L’ouvrage de Hitler incite à la haine, au crime et à la discrimination raciale
Genève: La distribution en libre service de «Mein Kampf» dans les librairies fâche la CICAD
Genève, 17 avril 2012 (Apic) S’il est interdit en Allemagne, «Mein Kampf» (Mon Combat), rédigé par Adolf Hitler entre 1924 et 1925 pendant sa détention à la prison de Landsberg, n’a jamais été interdit en Suisse. Mais l’ouvrage sulfureux se trouve désormais en libre-service dans les librairies romandes, ce qui fâche la Coordination Intercommunautaire Contre l’Antisémitisme et la Diffamation (CICAD) à Genève. Qui propose trois mesures d’accompagnement aux libraires qui désirent diffuser ce brûlot.
La CICAD, qui s’inquiète à la perspective qu’un ouvrage exposant les théories raciales les plus abjectes d’Adolf Hitler soit disponible sans aucune restriction ni même aucun encadrement, propose donc d’ajouter une signalétique indiquant que le contenu de l’ouvrage incite à la haine, au crime et à la discrimination raciale.
Limite d’âge et avertissement
L’organisation souhaite que l’on indique une limite d’âge sur chaque exemplaire et contrôle l’âge des jeunes acquéreurs. Cette limite serait, pour la CICAD, déterminée par la CDIP (Conférence des Directeurs Cantonaux de l’Instruction Publique), organe qui coordonne au plan national les actions des cantons dans les domaines de l’éducation et de la culture. Elle veut également que les libraires remettent systématiquement à chaque acquéreur un exemplaire de la brochure «Auschwitz», éditée par la CICAD en 2004.
Sa rédactrice, Sabine Zeitoun, «est une historienne spécialisée sur la Seconde guerre mondiale. Elle a occupé les fonctions de directrice du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon pendant douze ans. Cet ouvrage, facile d’accès, décrit succinctement le processus d’extermination mis en œuvre par le IIIe Reich». La CICAD mettra gracieusement à disposition des libraires les exemplaires nécessaires.
«Mein Kampf» n’est pas une «banale production littéraire»
Pour l’organisation basée à Genève, «Mein Kampf» ne peut être traité comme une banale production littéraire, et elle déplore que «certains libraires opteraient aujourd’hui pour le mercantilisme, au détriment du sens de la responsabilité et de l’éthique». Pour la CICAD, contrairement à une analyse «quelque peu simpliste avancée» dans la presse par Pascal Vandenberghe, directeur général de Payot, «tous les lecteurs ne sont pas adultes. Ainsi, confronter de jeunes enfants ou adolescents à un tel ouvrage sans accompagnement est parfaitement irresponsable».
La CICAD se dit attachée aux valeurs fondamentales de liberté et en particulier lorsqu’il s’agit d’acquisition de la connaissance puisqu’elle édite elle-même des ouvrages pédagogiques. Mais elle souhaite la mise en œuvre de ces mesures d’accompagnement. La CICAD, par la bouche de son secrétaire général Johanne Gurfinkiel, se dit convaincue que les libraires, «conscients de leur responsabilité, auront à cœur d’appliquer ces recommandations afin de contribuer à la prévention du racisme et d’éviter de favoriser la diffusion de la haine. Le livre n’est pas une simple marchandise ni le libraire un simple marchand!» (apic/com/be)