Le succès des Eglises évangéliques libres
Berne, 15 septembre 2011 (Apic) Les offices religieux des Eglises évangéliques libres rassemblent, chaque week-end, deux fois plus de fidèles que ceux des Eglises protestantes, et seulement 25% de moins que ceux des Eglises catholiques. Officiellement, seuls 2% des Suisses sont membres d’une Eglise libre. Telle est la conclusion d’une enquête du Programme national de recherche «Collectivités religieuses, Etat et société» (PNR 58).
Des chercheurs en sociologie des religions, emmenés par Jörg Stolz de l’Université de Lausanne, ont procédé au premier décompte des collectivités religieuses de Suisse, toutes orientations religieuses confondues, c’est-à-dire de tous les groupes de personnes qui se réunissent régulièrement dans un lieu donné pour des motifs religieux ou spirituels. Exemples de telles collectivités : la paroisse Saint-Nicolas-de-Flüe à Genève, la mosquée Errahmen à Bienne, le Centro di Pratica Zen Sôtô à Lugano, la Communauté Israëlite à Bâle ou le Centre Eckankar à Saint-Gall. Les chercheurs ont épluché listes et statistiques, interrogé des experts et des représentants des Eglises, pour obtenir un total de 5’734 collectivités. Ils ont interviewé les responsables de 1’040 d’entre elles.
Environ la moitié des communautés font partie de l’Eglise catholique romaine (30,5%) ou de l’Eglise protestante réformée (19,1%). Toutefois, les Eglises évangéliques libres sont beaucoup plus nombreuses que les collectivités de l’Eglise protestante (24,8%). Ce résultat peut paraître surprenant. Selon le recensement de 2000, seuls 2% des Suisses environ sont membres d’une Eglise libre. L’explication réside dans le fait que les membres de ces petites communautés pratiquent activement leur religion et font de la propagande.
Alors que pour les deux Eglises nationales officielles, le nombre moyen de membres est d’environ 1’750 catholiques et 2’200 protestants sur les 5734 collectivités, il s’élève à tout juste 72 dans le cas d’une Eglise libre moyenne. Par contre, les membres des Eglises libres assistent tous régulièrement au service religieux. Dans le cadre du sondage, les responsables des collectivités des Eglises libres ont indiqué que leur dernier office religieux avait réuni davantage de fidèles que de membres (soit un taux de participation de 111%). Or, chez les catholiques, le taux de participation n’était que de 4% et chez les protestants de 3%.
Sur la base de ces chiffres, les chercheurs estiment que lors d’un week-end ordinaire, 690’000 personnes en Suisse (soit un habitant sur onze) se rassemblent pour conduire un rituel religieux. 38% d’entre elles le font dans les églises catholiques, 29% dans les églises évangéliques libres, 14% dans les temples protestants et tout juste 11% au sein des collectivités musulmanes. «Le week-end, les offices religieux des Eglises libres rassemblent donc seulement 25% de fidèles en moins que ceux de l’Eglise catholique, et même plus du double de fidèles que ceux de l’Eglise protestante, alors qu’officiellement, l’Eglise catholique compte 30 fois plus et l’Eglise protestante 24 fois plus de membres que les Eglises évangéliques libres», résume Jörg Stolz.
L’étude confirme la tendance au recul des Eglises nationales. Dans le cas des Eglises évangéliques libres, il existe de nettes différences. Alors que les collectivités conservatrices (p. ex. Evangelischer Brüderverein, Action Biblique) sont elles aussi en recul, les collectivités classiques restent stables (Communauté de Chrischona, FEG). Les collectivités charismatiques (Communautés pentecôtistes, ICF), en revanche, affichent une nette croissance. Leur public est aussi plus jeune que celui des Eglises nationales.
Contrairement à ce que l’on supposait jusqu’ici, la rigidité religieuse et morale ne joue pas un rôle décisif dans le succès des Eglises libres. Certes, elles sont plus strictes d’un point de vue moral et transmettent donc à leurs membres des consignes de comportement claires. Mais selon l’étude, leur croissance est notamment due à une quête active de nouveaux membres. Presque toutes les Eglises libres encouragent leurs membres à inviter de nouvelles personnes, et nombreuses sont celles qui mettent des annonces dans les journaux. L’étude précise aussi qu’une collectivité a de meilleures chances de croître lorsqu’elle s’efforce d’élever les enfants de ses membres dans sa tradition religieuse. Certaines orientations religieuses profitent par ailleurs de l’immigration. Cela concerne les musulmans, mais aussi les luthériens. En Suisse, cette collectivité croit surtout en raison des gens venus d’Allemagne. (apic/com/js)
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