600’000 chrétiens, musulmans, hindous et sikhs au sanctuaire marial
Sheikhupura/Panjab, 9 septembre 2011 (Apic) Sunil Masih, chrétien pakistanais âgé de 25 ans, a été enlevé et assassiné par des musulmans alors qu’il se rendait en pèlerinage au sanctuaire marial de Mariamabad, à quelque à 80 km au sud-ouest de Lahore, capitale du Panjab. Il venait de quitter le groupe de pèlerins pour quelques instants, et son décès a été camouflé en accident, rapporte vendredi 9 septembre le site internet du journal «Pakistan Christian Post» (PCP).
Sunil Masih a été écrasé par un camion pour faire croire à un accident, note le PCP (*), mais la police ne croit pas à cette version après avoir examiné le corps de la victime. Le jeune homme se rendait au sanctuaire marial national de Mariamabad (La «ville de Marie» en ourdou) pour le festival qui se tient en l’honneur de Marie chaque année depuis 1949 du 8 au 11 septembre. Les festivités culminent le 8 septembre, jour où l’Eglise célèbre la solennité de la Nativité de la Vierge Marie, mère de Jésus.
Les fidèles se rendent au sanctuaire de tous les coins du pays, à pied ou à bicyclette, en train ou en bus, sur des véhicules décorés signalant qu’ils vont à la fête de la Vierge Marie. Les chrétiens d’autres confessions, ainsi que des musulmans, des hindous et des sikhs, se joignent aux catholiques en route vers la «ville de Marie» pour fêter ensemble et demander l’intercession de la Vierge Marie.
La victime était fils unique et c’était le seul qui gagnait sa vie et faisait vivre sa famille, car son père souffre de graves problèmes rénaux. Les militants des droits de l’homme, engagés dans la défense des chrétiens au Pakistan, ont dénoncé à cette occasion les nombreux meurtres, vols et pillages dont sont victimes les membres des minorités religieuses. Ils demandent une meilleure protection aux forces de l’ordre et aux autorités gouvernementales, car ces minorités sont fréquemment prises pour cible par les militants islamiques.
Encadré
Jusqu’en 1970, les chrétiens se réunissaient librement dans le village de Mariamabad pour leur festival marial, mais après l’adoption de la Constitution de la République islamique du Pakistan en 1973, des villageois musulmans des alentours ont manifesté de l’hostilité. Le sanctuaire marial abrite également l’église Sainte-Marie-et-Saint-Joseph, construite en 1898 à l’initiative d’un capucin belge, qui avait acheté en ce lieu un terrain pour accueillir des familles chrétiennes pauvres et persécutées. Les pèlerins s’y rendent pour demander aide et réconfort à la Mère de Dieu. Une grotte renfermant une statue de Marie de 3,5 m de haut jouxte l’édifice. En septembre 2005, le sanctuaire a accueilli les participants du premier Congrès eucharistique national.
Depuis près de soixante ans, le pèlerinage de Mariamabad est l’un des temps forts de la vie des catholiques du Pakistan, note «Eglises d’Asie» (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris (MEP): chaque année, à l’occasion du 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, les pèlerins affluent au sanctuaire. Cette année, plus de 600’000 croyants sont venus prier la mère du Christ, en dépit de pluies diluviennes et de nombreuses coupures de courant qui ont compliqué l’organisation des célébrations religieuses.
Selon le Père Akram Javed, recteur du sanctuaire marial, l’affluence de cette année n’égale pas celle de l’an dernier, où environ un million de croyants s’étaient déplacés. L’inflation et la hausse de frais de transport expliquent la diminution de l’affluence, explique le prêtre, qui rappelle que, si le pèlerinage est très populaire auprès du million et demi de catholiques du Pakistan (1 % de la population), il est aussi largement fréquenté par des musulmans, qui y vénèrent Sainte Marie (Hazrat Mariam) comme la mère du prophète Jésus. Cette année, tous, chrétiens ou croyants d’autres religions, étaient appelés à méditer sur le thème de «Marie, exemple le plus pur de l’esprit de service».
Dans ce pays musulman à 95 %, les fidèles des minorités religieuses vivent le plus souvent en citoyens de seconde classe. Le pèlerinage de Mariamabad est un des rares lieux où tous se mêlent de manière harmonieuse. Des éléments issus de la tradition religieuse du monde rural musulman sont présents durant les temps forts du pèlerinage, permettant ainsi aux musulmans de vivre pleinement un temps religieux semblable aux «mela», organisées autour du mausolée ou de la châsse d’un saint de l’islam, note EdA.
(*) www.pakistanchristianpost.com (apic/pcp/eda/be)
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