Brésil: Les évêques brésiliens critiquent l’amnistie pour les forestiers illégaux

La CNBB condamne la révision du Code forestier

Brasilia, 16 mars 2011 (Apic) La Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a condamné sans ambages le projet de loi destiné à modifier le Code forestier, qui vient d’être présenté à l’Assemblée nationale à Brasilia. Parmi les points dénoncés par le secrétaire général de la CNBB figurent notamment l’amnistie des forestiers illégaux, le retrait de certaines zones forestières de la Zone de Protection Permanente ou encore la réduction de la zone de protection autour des rivières, lacs et autres étendues d’eau.

La prise de position ne pouvait pas être plus claire. Par la voix de son secrétaire général, Mgr Dimas Lara Barbosa, la CNBB a dénoncé, lors du lancement de la Campagne de Fraternité 2011, qui inaugure la campagne de carême de l’Eglise brésilienne, le projet de loi visant à modifier en profondeur le Code forestier brésilien.

Déposé la semaine dernière devant l’Assemblée par Aldo Rebelo, élu du Parti communiste du Brésil (PCdoB) de l’Etat de Sao Paolo, le texte a été l’objet de nombreuses critiques de la part de la CNBB, parmi lesquelles figurent «l’amnistie des forestiers illégaux», le retrait de certaines parcelles importantes de forêts qui font partie de Zones de Préservation Permanentes ou encore la réduction des zones de protection autour des rivières, fleuves et autres points d’eau. «Cette proposition de loi, a poursuivi Mgr Dimas Lara Barbosa, ne traite pas avec respect les populations ’riberinhas’ (vivant au bord des nombreux cours d’eau, notamment en Amazonie, ndr), les peuples indigènes et non plus pas les ’quilombolas’ (communautés descendantes des esclaves africains, ndr)».

La réaction de l’épiscopat brésilien a été accueillie avec beaucoup de satisfaction par les élus du Parti Vert (PV) présidé par Marina Silva (ancienne ministre de l’environnement), et par les nombreuses organisations de défense de l’environnement de ce pays recouvert à 60% par la forêt amazonienne. Beaucoup moins en revanche par les représentants de l’Union Démocratique Ruraliste (UDR), plus communément appelée «ruralistas», un parti dont les élus sont largement soutenus par les professionnels de la filière bois et de l’agriculture industrielle.

La présidente Dilma Roussef, alliée des «ruralistas»

Reste que pour les observateurs, le projet de loi, déposé par un représentant du PCdoB, formation politique participant au gouvernement de Dilma Roussef, la nouvelle président du Brésil, est loin d’être une surprise. «Lorsqu’elle était la ministre du président Lula, Dilma Roussef était chargée du Plan d’Accélération de la Croissance (PAC)», rappelle à ce propos Gustavo Trindade, responsable de l’Institut pour le Droit à une Planète Verte (IDPV). A ce titre, elle a été l’une des alliées les plus précieuses des «ruralistas» en Amazonie, en défendant notamment l’agriculture destinée à l’exportation. A ce titre, elle s’était souvent opposée à Marina Silva pour faire passer ses projets de développement de l’agroindustrie. Coïncidence ou pas, depuis qu’elle a été élue, les coupes illégales se sont multipliées…

En attendant, la CNBB a décidé de maintenir la pression sur les parlementaires en annonçant la création une entité «destinée à réfléchir sur des propositions à faire dans le cadre d’une modification du Code forestier». Une manière de démontrer que l’Eglise entend faire entendre sa voix de plus en plus nettement sur le thème de la préservation de l’environnement.

La CNBB dénonce les dangers de l’agrobusiness

La preuve ? Lors du lancement de la Campagne de Fraternité 2011, dont le thème cette année est «la vie de la planète», Mgr Dimas Lara Barbosa a également dénoncé le danger de l’agrobusiness, en l’accusant d’être responsable pour une bonne part de la déforestation en Amazonie. Le secrétaire général de la CNBB a, de surcroît, ouvertement critiqué les grands projets d’infrastructures soutenus par le gouvernement fédéral, comme le mégacomplexe hydroélectrique de Belo Monte, sur le fleuve Xingu, situé au coeur de l’Amazonie.

Autant de prises de position qui ont ravi les organisations de défense de l’environnement. Et qui ont déjà provoqué une première réaction concrète: Aldo Rebelo, le rapporteur du projet de loi sur la révision du Code forestier, a admis que le texte était «perfectible». Quant à Marcos Maia, président de l’Assemblée nationale, il a laissé entendre que l’examen du projet de loi, prévu initialement fin mars, pourrait être reporté. (apic/jcg/be)

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