Pakistan: La représentation des intérêts des chrétiens pakistanais est en danger

Mgr Coutts préoccupé par la liberté religieuse au Pakistan

Königstein, 9 août 2011 (Apic) La création du poste de ministre d’Etat pour l’harmonie nationale au Pakistan, après la dissolution le 1er juillet dernier du Ministère fédéral des minorités par le gouvernement d’Islamabad, suscite la crainte de la minorité chrétienne pakistanaise. La représentation des intérêts des chrétiens du pays est en danger, estime Mgr Joseph Coutts, évêque de Faisalabad.

Le président de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, interrogé par l’œuvre d’entraide catholique internationale «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED), s’est dit déçu de la décision du gouvernement de créer à la place un poste de ministre d’Etat pour l’harmonie nationale, attribué à Akram Masih Gill. L’évêque de Faisalabad a critiqué cette décision faite au détriment des chrétiens et tous ceux qui sont préoccupés par la liberté religieuse au Pakistan. Trois millions de Pakistanais, tant chrétiens qu’hindous, sikhs ou chiites, craignent en effet d’être muselés par la montée de l’extrémisme.

Mgr Joseph Coutts a relevé que le ministre d’Etat (un poste équivalant à celui de vice-ministre) Akram Masih Gill n’appartient plus au Cabinet ministériel, à la différence de son prédécesseur Shahbaz Bhatti, assassiné en mars dernier. Cela signifie que les chrétiens et les minorités ont désormais moins de poids. L’évêque a expliqué que Shahbaz Bhatti – un catholique – avait des responsabilités spécifiques quant à la promotion des intérêts des minorités religieuses, alors que celles d’Akram Masih Gill sont d’ordre plus général et visent la cohésion sociale dans un sens plus large.

Moins d’impact qu’un ministre fédéral

L’évêque de Faisalabad a poursuivi en disant que la perte d’un ministre de cabinet ne pouvait être compensée par la nomination du frère de Shahbaz Bhatti, Paul Bhatti, à titre de responsable des minorités pour le Premier Ministre du Pakistan, et celle d’Akram Masih Gill.

«Pour ma part, relève Mgr Coutts, il s’agit là d’une régression en ce qui concerne la représentativité des minorités. Bien qu’il soit vrai que la présence de M. Gill et du Docteur Bhatti représente deux voix pour faire entendre les minorités, elles n’auront pas le même impact que celle qu’avait Shahbaz Bhatti comme ministre fédéral».

La loi controversée sur le blasphème

L’assassin de Shahbaz Bhatti, abattu le 2 mars dernier, a déclaré avoir agi en réponse aux critiques que ce dernier avait faites à la loi sur le blasphème, qui est utilisée comme une arme contre les minorités, trop facilement accusées d’irrespect envers l’islam, en particulier envers le Prophète Mahomet, et de profanation du Coran.

Deux mois auparavant, l’assassin de Salman Taseer, le gouverneur du Punjab, avait évoqué les mêmes motifs. Le gouverneur souhaitait alors apporter des changements à cette loi, à cause d’une sentence de mort qu’avait reçue Asia Bibi, une chrétienne de 45 ans et mère de cinq enfants. Asia Bibi est actuellement en prison en attente de l’exécution de sa sentence pour avoir soi-disant insulté le Prophète Mahomet.

C’est le 1er juillet qu’est entré en vigueur le 18e amendement constitutionnel, voté par le Parlement pakistanais puis approuvé par le gouvernement le 28 juin dernier, qui décentralise sept fonctions ministérielles, dont le Ministère fédéral pour les minorités religieuses. Ces fonctions sont désormais affectées aux provinces. L’ensemble des minorités chrétiennes, mais aussi hindoues, sikhs et ahmadis, qui subissent les conséquences de l’islamisation et de la montée de l’extrémisme au Pakistan, ont dénoncé unanimement un «amendement constitutionnel auquel elles n’avaient pris aucune part». (apic/aed/eda/be)

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