Vague de violences anti-chrétiennes
Kano, 20 avril 2011 (Apic) Suite aux élections présidentielles du 9 avril 2011 et à la réélection du chrétien du sud Goodluck Jonathan, les Etats musulmans du nord du Nigeria se sont embrasés et de violentes émeutes ont fait de nombreuses victimes parmi la minorité chrétienne, déplore l’association suisse «Porte Ouvertes», le 20 avril 2011.
De Maiduguri à Sokoto, les destructions subies par la communauté chrétienne sont énormes, indique «Porte Ouvertes», association indépendante et apolitique au service des chrétiens persécutés ou discriminés à cause de leur foi. Plus de 60 églises ont été incendiées, des milliers de maisons appartenant à des chrétiens ont été détruites, et plusieurs pasteurs et salariés des églises ont été massacrés. Ces exactions, perpétrées majoritairement dans les grandes villes, n’ont pas pour autant épargné les villages: beaucoup de chrétiens ont fui leur maisons par peur des attaques.
Le 18 avril dernier, les violences ont surtout touché les Etats du nord – à majorité musulmane – d’Adamawa, Bauchi, Jigawa, Kaduna, Kano, Sokoto, Gombe, Yobe et Katsina. De nombreux jeunes, contestant la victoire dans les urnes de Goodluck Jonathan, le candidat chrétien du Parti démocratique du Peuple, ont manifesté leur colère.
«Portes Ouvertes» a reçu des rapports faisant état de troubles dans les régions de Malumfashi et de Katsina, où les maisons d’un campus chrétien ont été incendiées. De nombreuses églises y ont aussi été détruites et plusieurs pasteurs ont été assassinés. A Kaduna, un couvre-feu de 24 heures a été décrété en ville, mais selon les informations dont dispose «Portes Ouvertes», la vague de destruction a aussi touché les villages environnants.
Dans l’Etat de Kano, de nombreuses églises ont été démolies. Le 19 avril, une foule compacte de contestataires musulmans a fait face aux forces de l’ordre, qui auraient tiré à balles réelles, faisant plusieurs morts parmi les émeutiers. Dans l’Etat de Yobe, toutes les églises ont été détruites, de même que les échoppes et les habitations appartenant à des chrétiens.
Dans la ville de Jos, les forces de l’ordre ont également abattu, le 19 avril, plusieurs manifestants. Selon les collaborateurs de «Portes Ouvertes» sur place, la situation serait pour l’heure sous contrôle.
Le Nigeria est le théâtre, depuis deux décennies, de heurts entre musulmans et chrétiens. Depuis 2001, des violences anti-chrétiennes touchent régulièrement les douze Etats ayant adopté la charia. Le 24 décembre 2010, des attentats contre des églises à Abuja avaient fait plus de 80 victimes. Le même soir, à Jos, plusieurs explosions avaient entraîné la mort de 32 innoncents. En janvier 2010, plus de 300 personnes avaient été tuées à Jos après que des extrémistes musulmans s’en étaient pris à des églises.
Le 11 janvier dernier, 13 chrétiens avaient péri dans l’attaque de leur village. Les violences s’étaient poursuivies les jours suivants à Jos, la capitale de l’Etat du Plateau.
Les élections présidentielles au Nigeria avaient été initialement programmées au 2 avril, puis reportées au 9 avril. La forte participation au scrutin a été interprétée comme une très grande volonté de changement. Une attente déçue, en particulier au nord. (apic/com/nd)
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