Syrie: Amnesty International dénonce des crimes commis lors d’opérations à Tell Kalakh
Damas, 6 juillet 2011 (Apic) Dans un nouveau rapport, Amnesty International documente et dénonce les méthodes brutales utilisées par les forces de sécurité syriennes à Tell Kalakh, à l’ouest du pays. Les atteintes aux droits humains commises dans le cadre de ces opérations semblent correspondre à la définition de crimes contre l’humanité, affirme l’organisation de défense des droits humains dans un communiqué diffusé le 6 juillet.
Les faits reportés dans le rapport «Crackdown in Syria: Terror in Tell Kalakh» (Mesures de répression en Syrie: Terreur à Tell Kalakh) se fondent sur des entretiens menés auprès de réfugiés au Liban et par téléphone auprès de plus de 50 témoins oculaires. Amnesty international n’est quant à elle pas autorisée à se rendre en Syrie. Les témoignages portent sur une opération des forces de sécurité qui a débuté le 14 mai 2011 à Tell Kalakh.
«Les témoignages décrivent la brutalité des méthodes employées par les forces de sécurité à Tell Kalakh le 14 mai 2011», dénonce Amnesty International. Ainsi, les forces de sécurité ont arrêté arbitrairement des personnes, les ont enfermées dans des prisons militaires, maltraitées et torturées. La Sécurité militaire a recouru à la méthode de torture dite du shabah (fantôme), selon laquelle un détenu est contraint à adopter une position douloureuse pendant de longues périodes. Certains détenus attachés dans la position du shabah ont reçu des décharges électriques. Dans un autre cas, des soldats transportant des détenus ont compté combien de personnes ils avaient arrêté en écrasant des cigarettes sur la nuque de celles-ci. Même des personnes blessées ont été arrêtées et torturées.
Au moins neuf personnes sont mortes au moment de leur détention, rapporte l’organisation de défense des droits humains. Les membres des familles qui ont été appelés à identifier les morts à l’hôpital militaire ont rapporté avoir vu des traces de torture et de mauvais traitements. Plusieurs milliers de personnes craignant pour leur vie ont dû fuir au Liban, subissant même des tirs de snipers au moment de leur fuite. Certains des parents qui ont demandé des nouvelles de leurs enfants disparus aux autorités n’ont reçu aucune information, et ont souvent été maltraités. Amnesty affirme savoir que plusieurs personnes de Tell Kalakh se trouvent encore incarcérées à l’heure actuelle.
«L’exemple de Tell Kalakh montre que les forces de sécurité syriennes ont commis des crimes systématiques contre la population civile afin d’étouffer toute forme de protestation. La plupart des violations des droits humains documentées correspondent à la définition de crimes contre l’humanité. Elles relèvent donc de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI)», affirme Amnesty International, qui a à nouveau exhorté le Conseil de sécurité des Nation unies à saisir le procureur de la Cour pénale internationale de la situation en Syrie. (apic/com/bb)
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