Brésil: La mémoire des victimes de la dictature sauvegardée par les Eglises

Le Conseil œcuménique des Eglises révèle une page noire de l’histoire du Brésil

Sao Paulo, 14 juin 2011 (Apic) Le Conseil œcuménique des Eglises (COE) transmet des archives concernant les exactions commises par le régime militaire brésilien, entre 1979 et 1985, à la justice du pays d’Amérique latine, le 14 février 2011, indique l’agence œcuménique Eni. Soumis à la dictature de 1964 à 1985, de nombreux Brésiliens ont été victimes de tortures ou d’assassinats.

Les trois boîtes de documents, archivées jusqu’alors au siège du Conseil œcuménique des Eglises à Genève, devraient être remises au procureur de Sao Paulo avant d’être confiées au procureur général du Brésil. Pour Juan Mendez, rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, ces archives, contenant des données susceptibles de compenser la disparition des dossiers de la Cour supérieure militaire brésilienne, devraient pousser la justice à agir. «Je ne peux qu’exprimer l’espoir que les procureurs et juges brésiliens honoreront ces documents en ouvrant des enquêtes contre les tortionnaires et en révélant la vraie nature de ces pratiques à la société brésilienne». D’après Human Rights Watch, le Brésil n’a jamais poursuivi ceux qui s’étaient rendus coupables d’exactions durant la dictature, en vertu de la loi d’amnistie de 1979.

Documenter les exactions et les faire savoir au monde

Les informations ont été récoltées par des avocats dissidents et des responsables religieux de 1979 à 1985. Ils les avaient copiées dans le secret et les avaient envoyées au COE. «C’est une preuve remarquable du courage des citoyens brésilien, et tout particulièrement des avocats et responsables religieux, qui considéraient comme leur devoir de documenter ce qui se passait et de le faire savoir au monde», a déclaré le pasteur Olav Fyske Tveit, secrétaire général du COE.

D’après le pasteur Charles Harper, ancien responsable au COE, «les documents sont complets et contiennent des récits détaillés de chaque personne enlevée, interrogée, torturée et tuée par les forces de sécurité.» Et d’ajouter que les officiers militaires brésiliens ont gardé obsessionnellement trace de «chaque individu qui torturait, de chaque individu torturé et même des méthodes utilisées.»

Le projet de sauvegarde des documents a été conduit à bien sous la direction du cardinal Paulo Evaristo Arns, archevêque émérite de Sao Paulo, et coordonné par le pasteur Jaime Wright, avec le soutien financier du COE. Un exemple édifiant du rôle joué par le Conseil œcuménique des Eglises dans la documentation des abus et tortures qui adviennent sous les régimes militaires, estime Olav Tveit. (apic/eni/amc)

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