Le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint Siège (Photo: B. Hallet)
Vatican

Le Vatican répond aux accusations de malversations financières

Rome, 04.11.2015 (cath.ch-apic) A défaut de révélations, les deux livres sur les scandales financiers au Vatican, à paraître le 5 novembre 2015, contiennent «une bonne partie d’informations déjà connues», et publiées par «le Saint-Père lui-même» en vue d’une réforme de la situation financière du petit Etat, a précisé, la veille, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi.

Le Saint-Siège a publié le 4 novembre 2015 une série de communiqués pour apporter sa version des faits. Dans une longue note remise aux journalistes, le Père Lombardi a souhaité faire plusieurs observations sur la publication des livres Avarice, d’Emiliano Fittipaldi de l’hebdomadaire L’Espresso, et Chemin de croix de Gianluigi Nuzzi du groupe de télévision Mediaset, à paraître dès le lendemain en Italie. «Une bonne partie des révélations sont en réalité des informations déjà connues», note le Père Lombardi, et concernent un important «recueil de données et d’informations mise en marche par le Saint-Père lui-même», en vue d’une «réflexion de réforme et d’amélioration de la situation administrative du Vatican et du Saint-Siège».

Le ›porte-parole’ du Vatican rappelle ainsi que la commission pour la réorganisation des services économico-administratifs du petit Etat (COSEA) a été en effet instituée par le pape le 18 juillet 2013 dans cet objectif, et ensuite dissoute après avoir rempli sa mission. «Il ne s’agit donc pas d’informations obtenues à l’origine contre la volonté du pape ou des responsables des différentes institutions, insiste le père Lombardi, mais d’information obtenues ou fournies, généralement, avec la collaboration de ces mêmes institutions, pour concourir à cet objectif positif commun». «La réorganisation des dicastères économiques, la nomination du rapporteur général, (…) le contrôle des activités économiques sont une réalité objective et incontestable», ajoute-t-il.

Le Denier de Saint Pierre ne se limite pas aux œuvres de charité

Le Père Lombardi met ensuite en garde contre le risque de «lectures différentes à partir des mêmes données». Ainsi, les biens du Saint-Siège, explique-t-il, sont destinés à des activités de service «extrêmement variées gérées par le Saint-Siège ou des institutions liées, à Rome comme dans différentes parties du monde». De même, ajoute le directeur du Bureau de presse, les destinations des fonds du Denier de Saint-Pierre sont variées. Si «les œuvres de charité du pape pour les pauvres sont certainement une des finalités essentielles», souligne-t-il, le pape peut aussi «évaluer lui-même les urgences et la façon d’y répondre». Or, le service du pape comprend aussi la curie romaine, affirme clairement le Père Lombardi, mais également «ses initiatives en dehors du diocèse de Rome, la communication de son magistère (…) le soutien aux 180 représentations diplomatiques pontificales réparties dans le monde, qui servent les Eglises locales et interviennent (…) pour distribuer la charité du pape».

«Le pape et ses collaborateurs (…) continuent d’affronter le défi d’une amélioration de l’usage des biens temporels au service des biens spirituels», insiste encore le Père Lombardi, avant d’ajouter que «ceux qui collaborent en pleine légalité et avec toutes leurs forces ne manquent pas au Vatican».

Enquête sur blanchiment

Dans une autre déclaration écrite, le Père Lombardi précise que le bureau du promoteur de justice du tribunal du Vatican a ouvert en février dernier une enquête sur «des opérations de vente de titres et de transactions» attribuées à Giampietro Nattino, président de la banque italienne Banca Finnat. L’Italien est suspecté d’avoir utilisé l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (APSA), l’institution qui supervise l’immobilier et les investissements du Saint-Siège, pour des opérations de blanchiment d’argent, de délit d’initié et de manipulations de marchés entre 2000 et 2011. Des employés de l’APSA sont aussi suspectés de complicité dans cette affaire. L’enquête demandée par l’Autorité d’information financière (AIF) du Vatican bénéficie de la collaboration des autorités judiciaires suisse et italienne, ajoute le directeur du Bureau de presse.

Mise en cause dans l’ouvrage Avarice du journaliste Emiliano Fittipaldi, la Fondation du Bambino Gesù, l’hôpital pédiatrique du petit Etat, a assuré quant à elle vouloir «tourner la page». A la veille de la publication du livre, la fondation a publié un communiqué à l’issue de la première réunion du tout nouveau conseil de direction de l’établissement, assurant que les mots d’ordre étaient à présent «transparence, solidarité, innovation». Le livre rapporte en effet que cette fondation née pour recueillir les dons en faveur des enfants malades «a payé une partie des travaux faits dans le nouvel appartement du cardinal Tarcisio Bertone». Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, qui a nommé les sept nouveaux conseillers, dont une nouvelle présidente, a salué les débuts d’une activité «complètement renouvelée» pour l’hôpital. (apic/imedia/bl/mp)

Le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint Siège
4 novembre 2015 | 16:33
par Maurice Page
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