L’Etat manque de rigueur face au commerce des arachides
Dakar, 22 juin 2011 (Apic) La Conférence épiscopale du Sénégal (CES) s’est plainte des conditions de vie difficiles des paysans du pays. Cet appel évoque les difficultés de survie consécutive au non paiement des revenus de leurs récoltes d’arachides depuis la campagne agricole, ouverte en novembre 2007 et terminée en mars dernier.
En milieu rural au Sénégal, les paysans tirent l’essentiel de leurs ressources économiques, de la vente de leurs récoltes, notamment celles de l’arachide dont le pays est l’un des grands producteurs au monde. L’état s’est désengagé de ce circuit de vente et d’achat, le laissant à des opérateurs privés et aux industriels. Or, ces partenaires ont du mal à respecter leurs engagements auprès des agriculteurs, créant un malaise en milieu paysan, accentuant du coup la pauvreté et la misère, les paysans n’ayant pas d’autres sources de revenus.
Lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de leur deuxième session ordinaire de l’année pastorale, du 14 au 17 juin), les évêques de la CES ont rappelé que dans certaines localités du pays, soit les campagnes de vente d’arachide sont en retard, soit les paysans ne sont toujours pas payés, après la vente de leur production d’arachide aux opérateurs privés et aux industriels. Ils ont dénoncé un «manque de rigueur» de l’état, tout en réclamant des mesures pour que «les choses puissent être réglées, afin que les paysans puissent vivre un hivernage normal». Au Sénégal, l’hivernage ou saison des pluies, dure, selon les régions, de juin à octobre de chaque année.
Depuis plusieurs années, les paysans sénégalais éprouvent problèmes pour vendre leurs récoltes d’arachides ou, s’ils y parviennent, à percevoir leur argent. En lieu et place de liquidité, ils reçoivent des tickets, qu’ils doivent présenter chaque fois aux opérateurs privés ou aux industriels pour être payés.
Par ailleurs, les évêques, qui été reçu audience par le président Abdoulaye Wade, à la fin de leurs travaux, ont abordé avec lui le problème de «l’approvisionnement régulier et suffisant» en médicaments des postes de santé privés catholiques et l’éducation religieuse dans les écoles publiques. Les détails sur ces deux points n’ont pas été précisés.
Au sujet de la vie politique nationale, Mgr Jean-Noël Diouf, président de la CES, et évêque de Tambacounda (Est), a exprimé sa préoccupation face à la situation actuelle, à huit mois de l’élection présidentielle du 26 février 2012. Il répondait à une question de la presse sur un projet de loi adopté le 16 juin en Conseil des ministres, en vue d’instituer lors de la prochaine présidentielle, un ticket de l’élection simultanée au suffrage universel, du président et du vice-président de la République. L’annonce de ce projet de loi a mis les partis politiques de l’opposition et les organisations de la société civile dans une grande colère. Ils ont appelé la population à s’y opposer par tous les moyens légaux, estimant qu’il n’offre pas aux citoyens, la possibilité de choisir un successeur au président Wade, mais donne le pouvoir à ce dernier, d’imposer au peuple son successeur.
Pour le cardinal Théodore Adrien Sarr, archevêque de Dakar, il est prématuré pour l’Eglise catholique, de se prononcer, tout en estimant que «ceux qui dirigent les pays doivent faire du bien pour le pays». «Si une Constitution évolue trop, elle devient banale, il y a des règles démocratiques qu’il faut respecter», a-t-il encore fait remarquer. «Il faut que les élections qui viennent se passent dans la clarté, dans le respect de la volonté des populations et que les résultats soient conformes avec les besoins des populations. Et pour se faire, ceux du pouvoir comme de l’opposition, ont le devoir de préserver la paix», a-t-il enfin indiqué. (apic/ibc/bb)
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