Faire payer les prestations aux hôpitaux, aux prisons, aux écoles ou aux homes
Neuchâtel, 3 avril 2011 (Apic) L’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) envisage de faire payer les prestations qu’elle fournit aux hôpitaux, prisons, écoles, homes et autres institutions spécialisées. La décision du cigarettier américain Philip Morris de ne plus verser sa contribution ecclésiastique aux Eglises réformée, catholique-romaine et catholique-chrétienne neuchâteloises les met dans une situation financière délicate. L’EREN doit faire face à un manque à gagner de 850’000 francs.
Près de 130 participants, venus de tous les champs d’activités et de toutes les régions de l’EREN, ont planché samedi 2 avril à La Rouvraie, au-dessus de Bevaix (NE) sur cette réalité afin d’imaginer l’Eglise de demain. Le retrait de Philip Morris – il s’agit d’une perte pour les Eglises de 1,5 million de francs qui va les contraindre à supprimer de nombreuses prestations sociales – a forcé l’EREN à chercher des pistes de travail concrètes.
Ainsi, Gabriel Bader, président du Conseil synodal de l’EREN, a estimé que son Eglise devait fixer des critères plus exigeants qu’auparavant dans le choix des services qu’elle veut maintenir, développer ou abandonner. L’EREN envisage notamment de faire payer pour ses prestations les hôpitaux, les prisons, les écoles, les homes et institutions spécialisées afin que 80% des coûts réels soient couverts. Si ces partenaires ne peuvent pas contribuer à cette hauteur, estime-t-il, l’EREN sera forcée de diminuer ses services.
Les pistes envisagées le 2 avril à La Rouvraie seront encore débattues au Synode de l’EREN en juin prochain, puis discutées avec les deux autres Eglises reconnues du canton de Neuchâtel, l’Eglise catholique romaine et l’Eglise catholique chrétienne. Il s’agit d’aboutir à des positions communes.
L’EREN pourrait aussi être amenée à revoir sa manière d’organiser le travail de paroisse, en fonctionnant moins par regroupements géographiques et plus par intérêt commun. Les mesures envisagées devraient conduire ces prochaines années à une diminution d’un certain nombre de postes d’ici 5 ans, puis à plus long terme l’Eglise réformée neuchâteloise devrait être redimensionnée et devenir plus petite. A Neuchâtel comme à Genève, le paiement de l’impôt ecclésiastique est facultatif.
Les Eglises reconnues dans la constitution cantonale neuchâteloise fixent librement l’impôt ecclésiastique volontaire de leurs membres. La contribution ecclésiastique est facturée et perçue gratuitement par l’Etat. Ensuite, le montant est reversé aux Eglises concernées en fonction de la confession indiquée dans la déclaration d’impôt des contribuables.
Gabriel Bader a déploré que face à cette situation urgente, l’Etat neuchâtelois n’a pas bougé et n’a pas versé un franc pour venir en aide aux Eglises neuchâteloises. En effet, les discussions menées en février dernier entre les Eglises neuchâteloises et le canton, après le retrait de la contribution ecclésiastique de Philip Morris, n’a pas permis d’obtenir de réponses satisfaisantes. Le Conseil d’Etat s’était dit «pas en mesure» de garantir à court terme, le moindre soutien financier supplémentaire, pour faire face aux graves difficultés financières dont souffrent désormais les Eglises. (apic/be)
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