Dépasser la grave crise des dernières années
Toulouse, 30 mai 2011 (Apic) Après une crise de plusieurs années en raison de graves dysfonctionnements internes et d’affaires d’abus sur mineurs, la Communauté catholique des Béatitudes, liée à la mouvance charismatique, est en phase de se restructurer en adoptant de nouveaux statuts, indique le journal «La Croix». Quant à Philippe Madre, diacre et ancien modérateur général des Béatitudes de 1985 à 1992, il est définitivement renvoyé de l’état clérical.
Les nouveaux statuts prévoient en particulier de distinguer trois branches au sein de la communauté des Béatitudes : les hommes consacrés, dont les prêtres, les femmes consacrées et les laïcs, célibataires ou mariés. Les statuts viennent d’être envoyés aux quelque 800 membres de la communauté à travers le monde. Ceux-ci ont jusqu’à la Pentecôte, le 12 juin, pour renvoyer leur lettre d’adhésion personnelle. «Les réponses déjà reçues sont très positives», se réjouit le dominicain Henry Donneaud, commissaire pontifical des Béatitudes, nommé par Rome en septembre 2010.
Les Béatitudes pourraient devenir ainsi l’une des premières grandes communautés à adopter la nouvelle forme de vie consacrée, selon l’appellation de «famille ecclésiale de vie consacrée» élaborée sous le pontificat de Jean Paul II. «Il s’agit d’une protection pour développer la spécificité de chaque état de vie, tout en permettant une authentique communion de vie. C’est un cadre nouveau pour une réalité nouvelle, dont le but est de favoriser justement cette communion forte d’état de vie différents, communion dans laquelle les laïcs ne sont pas un simple tiers-ordre, mais partie intégrante, partie essentielle au cœur de la communauté et de son charisme,» explique le Père Donneaud.
Fin juin, et pour autant que la majorité des membres aura accepté les nouveaux statuts, l’ancienne communauté sera dissoute et une nouvelle communauté du même nom sera érigée par Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, en charge du dossier. Ce processus de reconfiguration fera passer la communauté des Béatitudes de l’état d’association privée internationale de fidèles à celui d’association publique de fidèles de droit diocésain.
Mise en cause au cours de l’année 2007, en raison de graves dysfonctionnements internes et d’affaires d’abus sur mineurs commis dans diverses maisons, la communauté des Béatitudes, a vu prolonger de deux ans par le Vatican l’approbation provisoire «ad experimentum», avec un certain nombre de directives précises. Ainsi, le Conseil pontifical pour les laïcs, tout comme la conférence des évêques de France, avaient constaté que le port de l’habit monastique et l’usage d’un prénom de profession, chez certains des laïcs des Béatitudes, étaient non conformes au statut de laïc revendiqué par la communauté. Ils avaient demandé à chacun de clarifier sa vocation, à savoir de choisir entre la vie monastique ou celle d’une communauté de laïcs.
Il était en outre réclamé des Béatitudes de cesser ses pratiques d’accompagnement psycho-spirituel car elles comportaient un mélange entre les différentes dimensions de la personne pouvant s’avérer nocif. Concernant le statut des personnes vivant en famille, les autorités ecclésiales exigeaient qu’elles aient une habitation séparée et indépendante, et puissent exercer une activité professionnelle rémunérée et avec la couverture sociale prévue par la législation.
En octobre 2009, une assemblée générale a mis en route un processus de réforme, tandis qu’au Vatican le dossier passait du Conseil pontifical pour les laïcs à la Congrégation des instituts de vie consacrée et des société de vie apostolique. Le Père dominicain Henry Donneaud a été nommé en juillet 2010 assistant religieux de la communauté, puis, en septembre, commissaire pontifical chargé de coordonner la vie de la communauté et de mener à bien la révision des statuts. Une fois le processus de abouti, la communauté pourra à nouveau élire ses organes dirigeants.
Quant à Philippe Madre, ancien modérateur général de 1985 à 1992, il a été officiellement exclu de la communauté des Béatitudes en 2010 et définitivement renvoyé de l’état clérical en 2011. Il n’a plus désormais «aucune mission canonique ni diaconale», précise Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse.
Médecin, père de deux enfants et beau-frère d’Ephraïm, fondateur des Béatitudes, Philippe Madre était membre de la communauté depuis ses débuts en 1975. Il en avait été le modérateur général de 1985 à 1992. Ordonné diacre permanent pour le diocèse d’Albi, il a été accusé dès 2003 d’»abus sexuel par personne ayant autorité», dans le cadre de ses accompagnements spirituels.
Après un jugement en première instance rendu le 20 mai 2010 par l’officialité interdiocésaine de Toulouse, Philippe Madre a fait appel, se défendant de cette accusation provenant, selon lui, de l’ancien modérateur général. En seconde instance, l’officialité de Rodez a confirmé en janvier 2011 la première sentence. L’avocat de Philippe Madre a alors eu recours à la Signature apostolique, la plus haute instance de jugement ecclésiastique au Saint-Siège, pour vice de forme. Mais ce recours n’a pas été pris en compte. Philippe Madre en conséquence est bien «déclaré coupable de faits délictueux qui lui ont été reprochés, conformément au code de droit canonique». Philippe Madre et son épouse s’étaient éloignés de la communauté depuis plusieurs années pour s’installer en Vendée. (apic/cx/mp)
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