela, il faut veiller à ce que les enfants étrangers puissent bénéficier de cours particuliers de rattrapage.


Encadré

Isabelle Moret est née le 30 décembre 1970 à Lausanne. Fille de cheminot, elle a grandi et étudié dans le chef-lieu vaudois, où elle a obtenu une licence en droit et un postgrade en droit européen. Elle est conseillère nationale depuis 2006 et vice-présidente du PLR depuis 2008. (apic/rz)

Isabelle Moret, conseillère nationale PLR
10 octobre 2015 | 07:35
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 4  min.
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