Plein succès des journées «Bible ouverte» à Bulle
Bulle, 16 mai 2011 (Apic) Les journées «Bible ouverte» se sont achevées dimanche 15 mai à Bulle sur des notes plus que positives. Retour sur une manifestation œcuménique qui a permis, du 10 au 15 mai, d’aborder la Bible par l’art et la théologie.
Elom Abgenouvon
Ce dimanche 15 mai en fin d’après-midi, à l’heure du premier bilan de «Bible ouverte», qui a fait de Bulle la capitale du livre sacré pendant six jours, l’abbé Jean-Claude Dunand et le pasteur Gérard Stauffer étaient aux anges. Pour une première édition, la manifestation a été un succès. L’abbé Dunand, président du comité d’organisation était très touché par la mobilisation et la participation : «Ce fut une occasion de se rendre compte que la parole habite les enfants, les adolescents, les adultes et les personnes âgées. La nourriture terrestre perd sa saveur à un moment donné, mais celle de la Bible demeure à jamais. Elle est vivante ta Parole Seigneur», s’exclame t-il.
Pour le pasteur Stauffer de l’église réformée de Bulle-Gruyère, ce fut un moment œcuménique unique : «Nous venons de vivre un véritable grand moment œcuménique. Nous n’avons pas fait d’œcuménisme de façade, car c’est un projet que nous avons construit ensemble, main dans la main, du début à la fin. Et le résultat est merveilleux».
La manifestation avait ouvert ses portes six jours plus tôt avec l’exposition de dix tableaux bibliques du peintre genevois Jean-Luc Bouchardy, suivie le week-end par des conférences, des expositions, des visites de monuments ainsi que des spectacles.
L’un des moments forts fut la représentation de la pièce «L’Evangile selon Pilate» d’Eric-Emmanuel Schmitt, par la troupe française «Antibes Art Passion», devant plus de 170 spectateurs, le samedi soir, à l’aula du CO de Bulle. Sur scène, Lionel Bussard et Jean-Pierre Francès ont tenu en haleine un public conquis par cette redistribution mise en scène par Frédérique Francès. Un jeu d’acteurs salué par tous les spectateurs. L’objectif de cette pièce est de susciter des questionnements, relève M. Francès.»C’est carrément une enquête policière. Et qui dit enquête dit questions. Qu’on soit croyant ou pas, à la sortie on continue de se poser des questions», commente celui qui se déclare pourtant lui-même agnostique.
Les visites des monuments, comme la chapelle du couvent Notre-Dame-de-Compassion, l’église St-Pierre-aux-Liens et le temple réformé, ont eu beaucoup de succès. Selon Denis Buchs, ancien conservateur du Musée gruérien et de la Bibliothèque de Bulle, la chapelle Notre-Dame-de-Compassion était un haut lieu du pèlerinage marial, bien avant Les Marches ou Bourguillon. Elle était sous la responsabilité des capucins. Epargnée par le grand incendie du 2 avril 1805 qui a détruit Bulle, elle servira de lieu de culte principal en attendant la reconstruction de l’église St-Pierre-aux-liens. On a découvert aussi que cette dernière fut l’une des plus vieilles églises du canton et dont les origines remonteraient bien avant le 9e siècle.
Au temple réformé, le pasteur Gérard Stauffer rappelle que la présence des protestants en Gruyère remonte à 1838. Mais ce n’est qu’en 1894 que le temple, financé par les protestants vaudois, sera inauguré, avec des modifications successives au fil des années. C’est ainsi que le lieu de prédication sera déplacé à gauche pour faire place à une imposante croix, dressée dans le chœur. «C’est un choix des responsables de l’époque de mettre la prédication de la Parole au service du ressuscité», commente M. Stauffer.
Après sa prédication lors de la célébration œcuménique du dimanche matin, le père Charles Morerod a tenu l’après-midi une conférence sur le thème «Pourquoi lire la Bible ?», dans la chapelle du couvent Notre-Dame-de-Compassion. Selon ce fils de la région, actuel recteur de l’Université pontificale Saint Thomas d’Aquin à Rome, l’idée de Dieu a guidé mais aussi déçu plus d’une vie. Lire la Bible, c’est s’intéresser à la question de Dieu. Mais de nombreuses questions demeurent autour du livre sacré : comment savoir que la Bible est bien la parole de Dieu ? Ou encore, faut-il se limiter aux écritures ou il y a bien d’autres moyen de vivre et d’approfondir sa foi comme la catéchèse ?» Selon le Père Morerod, «le christianisme n’est pas une religion de livre, mais avant tout une religion de personne : Jésus-Christ. C’est avec lui que nous sommes en relation. C’est un dialogue avec Jésus. Nul ne connaît Dieu, mais son Fils venu au milieu de nous, nous l’a fait connaître comme le dit le début de l’évangile selon saint Jean». Le lien avec le Christ prime donc sur le livre.
Dans un registre plus artistique, le peintre Jacques Cesa a expliqué au public la démarche des enfants pour réaliser les œuvres exposées sous les Halles. Les enfants ont dans un premier temps réfléchi durant les vacances de Pâques à l’état du monde actuel : «J’étais impressionné par leurs inquiétudes : guerre, famine, nucléaire, pollution, peurs diverses. Pour leur âge ils sont très attentifs aux actualités. Il a fallut gommer toutes ces images négatives, faire table rase de tout cela et repartir de rien. Ils voulaient alors réinventer le monde, tout comme dans la Genèse, recommencer le travail de la création», commente l’artiste. Le fruit de leurs inspirations, ce sont des dizaines de tableaux individuels, dont deux grands panneaux illustrant le jour et la nuit ainsi que les luminaires, représentés par un grand mobile en cuivre au centre de l’exposition.
Les organisateurs se laissent le temps de digérer ce succès, d’évaluer la manifestation et de voir la suite à donner au concept. (apic/eab/mp)
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