Premier chrétien depuis 50 ans
Istanbul, 15 juin 2011 (Apic) Un chrétien syriaque, Maître Erol Dora, avocat de 47 ans, a été élu au Parlement turc à l’occasion des élections du 12 juin 2011. Il s’engagera «à être la voix des communautés chrétiennes en Turquie», a rapporté l’agence «Fides».
Maître Erol Dora a été élu à Mardin, dans la région du Sud-est, comme candidat indépendant du parti «Travail, Démocratie et Liberté». Il a reçu le soutien du «Parti pour la Paix et la Démocratie» (BDP) kurde. Ce dernier est le grand gagnant des élections. Il compte désormais 36 députés au Parlement, contre 22 en 2007, et peut ainsi former un groupe.
L’élection de Maître Dora représente un progrès pour le pays. «Le concept de citoyenneté s’élargit, y compris envers les groupes ethniques et culturels non turcs», a estimé le nouvel élu. Le souhait est désormais que toutes les autres composantes minoritaires de la société – syriaques, arméniens, juifs – puissent s’engager en politique.
Le «Parti de la justice et du développement» (AKP) a remporté les élections législatives, avec 49,93% des voix. Il détient la majorité absolue au Parlement, avec 326 députés sur 550 sièges. Mais malgré sa victoire, l’AKP ne parvient pas à avoir la majorité des deux tiers (367 députés), lui permettant de réviser la Constitution par voie parlementaire.
«L’élection de Maître Dora est véritablement un bon signal pour le pays», a commenté le Dominicain Lorenzo Piretto, vicaire délégué du vicariat apostolique d’Istanbul. «En tant qu’avocat, Dora défend souvent les chrétiens impliqués dans des procès et représente une référence pour la défense de leurs droits. Un chrétien au Parlement national, cela ne se voyait pas depuis de nombreuses décennies», a-t-il déclaré.
La condition des minorités religieuses pourrait s’améliorer. Car «le gouvernement de l’AKP a donné par le passé de nombreux signes positifs d’ouverture, qui, nous l’espérons, se poursuivront et s’amplifieront. Ce qui est fondamental, a affirmé le vicaire, c’est la reconnaissance de la personnalité juridique des communautés religieuses». Et de poursuivre: «Nous attendons avec confiance que l’on parvienne à la pleine reconnaissance légale, comme c’est le cas en Europe».
Aujourd’hui, la Turquie doit «élargir le concept de liberté religieuse, qui ne peut demeurer limité à la liberté de culte», a estimé le vicaire. Mais «l’opinion publique semble, en général, encore distante de ces problèmes».
La communauté chrétienne en Turquie, un an après l’assassinat de Mgr Luigi Padovese, espère «que cet événement tragique porte des fruits spirituels et concrets dans le domaine du respect et de l’estime entre croyants de religions différentes», a conclu le Père Piretto. (apic/fides/pa/ggc)
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