Le monde politique et l’Eglise présents au rendez-vous de Yamoussoukro
Yamoussoukro, 10septembre(APIC) Le pape Jean Paul II a consacré lundi matin par une messe, en présence de plus de 100’000 fidèles, la basilique
«Notre-Dame-de-la-paix» de Yamoussoukro, «offerte» à l’Eglise catholique
par le président Houphouët Boigny. Payée par ce dernier «de sa poche», cette basilique, dont le coût est estimé à quelque 250 millions de francs, est
d’ores et déjà appelée la «cathédrale de la discorde».
De nombreuses personnalités du monde politique et de l’Eglise s’étaient
donnés rendez-vous à Yamoussoukro, parmi lesquelles Pik Botha, ministre
des Affaires étrangères d’Afrique du Sud, le ministre français pour la Coopération, Jacques Pelletier, Jean-Christophe Mitterrand, fils du président
français, plusieurs cardinaux et évêques de 18 pays africains, ainsi que
les chefs des quinze circonscriptions islamiques de Côte d’Ivoire.
Le cardinal Francis Arinze (Nigeria), président du Conseil pour le Dialogue inter-religieux (Rome) a résumé le sentiment de nombreux Africains:
un Africain peut ne pas avoir de maison, cela ne l’empêche pas de se réjouir de voir une belle maison de Dieu.
La basilique, dont près de 80% des coûts de construction sont retournés
en Europe (le marbre vient de Carrare et les vitraux de France), est construite sur le modèle de St-Pierre de Rome . Elle peut contenir 20’000 personnes et dispose de quelque 7’000 places assises.
Depuis le 1er septembre, Jean Paul II effectue son 7e voyage en Afrique.
Initialement, le pape ne devait se rendre qu’en Tanzanie, au Burundi et au
Rwanda. Une brève étape a été ajoutée à ce nouveau périple africain, le 49e
hors d’Italie: la Côte d’Ivoire, pour permettre au pape de consacrer la basilique de Yamoussoukro, avant de regagner Rome lundi dans l’après-midi.
Jean Paul II a donc conclu sa septième visite pastorale en Afrique par
un bref séjour en Côte d’Ivoire, un pays qui avait déjà reçu sa visite en
1980 et en 1985 et qui est désormais le seul pays africain à avoir accueilli le pape à trois reprises. Jean Paul II, qui est arrivé dimanche 9 septembre en fin de journée à Yamoussoukro pour une une visite de courtoisie
au président Félix Houphouët-Boigny, devait entamer cette dernière journée
de lundi par la consécration de la basilique Notre-Dame-de-la-Paix pour la
terminer par une réunion finale du Conseil du Secrétaire général du synode
des évêques pour l’assemblée spéciale pour l’Afrique.
Yamoussoukro, village natal du président ivoirien, est devenu en 1983,
par la volonté de ce dernier, la capitale de la Côte d’Ivoire, en lieu et
place d’Abidjan (2,5 millions d’habitants). Après avoir connu un développement vertigineux, la ville, dont le président voulait faire une sorte de
nouvelle Brasilia, a vu sa croissance brutalement enrayée ces dernières années suite à la chute du prix du café, dont le pays est le premier producteur africain, mais plus encore du cacao, dont il est leader mondial. Suite
à ces difficultés, des troubles graves ont éclaté dans le pays au début de
cette année.
L’un des projets prestigieux conçu pour Yamoussoukro par le président
ivoirien a été la construction de cette gigantesque basilique. L’édifice,
dont la construction a été entamée en 1986, est construit sur un terrain de
130 hectares; sa coupole pèse 310 tonnes et une croix de 149 mètres de haut
domine la cathédrale.
L’initiative du président ivoirien a suscité de nombreuses critiques, en
raison de la disproportion entre la dépense et la pauvreté de la plus grande partie de la population, même, – et c’est un premier objet de controverse – si le président Houphouët-Boigny dit y avoir engagé ses propres deniers. Reçu en audience au Vatican en début 1989, ce dernier a fait don
de la basilique au pape. Un cadeau bien encombrant, et ce n’est qu’après
plusieurs mois de réflexion que le pape se résoudra à l’accepter. En y mettant une condition: que le président ivoirien «réalise des oeuvres complémentaires en faveur de la jeunesse et des malades». Après avoir consacré la
basilique, Jean Paul II a en effet posé la première pierre d’un centre social et sanitaire. L’ensemble du complexe – la basilique et les services
annexes – seront gérés par une fondation internationale.
Le vrai sanctuaire: l’homme
Dans l’homélie de la messe qu’il a célébrée dans la basilique, Jean Paul
II a observé que «les matériaux des temples faits de mains d’homme, quelle
que soit leur valeur, reste soumis aux lois des temps. Ils peuvent être détruits. Seul est indestructible le sanctuaire construit sur le Christ».
«En vérité, a ajouté le pape, le vrai sanctuaire, la demeure de Dieu
parmi les hommes, c’est l’homme lui-même, dans la mesure où l’édifice est
solidement construit sur le fondement de Jésus-Christ. S’adressant aux
«frères et soeurs qui bâtissez l’Eglise dans vos villes et vos villages, en
tant de lieux de la terre d’Afrique», Jean-Paul II a souligné que «chacune
de vos églises, la plus humble de vos chapelles, est aussi le signe du vrai
sanctuaire que le Christ rend ferme et vivant, le sanctuaire fait de pierres vivantes».
Au début de son homélie, Jean-Paul II avait fait allusion à la construction, «grâce à la générosité de Monsieur Félix Houphouët-Boigny», d’un centre social, d’un hôpital et d’une institution de formation destinée à la
jeunesse; ce qui permet de réunir dans un même lieu «le rassemblement dans
la foi et le service fraternel concret».
Après la consécration de la basilique, le pape a béni la pierre non seulement d’un centre social et d’un hôpital, mais également de plusieurs
églises paroissiales et de la future université catholique de Yamoussoukro.
(apic/cip/gar/ba/pr)
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