Berne: Journée d’information sur l’aumônerie militaire
A quand une femme aumônière catholique?
Berne, 30 août 2013 (Apic) Une vingtaine de candidats ou personnes intéressées de tous âges et de toutes conditions, et même d’origines étrangères, ont participé le 30 août à la caserne de Berne à une journée d’information sur l’aumônerie militaire. L’Eglise et l’armée cherchent des hommes et des femmes – prêtres, pasteurs, diacres ou laïcs – pour assurer l’accompagnement spirituel des militaires dans les trois langues. C’est pourquoi elles mènent en commun de telles initiatives de présentation.
Parmi les participants, plusieurs sont venus simplement pour mieux connaître l’aumônerie. C’est notamment le cas de ce prêtre au service des Albanophones en Suisse, invité à la rencontre comme l’ensemble des prêtres et pasteurs en activité en Suisse. Deux femmes sont également présentes. Manuela, 22 ans, alémanique protestante, est encore trop jeune pour s’engager: «Je n’ai pas encore fait l’école de recrues et je n’ai pas terminé ma formation», indique-t-elle à l’Apic. «Je m’engagerai peut-être, mais seulement dans 5 ou 6 ans».
Nora (*), une catholique en provenance du Moyen-Orient, est devenue Suissesse durant ses études de théologie. Elle n’a bien entendu pas accompli l’école de recrues sous les couleurs helvétiques et n’entend pas le faire. Elle travaille déjà dans une aumônerie, auprès des jeunes, et verrait un tel engagement dans le gris-vert comme un prolongement de son ministère. Sera-t-elle la première femme catholique dans l’aumônerie militaire en Suisse? Pas sûr. «Je ne suis pas encore décidée. Est-ce que je serai vraiment acceptée en tant que femme? Je suis venue pour voir de quoi il s’agit. Et trouver quelques réponses à mes craintes et à mes questions». Actuellement, selon les informations fournies par l’aumônier Noël Pedreira, remplaçant du chef de l’aumônerie, l’armée suisse ne compte que trois femmes «aumônières», toutes pasteurs protestantes.
La Brigadier Germaine Seewer, chef du personnel de l’armée, a confirmé devant les participants que l’accomplissement d’une école de recrues n’est plus une condition absolue pour s’engager comme aumônier. Il faut cependant être jugé apte au service et suivre une formation préalable avant de faire le cours d’aumônerie.
Prier, célébrer, discuter, travailler et boire dans l’oecuménisme
Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, a tenté de convaincre les participants du bien-fondé de cet engagement, en partageant son expérience d’aumônier, antérieure à son accession à l’épiscopat. Il avait été appelé par le chef du personnel de son diocèse pour assurer une présence chrétienne dans le milieu militaire. Il a pu, dès son temps de formation, faire l’expérience d’un «oecuménisme total». «Nous avons prié, célébré, discuté, travaillé et même bu ensemble. Nous étions d’abord aumônier de l’armée, et seulement en second lieu catholiques ou protestants», a lancé Mgr Gmür. Cette pratique œcuménique au quotidien le marque encore dans son expérience actuelle. En étant élevé au grade de capitaine, il a également découvert une autre facette de l’armée. Avant d’être des officiers, les cadres étaient d’abord des hommes et des femmes, avec leurs questions, leurs doutes.
L’évêque de Bâle a également fait l’expérience de la loyauté envers tous. Envers l’institution «armée» tout comme envers l’Eglise, envers les soldats auprès desquels il était envoyé tout comme de leurs commandants.
La confidentialité de l’aumônier
La Brigadier Germaine Seewer a rappelé que l’aumônerie est un droit garanti par les règlements militaires, ainsi que par tous les textes internationaux relatifs à la liberté de religion. Elle a aussi insisté sur la confidentialité, nécessaire dans l’exercice de la fonction d’aumônier. Elle-même, comme commandante d’école ou commandante de compagnie, n’a jamais demandé aux aumôniers de quoi ils ont parlé avec la troupe.
Elle a ensuite insisté sut l’interculturalité qui marque la société actuelle, et bien entendu les troupes suisses. L’aumônier est toujours davantage confronté à des militaires pour qui le français, l’allemand ou l’italien constitue déjà la 2e langue. Et chez qui le christianisme ne correspond ni à une référence religieuse ou culturelle. Comment répondre à ces besoins nouveaux? L’activité de l’aumônier n’en devient que plus exigeante, mais aussi passionnante.
Encadré:
L’armée suisse compte actuellement 218 aumôniers, catholiques et protestants, hommes (écrasante majorité) ou femmes (seulement trois). L’effectif est certes insuffisant, souligne Noël Pedreira, car il est fixé à environ 300. Mais il est cependant difficile d’articuler un chiffre fiable. D’une part, l’aumônerie a engagé il y a quelques années trois agents pastoraux à temps partiel pour palier un peu à la pénurie, et d’autre part en raison de la baisse des effectifs militaires, le nombre d’aumôniers nécessaire ne cesse de baisser.
Noël Pedreira a sauté dans le bateau en 2011 en s’engageant comme aumônier professionnel, d’abord à 40%, puis à 70%. Il consacre les 30% restants à une activité d’assistant pastoral catholique dans le Jura, dans l’Unité pastorale Saint-Germain (région de Courrendlin et du Val-Terbi).
Encadré:
Pour être nommé aumônier militaire, selon les règlements de l’Armée suisse, il faut remplir les conditions suivantes:
– Accomplissement avec succès, d’une école de recrues ou d’une instruction de base spécifique militaire d’une durée minimale de 47 jours;
– Etre apte au service militaire;
– Etre prêtre, pasteur ou théologien, avoir une formation académique en théologie ou un titre équivalent et avoir été ordonné par l’autorité ecclésiastique compétente; ou avoir été nommé prêtre, diacre ou assistant pastoral par l’ordinariat diocésain ou le supérieur de l’ordre;
– Etre recommandé par l’autorité ecclésiastique compétente ou l’ordinariat diocésain.
(Source: Etat-major de conduite de l’armée)
(*) prénom d’emprunt
(apic/bb)