Suisse: A la rencontre des communautés chrétiennes qui sortent de l’ordinaire

Des missions catholiques aux Eglises de migrants

Fribourg, 3 mai 2011 (Apic) Du mois de mai au mois de juin, l’Apic part à la rencontre de communautés chrétiennes qui sortent de l’ordinaire. L’occasion de découvrir quelques aspects du pluralisme chrétien, qui fait la Suisse d’aujourd’hui.

En Suisse, les immigrés ne sont pas que musulmans, juifs, hindous ou bouddhistes. En 2000, lors du recensement fédéral de la population, 57 % d’entre eux étaient chrétiens. Et comme tous les migrants, ils ont apporté dans leurs bagages leur tradition, leur foi et parfois même leur Eglise.

Du mois de mai au mois de juin, l’Apic présente six communautés chrétiennes qui sortent de l’ordinaire. Des évangéliques chinois aux catholiques érythréens, en passant par les russes orthodoxes, les liturgies se succèdent mais ne se ressemblent pas. Car la foi se vit aujourd’hui plus que jamais dans la diversité. Un phénomène déterminant pour l’avenir du christianisme en Suisse, qu’il s’agisse de pluralisme intégré, comme dans l’Eglise catholique, ou de structures indépendantes, comme on les rencontre dans les milieux protestants.

Des missions pour les étrangers de Suisse

L’Eglise catholique romaine a ses missions en Suisse, des communautés catholiques de langue étrangère qu’elle intègre dans ses structures. Le phénomène date du 19e siècle, mais il prend de l’ampleur après les années 1950, avec l’arrivée des saisonniers. Les Italiens par exemple, ne recevaient pas la visite des prêtres suisses dans leurs baraquements. C’est pourquoi on fit venir des hommes d’Eglise directement de leur pays d’origine.

La Suisse compte actuellement 107 missions catholiques, dont la moitié italophone. Les autres sont albanaises, croates, polonaises, slovaques, espagnoles, tchèques, vietnamiennes, coréennes, philippines, portugaises, slovènes, tamoules et hongroises. En plus des différences linguistiques, il existe divers rites, qui représentent des obligations spécifiques pour l’Eglise. Ces dernières années, avec la diminution des sommes allouées à Migratio par la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), le nombre des missions s’est réduit. Une aberration selon Marco Schmid, directeur de Migratio: «Les migrants ne sortent pas de l’Eglise. Ce sont eux qui paient les taxes. Si le soutien des étrangers reste stable, pourquoi la part qui leur est redistribuée doit-elle diminuer?»

Pour Marco Schmid, les missions sont un instrument essentiel d’intégration. Pour les migrants, elles représentent un cadre de référence stable et permettent de développer un réseau. Il ajoute qu’elles répondent à un désir profond de la population: les personnes âgées préfèrent suivre la messe dans leur langue maternelle alors que les jeunes gens aiment que leur union soit bénie dans une mission. Elles permettent enfin d’apporter à tous la «Bonne Nouvelle», quelle que soit la langue parlée.

Des Eglises de migrants

Lorsqu’on parle d’Eglises de migrants, on fait référence à des réunions de chrétiens – autour de critères linguistiques, ethniques, théologiques ou ecclésiaux –, considérées par leurs membres comme des Eglises. La majorité de ces Eglises ont été créées à la fin du 20e et au début du 21e siècle suite à l’afflux d’immigrés fuyant les guerres, les crises économiques, humanitaires et écologiques.

La Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) estime qu’elles sont plus de 300 en Suisse, regroupant plusieurs milliers de migrants. Les membres proviennent essentiellement d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, de pays où existent des Eglises protestantes. Elles sont théologiquement proches des Eglises libres, de tendance pentecôtiste ou évangélique conservatrice.

Bien que la situation de leurs membres soit souvent instables – des demandeurs d’asile, des non entrées en matière, des sans-papiers – elles aident à l’intégration des migrants et facilitent leur survie dans des conditions difficiles. Grâce à leur vie communautaire très développée, les Eglises de migrants représentent souvent un lieu de contacts – avec autrui et avec le pays d’origine -, de mise en réseaux essentiel pour les immigrés. (apic/amc)

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