Avortement, Donald Trump: Le Père Lombardi clarifie les propos du pape
La traditionnelle conférence de presse du pape François, lors du vol retour de son voyage au Mexique, a eu un large écho dans la presse mondiale. Au micro de Radio Vatican le 19 février 2016, le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, est revenu notamment sur les propos du pape au sujet de l’avortement et de la contraception. Il dément également une «attaque personnelle» du pape à l’encontre du milliardaire américain.
Il est rare que le porte-parole du Vatican revienne aussi longuement sur la traditionnelle conférence de presse du pape à bord du vol retour vers Rome. Interrogé sur l’appel de l’ONU à libéraliser les lois sur l’avortement, dans le cadre de l’épidémie du virus Zika, le pape a distingué l’avortement, qu’il considère comme «un crime, un mal absolu», de la contraception qui «n’est pas un mal absolu, dans certains cas». Une réponse considérée comme une «ouverture» du pape argentin sur la contraception par certains journaux.
Distinction entre avortement et contraception
Le Père Lombardi a tenu à nuancer: le pape distingue «clairement la radicalité du mal de l’avortement comme suppression d’une vie humaine» de «la possibilité de recours à la contraception en ce qui concerne des cas d’urgence dans lesquels on ne supprime pas une vie humaine, mais où l’on évite une grossesse». «Cela ne signifie pas qu’il dit que ce recours est accepté et utilisé sans aucun discernement», a mis en garde le Père Lombardi. «Au contraire, il a dit clairement que cela pouvait être pris en considération dans des cas particuliers d’urgence», a souligné le directeur du bureau de presse du Saint-Siège.
Pour clarifier ses propos, le pape avait cité en exemple l’autorisation donnée par Paul VI à des religieuses menacées de viol, au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo), de prendre la pilule en prévention. «L’exemple qu’il a fait de Paul VI fait comprendre que ce n’est pas lors d’une situation normale que cela est pris en considération». Le Père Lombardi a par ailleurs donné un autre exemple formulé dans le livre-entretien de Benoît XVI Lumière du monde, où le pape allemand proposait l’usage du préservatif dans des situations de risque de contamination du Sida. «Ainsi, a conclu le porte-parole du Vatican, le contraceptif ou le préservatif, dans des cas d’urgence et de gravité particulière, peut être objet d’un sérieux discernement de conscience. C’est cela que dit le pape».
Donald Trump: pas une «attaque personnelle»
Le Père Lombardi est également revenu sur la phrase polémique du pape François concernant Donald Trump et sa volonté, s’il était élu président des Etats-Unis, de construire un mur à la frontière avec le Mexique: «un homme qui pense seulement à faire des murs et non à faire des ponts n’est pas chrétien». «Il ne faut pas construire des murs, mais des ponts. (Le pape) dit cela depuis toujours, continuellement, et l’a dit aussi à propos des questions des migrations en Europe, a ainsi expliqué le Père jésuite. Ce n’est donc pas une question spécifique, limitée à ce cas».
Dès lors, le pape François «n’a pas voulu, en aucun cas», faire «une attaque personnelle ni une indication de vote», a insisté le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. D’ailleurs, le pontife a aussi nuancé ses paroles, rappelle le Père Lombardi, «donnant le bénéfice du doute à propos de ce qu’on lui avait rapporté des expressions du candidat républicain». (cath.ch-apic/imedia/bl/bh)