Défense des intérêts ou aide désintéressée ?
Berne, 21 juillet (Apic) Le parti démocrate chrétien suisse (PDC) n’entend pas pousser à l’augmentation de l’aide publique au développement à 0,7% du revenu national brut. Et s’il réclame l’arrêt de l’aide aux pays où les chrétiens sont persécutés, il fait l’impasse sur les Objectifs du Millénaire (ODM) décrétés par l’ONU en l’an 2000.
Dans un papier de position de trois courtes pages présenté à la presse jeudi 21 juillet le PDC surfe, dans la tendance du moment, sur les notions d’efficacité et de visibilité.
Le PDC s’est engagé avec succès pour l’augmentation à 0,5% du revenu intérieur brut, relève la Conseillère nationale zurichoise Kathy Ricklin. «Mais aujourd’hui il faut être réaliste et il est difficile d’aller plus loin. Et si d’autres pays font nettement mieux que la Suisse, il faut également tenir compte de l’aide privée qui est importante.»
Le titre du document du PDC «Défense des intérêts ou aide désintéressé ?» indique bien où se situe l’enjeu pour le parti de centre droit. Le texte relève que la coopération au développement «représente pour la Suisse l’une des plateformes pour se profiler à l’étranger et développer des partenariats».
Face à la globalisation, à la pénurie de ressources, au changement climatique et à la monté des pays émergents, tels que la Chine et l’Inde, le PDC «exige la mise en place de nouveaux paramètres pour garantir une politique de développement efficace».
Le texte demande de développer et de soigner un plus grand nombre de partenariats dans les pays émergents sur la base de réflexions économiques, géographiques, sécuritaires ou migratoires.
Sans la nommer directement, le PDC critique la Direction de la coopération et du développement (DDC) qui fête cette année son 50e anniversaire. «ll faut une analyse critique des erreurs faites dans la coopération au développement», note le document sans pour autant donner d’exemple des erreurs auxquelles il fait allusion.
Le PDC remet également en question la limitation à 12 du nombre des pays prioritaires. «Cette limitation étroite risque de restreindre trop nos réseaux et nos partenariats au sein des organisations internationales.»
Au chapitre des propositions, le PDC suggère de créer «un fonds d’innovation aidant à réaliser des projets qui ne sont prévus dans aucun programme». Il faudrait transférer à ce fonds 20% des montants prévus pour l’aide bilatérale.
Pour le PDC, la création d’emplois et donc de revenus pour les populations devrait être un axe de la politique de coopération. Le parti du centre droit évoque à ce titre le «transfert des énergies vertes».
Autre aspect important pour le PDC, la persécution des chrétiens dans les pays musulmans. Le parti réclame de ne plus verser d’aide pour les pays où des persécutions ou des attentats contre les chrétiens ont lieu. «Il vaut mieux alors soutenir directement les communautés chrétiennes ou des projets spécifiques, permettant de consolider un contrepoids culturel aux fondamentalistes».
Le PDC se préoccupe enfin d’une «image cohérente de la Suisse vers l’extérieur». S’ils préconisent la coordination du travail des acteurs de développement, en particulier la DDC et le Secrétariat à l’économie (SECO), les démocrates chrétiens songent à «soigner encore l’image de la Suisse dans sa globalité, afin qu’elle soit perçue comme un pays uni».
Interrogée sur l’absence de référence aux Droits de l’homme et aux Objectifs du Millénaire dans le papier de son parti, Kathy Ricklin répond que «ces éléments vont de soi quand on parle de développement !» (apic/mp)
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