Rome: Il y a 30 ans, Mehmet Ali Agça tirait sur Jean-Paul II

L’attentat qui a marqué son pontificat

Rome, 11 mai 2011 (Apic) Le 13 mai 1981, le jour de la fête de Notre-Dame de Fatima, Jean-Paul II était victime d’un attentat. 30 ans après, les motivations de Mehmet Ali Agça demeurent encore mystérieuses. En l’an 2000, le Vatican faisait un lien entre le 3e secret de Fatima et cet attentat.

Lors de la traditionnelle audience générale du mercredi, le 13 mai 1981 à 17h, la papamobile transportant le pape traverse l’Arc des cloches et s’engage sur la place Saint-Pierre afin d’effectuer le tour de la place et de permettre ainsi à Jean-Paul II de saluer les quelque 20’000 fidèles présents. Alors qu’il vient de remettre entre les mains d’une mère le bébé qu’il a embrassé, des coups de feu éclatent et blessent le pape à l’épaule, à la main et au ventre. Le Turc Mehmet Ali Agça, un tueur professionnel, tapi derrière la première rangée de pèlerins, vient de tirer deux fois à bout portant sur lui avec un pistolet semi-automatique, un Browning 9 mm. Le pape de 61 ans s’écroule dans les bras de son secrétaire, Mgr Stanislaw Dziwisz. Il est transporté en quelques minutes à la polyclinique Gemelli de Rome; il perd connaissance.

Il faut de longs mois avant que Jean-Paul II soit totalement guéri, même s’il gardera des séquelles jusqu’à sa mort. Le 3 juin, il sort de l’hôpital après avoir subi une colostomie temporaire, mais il y retourne dès le 10 juin, sa santé se détériorant. Après de nombreux examens, on découvre que son organisme est infesté par un cytomégalovirus dû à la transfusion du 13 mai. Finalement, il peut rentrer au Vatican le 14 août. Pendant son séjour à l’hôpital Gemelli, il s’inquiète de la nouvelle crise qui couve en Pologne et est très affecté par la mort de l’un de ses proches, le cardinal Stefan Wyszynski, primat de Pologne.

Ali Agça est arrêté quelques heures après l’attentat. Jean-Paul II lui accorde publiquement son pardon, le 17 mai 1981, et le rencontre à la prison romaine de Rebibbia, le 27 décembre 1983. Gracié le 13 juin 2000 par le président de la République italienne, il est libéré en janvier 2010 de la prison d’Ankara en Turquie où il purgeait une autre peine. Il a exprimé le souhait de s’entretenir avec Benoît XVI et de se recueillir sur la tombe de Jean-Paul II. Il est aujourd’hui âgé de 53 ans.

Ses différentes déclarations manquent de cohérence. Il se considère ainsi comme étant «l’autre Christ» et prétend également vouloir réécrire la Bible.

Une main a tiré et une autre a guidé la balle

Les différentes enquêtes menées pour découvrir l’origine du commanditaire ont soulevé plusieurs pistes sans pour autant mettre l’accent sur l’une d’elles en particulier, car les révélations d’Ali Agça sont pleines de contradictions. Ce dernier a ainsi pu agir seul, ou avec l’aide d’un complice présent place Saint-Pierre. Il pourrait avoir été envoyé par les «Loups gris», une organisation secrète turque d’extrême droite. Il a aussi été question de piste bulgare ou islamique, de la mafia turque commanditée par la mafia italienne, sans parler de l’intérêt que le pouvoir soviétique aurait pu avoir à éliminer ce pape venu de l’Est et qui menaçait le communisme.

Jean-Paul II a déclaré avoir senti la protection de la Vierge, au jour de l’attentat. «A l’instant même où je tombais place Saint-Pierre, j’ai eu ce vif pressentiment que je serais sauvé, une main a tiré et une autre a guidé la balle» a confié le pape polonais quelque temps après l’attentat. Ainsi, le 13 mai 1982, il se rendra à Fatima, au Portugal, pour remercier la Vierge de l’avoir protégé et faire sertir la balle qui l’a frappé dans la couronne de la statue de la Vierge du sanctuaire.

Cette coïncidence entre la fête de Notre-Dame de Fatima et l’attentat semble apparaître dans le 3e secret de Fatima, dévoilé par Jean-Paul II le 13 mai 2000, lors de son 2e voyage au Portugal. Dans ce message, les jeunes voyants portugais avaient vu «un évêque vêtu de blanc, tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches».

Dans un entretien accordé le 26 avril 2011 à I.MEDIA, Mgr Emery Kabongo Kanundowi, ancien second secrétaire du bienheureux Jean-Paul II de 1982 à 1988, a confié que l’attentat avait constitué un tournant dans son le pontificat. «A compter de ce jour, il vivait comme s’il voyait autre chose, car il savait qu’on lui voulait du mal. Il l’a senti, y compris physiquement». (apic/imedia/cv/amc)

11 mai 2011 | 15:34
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Jean Paul II (155), Rome (346)
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