Philippines: La position des évêques sur la santé reproductive est «non négociable»
Manille, 8 septembre 2011 (Apic) La position des évêques catholiques des Philippines concernant le projet de la loi sur la santé reproductive est «non négociable». Ils ont réitéré leur opposition au projet de loi controversé intitulé «Reproductive Health» (RH Bill), que le gouvernement Aquino tente de faire passer en force au Parlement en septembre.
Cette loi, dont l’intitulé a été récemment modifié pour devenir «Responsible Parenthood, Reproductive Health and Population and Development Act» est combattue par l’Eglise depuis des années. Les évêques lui reprochent de mettre en place un financement public obligatoire de tous les moyens de contraception, l’introduction de l’éducation sexuelle dans les écoles, et surtout l’autorisation de l’avortement, pour le moment toujours interdit par la Constitution des Philippines.
L’opposition des catholiques, fortement majoritaires dans l’archipel, ne s’est pas relâchée de tout l’été. Les manifestations ont succédé aux campagnes de sensibilisation et aux sessions de travail des évêques avec les parlementaires favorables à la loi, à défaut de débattre avec le gouvernement du président Benigno Aquino. Ce dernier, qui, selon la Conférence des évêques catholiques de Philippines (CBCP), a depuis mai dernier «claqué la porte à toute possibilité de dialogue (…) en refusant de céder sur des points incompatibles avec la doctrine de l’Eglise» (*).
Dimanche 4 septembre, à la veille de la reprise des délibérations du Parlement philippin, Mgr Jose Palma, archevêque de Cebu, a réaffirmé que la prise de position de l’Eglise contre la RH Bill restait «non négociable». L’archevêque s’exprimait à l’occasion du rassemblement marial de Cebu qui a traditionnellement lieu le dimanche précédant la Nativité de la Vierge Marie, célébrée le 8 septembre. «Nous réjouissons Marie notre Mère lorsque nous soutenons la vie et suivons les valeurs de notre Seigneur et non pas celles du monde», a encore déclaré Mgr Palma.
Les subventions du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) sont la source principale de financement du programme de «santé reproductive» du gouvernement Aquino. Le cardinal Ricardo Vidal, ancien archevêque de Cebu, a appelé les catholiques à rester vigilants dans leur lutte contre le projet de loi. «Nous devons (…) continuer notre combat jusqu’à ce que [la loi] soit abandonnée», a-t-il déclaré sur les sondes de Radio Veritas, le 2 septembre dernier.
L’UNFPA a réaffirmé son soutien au gouvernement philippin «dans son effort pour atteindre ses objectifs fixés pour 2015», dont la réduction de la mortalité maternelle et l’accès pour tous à la santé reproductive. La députée philippine Janette L. Garin, vice-présidente du Comité sur la santé au Parlement et l’un des défenseurs les plus virulents de la RH Bill, précise que les subventions de l’UNFPA destinées au planning familial et à la santé reproductive étaient censées, non pas contrôler la croissance de la population, mais aider le pays à réduire la mortalité maternelle et à améliorer la santé de la mère et de l’enfant.
En réponse à la dernière volte-face du gouvernement, le secrétaire exécutif de la Commission pour la vie et la famille de la CBCP, le Père Melvin Castro, a fait remarquer que la principale raison qu’il a présentée pour expliquer l’utilité de la RH Bill – c’est-à-dire une surmortalité maternelle – n’avait plus de raison d’être, au regard d’une récente étude publiée aux Etats-Unis.
Selon ce rapport effectué par des chercheurs américains ayant travaillé sur 181 pays, le taux de mortalité maternelle aux Philippines a chuté de 81 % de 1980 à 2008. Contrairement à ce qu’affirment ses partisans, la loi sur la «santé reproductive» n’a pas pour objectif principal de réduire la mortalité maternelle, puisque qu’aujourd’hui cette mesure n’est plus nécessaire, a conclu le Père Castro.
(*) L’affrontement entre les évêques catholiques et le gouvernement de Benigno Aquino sur la RH Bill a commencé avec l’élection du président l’an dernier et culminé en octobre dernier avec la déclaration de Mgr Nereo Odchimar, évêque de Tandag et président de la Conférence des évêques catholiques de Philippines (CBCP), menaçant d’excommunication le président s’il persistait à faire voter le projet de loi. L’orage médiatique apaisé, le dialogue avait momentanément repris entre l’Eglise et le gouvernement pour faire place rapidement à une nouvelle mobilisation des catholiques début mai, lorsque que la RH Bill devait de nouveau être débattue au Parlement. Des manifestations, des rassemblements de prière et une neuvaine suivie dans tout le pays avaient précédé l’ouverture de la session parlementaire du 9 mai, rebaptisée «Journée nationale de prière» par les évêques et qui avait vu des milliers de catholiques participer à une manifestation géante avec de nombreuses associations, écoles et communautés religieuses dans tous les diocèses. Une Lettre pastorale de la CBCP, lue dans toutes les églises du pays, avait expliqué aux fidèles les raisons de la rupture des négociations entre le gouvernement et les évêques, les incitant à poursuivre leur campagne de «sensibilisation des consciences». (apic/eda/be)
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