Fribourg: La Zambienne Agnes Lisulo Mulemwa a reçu le «Prix Sylvia-Michel» à Morat
Morat, 22 mars 2011 (Apic) Pour marquer sa contribution exceptionnelle à la formation de femmes aux fonctions de direction dans les Eglises et les organisations d’Eglise, la Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER) et les femmes présidentes d’Eglises réformées en Suisse ont décerné conjointement le «Prix Sylvia-Michel» à Agnes Lisulo Mulemwa. L’infirmière rurale zambienne a reçu dimanche 20 mars cette distinction à l’église réformée allemande de Morat.
L’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg était dimanche l’hôte de la remise du prix lors d’un culte festif présidé par les pasteures Débora Kapp et Bettina Beer-Aebi. Plus de cent personnes ont rendu honneur à Agnes Lisulo par leur présence.
La lauréate du «Prix Sylvia Michel» a déclaré devant la foule rassemblée pour la cérémonie dans l’église: «Je me sens comblée et confuse… C’est trop pour moi!» Le prix, doté de 5’000 dollars US, porte le nom de la première femme présidente d’une Eglise en Europe. Il était remis pour la deuxième fois cette année par les Eglises réformées de Suisse. Depuis 2009, le «Prix Sylvia Michel» est décerné par les Eglises suisses pour encourager et distinguer des femmes qui assument des fonctions dirigeantes dans les Eglises du monde entier.
L’infirmière zambienne, en toute modestie, passe ses années de retraite à modifier tranquillement la vie des femmes de sa communauté rurale par un projet combinant procuration de revenus, formation au leadership et soins de santé. Agnes Lisulo Mulemwa a été honorée pour avoir créé le «Liyoyelo Batik Centre» à Senanga, une communauté dans le sud-ouest de la Zambie.
Ce projet offre une formation en vue d’activités rémunératrices telles que la fabrication de batik et de bougies ou la culture de fruits et de légumes. Elle travaille au sein d’un réseau de femmes d’Eglise du nom d’»Anamoyo», connu pour son engagement actif dans le service communautaire au nom de l’Eglise.
Martina Zurkinden-Benes, vice-présidente du Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg, a rendu hommage à la Zambienne en relevant que les femmes «Anamoyo» sont une preuve vivante de l’adage: «Investissez dans une femme, et vous investirez dans le monde entier». «Nous n’avancerons dans nos Eglises et dans la société qu’en reconnaissant les dons apportés par les femmes», a poursuivi Martina Zurbinden-Benes.
C’est Hedwig Schneider, ancienne présidente du Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg – elle avait été élue en 1980 première présidente du Conseil synodal fribourgeois – , qui avait proposé le nom d’Agnes Lisulo Mulemwa comme lauréate pour ce prix. Les deux femmes s’étaient rencontrées lorsque H. Schneider se trouvait en Zambie pour une action d’entraide. Le matériel qu’elle y apportait comportait un équipement pour faire du batik. L’infirmière zambienne s’était alors mise à en apprendre les techniques de fabrication et à en transmettre les compétences à d’autres personnes de sa communauté. Par la suite, le projet fut élargi pour inclure la culture de fruits et de légumes à l’intention de personnes vivant avec le sida.
Habillée d’un vêtement traditionnel de couleur gaie, selon le style introduit par les premières femmes missionnaires arrivées dans leur pays, Agnes Lisulo Mulemwa a été accueillie par des paroles de bienvenue prononcée dans sa propre langue par Nicole Fischer, linguiste et ancienne missionnaire suisse.
La conseillère d’Etat fribourgeoise Isabelle Chassot, directrice de l’instruction publique, de la culture et du sport, a déclaré à l’attention de la lauréate: «En apprenant tout ce que vous avez accompli, j’ai l’impression d’être en présence d’une femme dont le monde est la patrie». Patricia Sheerattan-Bisnauth, responsable du programme «Justice entre les genres» de la CMER, a rendu hommage à la Zambienne et aux femmes qui collaborent avec elle en soulignant «qu’elles nourrissent et maintiennent la vie, et qu’elles apportent de l’espoir à leur communauté». La cérémonie a eu lieu le jour même marquant le 120ème anniversaire de la décision en Suisse d’octroyer le droit de vote aux femmes en matière d’élections ecclésiastiques. Ce n’était qu’au cours des années 1970 que les femmes suisses ont obtenu le droit de vote au niveau politique.
La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) rassemble 26 Eglises (24 Eglises réformées cantonales, l’Eglise Evangélique Méthodiste en Suisse et l’Eglise évangélique libre de Genève). La FEPS représente au niveau national et international les 2,4 millions de protestants (selon le recensement fédéral de 2000) pour toutes les questions ecclésiales. Organisée en fédération, elle est dirigée par un Conseil de 7 membres présidé par le pasteur Gottfried Locher. Elle a son siège social à Berne.
Après des études de théologie et la consécration en 1964, la pasteure réformée Sylvia Michel fut la première femme de Suisse à occuper un poste pastoral de manière autonome. En 1980, elle fut élue présidente de l’Eglise réformée du canton d’Argovie et devint ainsi la première femme en Europe à cette fonction. En reconnaissance pour son engagement pionnier et pour la compétence avec laquelle les femmes portent et dirigent les Eglises, le «Prix Sylvia Michel» veut encourager et promouvoir également des femmes d’autres pays et Eglises à assumer des fonctions de direction. Le Prix est remis tous les deux ans par les présidentes des Eglises réformées de Suisse en collaboration avec la CMER. Le jury est composé des présidentes, en fonction ou non, des Eglises réformées de Suisse, et d’une représentante de la Communion mondiale d’Eglises réformées.
Une soirée de rencontre et d’échange avec Agnes Lisulo, lauréate 2011 du «Prix Sylvia Michel», et avec Hedwig Schneider, qui accompagne ce projet depuis 1996, est proposée le 23 mars 2011 à 20h à la Cité St-Justin, Rue de Rome 9, à Fribourg. Agnes Lisulo racontera son engagement incessant et créatif pour la promotion des femmes en Zambie. (apic/com/be)
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