Rome: Jean Paul II était au courant de l’enquête sur le Père Maciel, selon Navarro Valls
Mais les résultats n’ont été connus qu’après la mort du pape
Rome, 25 avril 2014 (Apic) Jean Paul II avait été informé qu’une enquête était en cours sur le Père Marcial Maciel, fondateur de la congrégation des légionnaires du Christ à la double vie sulfureuse. Mais les résultats n’ont été connus qu’après sa mort. C’est ce qu’a affirmé devant la presse le 25 avril 2014 Joaquin Navarro Valls, qui fut le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège pendant 22 ans. Il a rappelé que Jean Paul II avait agi «de façon décidée» dès lors qu’il avait pris conscience de l’ampleur des affaires de pédophilie.
Joaquin Navarro Valls a indiqué que la procédure canonique à l’encontre du Père Maciel avait débuté pendant le pontificat de Jean Paul II (1978-2005), pour finir «la première année du pontificat de Benoît XVI». Toutefois, a-t-il précisé, le pape polonais «n’a pas été au courant des résultats car l’enquête s’est conclue quand il était déjà mort». Dès que Benoît XVI a su, il a accepté de rendre l’affaire publique et demandé au directeur du Bureau de presse du Saint-Siège d’annoncer cela à la presse. «Faites-le demain», lui avait-il intimé.
Si l’ancien «porte-parole» du Vatican tente de laver Jean Paul II de tout soupçon de négligence dans cette affaire, le pape était au courant des accusations qui pesaient contre le religieux mexicain. Dans le livre scandale qu’il publiait en 2012, le journaliste italien Gianluigi Nuzzi publiait une note manuscrite du secrétaire particulier de Benoît XVI (2005-2013), Mgr Georg Gänswein, écrite après un rendez-vous avec le Père Rafael Moreno, secrétaire particulier du Père Maciel pendant 18 ans. Selon cette note, le Père Moreno avait assuré être venu en 2003 au Vatican pour alerter sur les agissements de son supérieur, et que personne n’avait voulu l’écouter. Selon plusieurs observateurs, Jean Paul II aurait été très prudent face aux accusations portées à l’encontre de prêtres tout au long de son pontificat, fort de son expérience personnelle en Pologne durant le régime communiste où nombre de clercs étaient accusés à tort.
Pas de procès
En 1987, le prêtre mexicain avait été accusé d’abus sexuels commis dans les années 1940, 1950 et 1960 sur de jeunes séminaristes. Le Père Maciel avait alors rejeté toutes les accusations venant d’anciens membres de sa propre congrégation. Pourtant, en décembre 2004, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), dirigée alors par le cardinal Joseph Ratzinger, avait décidé d’ouvrir une enquête approfondie sur les accusations portées par 8 anciens séminaristes contre le Père Maciel, malgré des résistances répétées au cours des années précédentes. En mai 2005, le Bureau de presse du Saint-Siège avait affirmé qu’aucun procès canonique n’était en cours ni ne serait engagé contre le religieux mexicain. Le secrétaire d’Etat de l’époque, le cardinal Angelo Sodano, aurait bloqué lui-même la procédure.
En mai 2006, suite à l’enquête menée par CDF dont il avait été le préfet, le nouveau pape Benoît XVI avait demandé à Marcial Maciel de se retirer pour «une vie réservée de prière et de pénitence». Tout en reconnaissant «l’apostolat méritoire des Légionnaires du Christ», la CDF avait renoncé à un procès canonique en raison de l’âge avancé et de la santé du Père Maciel, mais lui avait demandé de renoncer à tout ministère public.
Joaquin Navaro Valls a en outre rappelé que Jean Paul II avait agi de façon «décidée» dès qu’il avait eu «conscience» de la gravité des affaires de pédophilie aux Etats-Unis, qui ont explosé au début des années 2000. «Comme pour tout le monde», il était très difficile au pape de concevoir de tels crimes, a-t-il ajouté, évoquant sa «grande pureté de pensée». «Il y avait un fossé» entre la situation aux Etats-Unis et ce qui était perçu au Vatican, a-t-il encore indiqué. Par ailleurs, a précisé l’ancien «porte-parole» du Vatican, dès qu’il a su, il a donné les «pleins pouvoirs» à la CDF pour suivre ces dossiers. (apic/imedia/mm/bb)