Une procédure de nomination «courante»

Fribourg: Un an sans évêque, cela n’a rien d’extraordinaire

Fribourg, 20 septembre 2011 (Apic) Le 21 septembre, il y aura un an que le diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg (LGF) est sans évêque, suite au décès de Mgr Bernard Genoud. Une vacance qui suscite colère et incompréhension dans le diocèse, alors que la nonciature parle d’une procédure tout à fait «courante».

Le successeur de Mgr Genoud était attendu pour Pâques, puis pour la fin du mois d’août. Un an après sa mort, les fidèles ne voient toujours rien venir. Une longue vacance, qui inquiète et suscite des réactions, jusqu’au sommet de la hiérarchie du diocèse, où personne ne semble au courant de quoi que ce soit.

Fin août, l’abbé Claude Ducarroz, prévôt du Chapitre cathédral et président du Collège des consulteurs de Fribourg, a confié son agacement dans les colonnes du «Courrier» et de «La Liberté»: «Je ne m’explique pas pareil retard, alors que la consultation pour la succession de Mgr Genoud a démarré promptement quelques jours après sa mort. (…) Depuis le mois de mars, le dossier suit son cours dans la plus grande obscurité.»

Le chanoine Ducarroz a pointé du doigt le manque de transparence dans la procédure de nomination, dont les fidèles et les différents Conseils qui animent la vie diocésaine se sentent «dessaisis».

Une consultation quasi secrète

En moyenne, une nouvelle nomination nécessite douze mois de procédure. «Il s’agit toujours d’une décision mûrement réfléchie, qui peut prendre du temps», explique Walter Müller, porte-parole de la Conférence des évêques suisses (CES). Pour mémoire, sept mois avaient été nécessaires pour désigner Mgr Genoud comme successeur de Mgr Amédée Grab, déplacé de Fribourg à Coire.

La procédure actuelle n’est pas des plus rapides, mais elle n’est pas spécialement lente non plus. Tout tourne en fait autour du nonce apostolique à Berne, qui a pour mission d’établir une liste de trois «papables», après avoir mené son enquête au sein du diocèse. Selon le canon 377 du code de droit canonique, il est invité à consulter les vicaires généraux et épiscopaux, les membres du chapitre cathédral, les membres du clergé ou même des laïcs «reconnus pour leur sagesse» et aussi la CES. La liste de noms est ensuite transmise à la Congrégation pour les évêques, à Rome, qui étudie les dossiers et les présente au pape. C’est donc à Benoît XVI que revient le choix final.

L’ambassadeur du pape en Suisse paraît «de facto» assez libre de mener son enquête comme bon lui semble, à condition qu’il respecte la consigne de consulter «secrètement et séparément» les personnes. A la nonciature à Berne, on préfère parler de «discrétion», l’idée étant de ne pas «divulguer sur la place publique des informations concernant des prêtres, ni les avis exprimés à leur sujet». Les consultés sont eux aussi tenus au secret. Reste que, dans le cas de la succession de Mgr Genoud, des fuites ont révélé l’élaboration de trois listes de candidats, contenant onze noms au total. Ce qui a été confirmé par le prévôt Ducarroz.

Une volonté d’aller vite

La procédure de consultation est désormais terminée, selon la nonciature à Berne, «sous réserve d’une nouvelle demande de la Congrégation pour les évêques». Le porte-parole évoque laconiquement une procédure courante régie par le droit canon et affirme que la nonciature a tout fait pour «avancer rapidement, en évitant une grande enquête pouvant à elle seule durer jusqu’à six mois».

Reste que la procédure a eu lieu «par étapes» et que le but n’était visiblement pas de faire circuler trois listes, qui restent toutes d’actualité C’était sans compter qu’entre Rome et Berne, les informations vont «dans les deux sens». Et c’est ici qu’il faudrait chercher les pseudo retards de procédure, laisse-t-on entendre. La spécificité helvétique, les diverses affaires de pédophilie qui ont secoué le diocèse de LGF ou l’importance administrative et financière des églises cantonales ne seraient pas étrangères aux atermoiements de Rome. De toute évidence, la Congrégation pour les évêques cherche la «perle rare», un évêque du sérail, «bien romain et bien suisse romand».

Vers une autre procédure d’élection?

Alors, pourquoi ne pas simplifier cette procédure, qui paraît finalement si compliquée? La nonciature se dit disposée à entrer en matière, mais l’abandon du canon 377 nécessiterait une prise en compte des réalités politiques et économiques du diocèse de LGF.

Une modification n’est pas impossible, mais elle paraît longue et compliquée. Reste à savoir si les besoins de changements exprimés par les fidèles et les responsables du diocèse se feront toujours sentir une fois le nouvel évêque en place. Rien n’est moins sûr. (apic/pf)

Mgr Pierre Farine, administrateur diocésain et le chanoine Claude Ducarroz s’exprimeront sur le sujet, le 20 septembre 2011 sur TSR1, lors du journal télévisé de 19h30.

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