Le Vatican regrette l'installation d'un évêque dans l'Église chinoise
Dans un communiqué diffusé par le Bureau de presse le 26 novembre 2022, le Saint-Siège dit «avoir pris connaissance avec surprise et regret» de la ‘cérémonie d’installation’, de Mgr Peng Weizhao, évêque de Yujiang (Province de Jiangxi), en tant qu’évêque auxiliaire de Jiangxi’, «un diocèse non reconnu par le Saint-Siège». Un acte «pas conforme à l’esprit de dialogue» instauré depuis l’accord provisoire de septembre 2022, selon Rome.
Dans une expression inhabituelle de désaccord frontal avec Pékin, le communiqué précise que «la reconnaissance civile de Mgr Peng Weizhao a été précédée, selon les rapports, d’une longue et lourde pression de la part des autorités locales». «Le Saint-Siège espère que de tels épisodes ne se répéteront pas, attend les communications appropriées des Autorités et réaffirme son entière disponibilité à poursuivre le dialogue respectueux concernant toutes les questions d’intérêt commun», est-il encore indiqué.
Mgr Peng Weizhao – nommé par le pape François en 2014 pour le diocèse de Yujiang et détenu pendant six mois par les autorités chinoises pour cette raison – a rejoint les instances «officielles» du catholicisme chinois en participant à Nanchang, en présence d’environ 200 personnes, à une cérémonie présidée par l’évêque local Li Suguang. Cet évêque officiel est également vice-président de la Conférence des évêques catholiques chinois, l’organe de l’Association patriotique, affiliée au Parti communiste chinois (PCC).
Selon le site web chinacatholic.cn, contrôlé par le PCC, l’évêque a dû lire ce serment: «Je jure d’observer les commandements de Dieu, de remplir les devoirs pastoraux de l’évêque auxiliaire, de prêcher fidèlement l’Évangile, de diriger les prêtres et les fidèles du diocèse de Jiangxi, de respecter la Constitution nationale, de sauvegarder l’unité de la patrie et l’harmonie sociale, d’aimer le pays et la religion, persister dans le principe des Églises indépendantes et autonomes, adhérer à la direction du catholicisme dans mon pays en Chine, conduire activement le catholicisme à s’adapter à la société socialiste, et contribuer à la réalisation du rêve chinois du grand rajeunissement de la nation chinoise».
Mgr Peng Weizhao devenu évêque «officiel»
L’agence AsiaNews rapporte que Mgr Peng Weizhao, 56 ans, a étudié au séminaire national de Pékin et est devenu prêtre en 1989. Il a été secrètement ordonné évêque de Yujiang avec le mandat du pape François le 10 avril 2014 pour succéder à Mgr Thomas Zeng Jingmu, chef de l’Église clandestine locale, qui a passé 23 ans en prison et est mort à l’âge de 96 ans en 2016. Quelques semaines après son ordination, Mgr Peng a lui-même été arrêté.
Libéré en novembre 2014, il a toujours été sévèrement limité par les autorités dans sa capacité à exercer son ministère. Après l’accord de 2018, l’Église clandestine de Yujiang avait subi une pression intense pour «régulariser» son clergé.
Signé pour la première fois en 2018 et renouvelé pour deux ans en 2020, l’accord historique trouvé entre la Chine et le Saint-Siège a connu un deuxième renouvellement en octobre 2022. Bien que seulement pastoral, l’accord constitue un rapprochement important entre les deux pays qui n’avaient pas eu de relations diplomatiques depuis 1949 et la proclamation de la République populaire de Chine.
Désaccord persistant entre Rome et Pékin
Même si ses termes restent encore secrets, cet accord permet au pape d’avoir théoriquement le dernier mot sur la nomination des évêques en Chine. Pour l’heure, seulement six évêques ont été nommés en quatre ans.
Le communiqué du Saint-Siège sur la situation de Mgr Peng Weizhao met en lumière les désaccords persistants entre Rome et Pékin, malgré la volonté personnelle du pape François de garder les canaux ouverts avec la Chine. La stratégie de «sinisation» opérée par le président chinois Xi Jinping et son refus des ingérences étrangères entre en contradiction avec le principe de communion de l’épiscopat avec Rome. (cath.ch/imedia/cv/bh)