La CES met en garde contre les «entreprises profanes» fabriquant des hosties

Fribourg: La fabrication des hosties serait menacée, sans que les sœurs ne soient au courant

Fribourg, 20 juillet 2011 (Apic) Le présidium de la Conférence des évêques suisses (CES) encourage les paroisses à acheter des hosties auprès des communautés religieuses actives dans le secteur. Il s’agit de lutter contre la concurrence «d’entreprises profanes», fait savoir la CES dans un communiqué daté du 5 juillet 2011 et paru dans «Evangile et mission», le bimensuel officiel des diocèses romands, le 20 juillet. Une concurrence dont les religieuses fabriquant les hosties ne semblent pas avoir eu vent.

«Depuis un certain temps, des entreprises profanes essaient de prendre pied sur le marché suisse des hosties, en proposant des prix autres que ceux en vigueur dans notre pays. Nous tenons à redire notre estime et notre soutien aux communautés religieuses actives dans le secteur, dont les conditions de vie dépendent en grande partie de la confection des hosties», écrit la CES. Les évêques tiennent ainsi à renouveler aux paroisses «leur recommandation» à se procurer des hosties auprès des communautés monastiques du pays.

Interrogée par l’APIC, Sœur Claire, responsable de la fabrication des hosties, à l’abbaye cistercienne de la Fille-Dieu, à Romont, n’a pas eu vent d’une telle concurrence sur le marché suisse des hosties, et encore moins du communiqué de la CES. Même son de cloche chez Sœur Marie Albert, du Monastère Notre-Dame de Géronde, à Sierre. Cette dernière a cependant remarqué une baisse des ventes d’hosties, ces derniers temps. «C’est peut-être une période comme ça. Il y a des vagues. On ne sait pas si c’est parce qu’il y a moins de communions ou si c’est parce que les paroisses s’approvisionnent ailleurs», explique-t-elle.

Selon la religieuse, il y a bien eu une tentative de fabrication d’hosties de la part des moines du Bouveret, il y a 2 ou 3 ans. «Ils ont vite été mis au pas par l’évêché», raconte Sœur Marie Albert, qui ne s’inquiète pas outre mesure d’une possible concurrence «d’entreprises profanes». Elle ajoute: «Cette idée est étonnante, car il faut des machines exprès pour ça. Et puis il y a tout un savoir-faire…»

Grosse concurrence en France

A Romont, Sœur Claire est moins sereine. Elle fait référence à la France, où le marché des hosties est soumis à rude concurrence par des producteurs étrangers, notamment des polonais, qui cassent les prix. Tout comme en Suisse, la vente des hosties y est vitale pour la survie de certaines communautés religieuses.

«Nous avons de la chance que la tradition de la fabrication des hosties par les communautés religieuses soit bien ancrée en Suisse et soutenue par les évêques, qui nous garantissent les prix. Ces derniers sont les mêmes dans tout le pays. On se dit que si un jour cela devait arriver (la production par des entreprises privées, ndlr), cela représenterait vraiment un grand danger pour nous. Il faut qu’on y songe et qu’on ait une discussion à ce sujet», conclut la religieuse.

Du côté de la CES, impossible d’obtenir plus de détails sur ce communiqué pour le moins laconique. Le 20 juillet, personne n’était en mesure d’expliquer à l’APIC qui sont ces «entreprises profanes» et d’où proviennent les informations concernant cette nouvelle concurrence.

ENCADRE

Les communautés romandes confectionnant des hosties

En Suisse romande, six communautés fabriquent des hosties. Il s’agit des Sœurs de l’abbaye cistercienne de la Fille-Dieu, à Romont; des Sœurs de Notre-Dame de la Maigrauge, à Fribourg; des Sœurs Bernardines de Collombey (VS); des Sœurs dominicaines d’Estavayer-le-Lac; des Sœurs de Notre-Dame de Géronde, à Sierre, et des Capucines de Montorge, à Fribourg. (apic/com/em/nd)

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