Le procès de Francesca Chaouqui et Mgr Vallejo Balda touche à sa fin. (Photo: DR/ www.portaaporta.rai.it)
Vatican

Vatileaks: Francesca Chaouqui charge Mgr Balda  

Après trois semaines d’interruption, le procès sur le vol et la diffusion de documents confidentiels concernant les finances du Saint-Siège a repris au Tribunal du Vatican, le 6 avril 2016. Au cours de six heures d’audience, Francesca Chaouqui a particulièrement chargé l’autre principal accusé du procès «Vatileaks 2», le prélat espagnol Lucio Angel Vallejo Balda, secrétaire de la Préfecture pour les affaires économiques. Elle a nié avoir transmis des documents confidentiels aux journalistes également inculpés et assuré n’avoir jamais eu de relation sexuelle avec le prélat, qui avait soutenu le contraire.

Lors de cette 7e audience au cœur du Vatican, l’Italienne Francesca Chaouqui, enceinte de huit mois et visiblement agitée, a déploré que ce procès et la presse la fassent passer pour «une prostituée à la recherche de prêtres». Se disant «détruite» par la presse, elle a au contraire cherché devant le petit tribunal à se présenter comme une bienfaitrice, engagée dans de nombreuses actions caritatives et à l’origine de nombreux dons pour la Maison Sainte-Marthe, la résidence du pape.

Francesca Chaouqui a nié avoir transmis aux deux journalistes italiens également présents sur le banc des accusés des documents confidentiels. Elle a assuré que le prélat espagnol, en revanche, l’avait fait un jour devant elle, au bénéfice de Gianluigi Nuzzi, auteur d’un livre polémique sur la gestion du Vatican. Contrairement aux affirmations de Mgr Vallejo Balda, la jeune italienne a assuré n’avoir jamais eu de relation charnelle avec le prélat.

Une nuit de confidences

«Je n’ai jamais couché avec Mgr Vallejo Balda», a-t-elle lancé à plusieurs reprises, expliquant qu’une nuit de décembre 2014 à Florence, il lui aurait fait «des confidences sur son environnement sexuel», dans une allusion à son homosexualité. Soumise à la question, elle a mis en avant les «folies» du prélat et son comportement «extravagant», dont la fréquentation assidue d’un astrologue et de son compagnon. Elle l’a par ailleurs accusé d’avoir manipulé des preuves en vue du procès.

Au cours de sa longue audition, Francesca Chaouqui a évoqué l’évolution de ses rapports avec le prélat espagnol, secrétaire de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège, passés d’une relation professionnelle à une certaine «complicité», pour finir par une rupture en plusieurs actes. «L’homme fort» est devenu «fatigué» et «souffrant», selon elle, en particulier après avoir été mis à l’écart au Vatican, et avec un «grand besoin de reconnaissance» pour lequel il aurait transmis des documents aux journalistes Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi.

Un événement très grave

La spécialiste en relations publiques a également évoqué des évènements graves survenus à la fin du travail de la Commission pontificale d’étude sur l’organisation des structures économico-administratives du Saint-Siège (COSEA) – dont elle faisait partie avec Mgr Balda – et lors de la naissance successive du Secrétariat pour l’économie. Elle a alors fait état à plusieurs reprises, sans plus de précisions, d’un événement «très grave» survenu au printemps 2014 mais dont elle ne pouvait parler en raison du secret pontifical.

Le pape François, informé de cet «événement d’une gravité absolue», aurait demandé à Mgr Vallejo Balda et à elle de travailler discrètement sur la question. Mais, selon elle, une semaine plus tard, le cardinal George Pell, préfet du Secrétariat pour l’économie, aurait demandé et obtenu la saisie immédiate des archives de la COSEA. Mgr Vallejo Balda aurait été parallèlement particulièrement éprouvé de ne pas intégrer le nouveau Secrétariat pour l’économie, ni même nommé Contrôleur général des finances, ce que le pape lui aurait cependant promis au préalable. (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)

Le procès de Francesca Chaouqui et Mgr Vallejo Balda touche à sa fin.
7 avril 2016 | 07:30
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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