Egypte Mgr Ibrahim Isaac Sidrak, patriarche d'Alexandrie des coptes catholiques  (Photo: Jacques Berset)
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Patriarche Sidrak­: en Égypte, progrès en matière de liberté religieuse

Mgr Ibrahim Sidrak, patriarche copte catholique d’Alexandrie, l’affirme: depuis une dizaine d’années, l’Égypte a fait de réels progrès en matière de liberté religieuse. Le chef de la petite Église copte catholique, qui compte environ 300’000 fidèles, relève que «nos églises sont légalement reconnues par l’État et il y a bien moins d’actes de violences contre nous qu’auparavant!»

Malgré le petit nombre de ses fidèles, l’Église copte catholique est très dynamique grâce à ses activités sociales, ses nombreuses écoles et ses hôpitaux. «Historiquement, l’Égypte compte une grande communauté de chrétiens – probablement 15 millions! – qui sont intégrés dans la société égyptienne», confie Mgr Ibrahim Sidrak dans une interview à «Aide à l’Église en Détresse ACN». «On peut demander à un musulman égyptien si sa famille vient d’un autre pays, mais pas à un copte. S’il est copte, c’est qu’il est forcément né de parents et de grands parents égyptiens!»

Sous le régime des Frères musulmans, la situation des chrétiens était critique

Par ailleurs, contrairement à d’autres pays voisins où la liberté religieuse a reculé, la situation est meilleure en Égypte. Contrairement aux autres pays du Moyen-Orient, il n’y a pas actuellement d’émigration massive des chrétiens égyptiens. Mais il y a douze ans, Mohamed Morsi et les Frères musulmans ont pris le pouvoir en Égypte, et c’était alors une période terrible pour les chrétiens, «mais cela a été heureusement de courte durée».

«Pendant le gouvernement de Mohamed Morsi, les attaques contre les coptes se sont multipliées. Je pense qu’en 2012, lorsque les Égyptiens sont allés voter, ils se sont dit qu’ils n’avaient jamais donné leur chance aux Frères musulmans et qu’il fallait essayer. Ils ne commettront certainement plus la même erreur!».

Le patriarche copte catholique ne pense pas que la question des Frères musulmans, qui sont natifs d’Égypte et très hostiles aux minorités religieuses, soit réglée. Mgr Ibrahim Sidrak relève que «ce genre de mouvement ne meurt jamais tout à fait, mais le gouvernement actuel prend leur menace très au sérieux… et les Frères musulmans ne dominent plus la société égyptienne».

Des centaines d’églises brûlées

«Lorsqu’ils avaient toutes les manettes du pouvoir, en 2012 et 2013, il était très risqué pour un chrétien de marcher seul dans la rue. Nos églises étaient constamment menacées, et ils en ont brûlé des centaines! À présent, nous vivons en relative sécurité. Il y a des fanatiques et des terroristes, comme partout, mais ils sont neutralisés».

De nombreuses églises d’Égypte ont été la cible des islamistes lors de la chute du régime des Frères musulmans | © Jacques Berset

L’Égypte traverse cependant une sévère crise économique, provoquant des troubles dans la population.

Inquiétude concernant le chômage des jeunes et la démographie galopante

«Beaucoup de jeunes gens sont touchés par le chômage, ce qui génère des frustrations. Nous avons une démographie impressionnante: deux millions d’Égyptiens naissent chaque année! Et le marché de l’emploi ne suit pas. Par ailleurs, nous accueillons beaucoup de migrants provenant de pays en guerre. Nous avons reçu des Syriens et à présent ce sont les Soudanais qui viennent se réfugier chez nous…»

Les écoles catholiques favorisent la cohésion du peuple

L’Église copte catholique accueille certains de ces migrants du mieux qu’elle peut. «D’une manière générale, notre Église joue un rôle caritatif dans la société égyptienne à travers ses écoles, ses hôpitaux et ses dispensaires. Il existe 180 écoles catholiques coptes qui jouissent d’une bonne réputation. Beaucoup de musulmans souhaitent y envoyer leurs enfants et certains membres du gouvernement y ont étudié. Cela favorise l’instruction de notre peuple, mais aussi sa cohésion en dépit des différences religieuses».

«Pour jouer ce rôle nous insistons beaucoup sur l’importance de la formation, non seulement du clergé, mais aussi des catéchistes. Nous leur proposons des formations de 4 ans et apportons un soin particulier à la transmission de la foi aux enfants».

Besoin de construire de nouvelles églises

Maintenant que le gouvernement égyptien a levé les nombreux obstacles qui s’opposaient pendant longtemps à la construction de nouvelles églises, chaque diocèse à des projets de construction. «Les églises sont le cœur de nos communautés, mais elles sont difficiles d’accès pour beaucoup de paroissiens. Ceux qui habitent loin doivent consacrer jusqu’au quart de leur salaire pour pouvoir amener leur famille en bus à l’église la plus proche pour la messe dominicale…»

«L’un des chantiers les plus symboliques de cette soif de reconstruction des coptes catholiques est notre cathédrale de Louxor, qui avait été incendiée». Elle sera bientôt entièrement restaurée grâce en particulier au soutien d’œuvres d’entraide comme «Aide à l’Église en Détresse ACN», souligne le patriarche copte catholique. (cath.ch/acn/be)

Egypte Mgr Ibrahim Isaac Sidrak, patriarche d'Alexandrie des coptes catholiques
26 juillet 2024 | 15:51
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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