Campagne de carême «Extraction minière: un business indigeste»

Suisse: Enquête sur l’impact de l’entreprise suisse Glencore dans les pays en développement

Lucerne, 5 mars 2011 (Apic) Dans le cadre de leur prochaine campagne de carême intitulée «Extraction minière: un business indigeste», les œuvres d’entraide suisses ont mené une enquête sur l’impact de l’entreprise suisse Glencore dans les pays en développement. La multinationale basée dans le canton de Zoug est accusée de violer les droits de l’homme et de ne pas respecter les conventions internationales.

La Suisse a-t-elle une responsabilité quelconque dans l’appauvrissement de certains pays africains ? C’est la question que posent les ONG «Action de Carême» (AdC), «Pain pour le Prochain» (PPP) et «Etre partenaires». Elles y répondent en publiant, jeudi 10 mars prochain, les résultats d’une enquête menée par un institut de recherche sud-africain mandaté par les œuvres d’entraide. Dans le collimateur, l’entreprise minière Glencore.

Dans le cadre de leur campagne de carême intitulée «Extraction minière: un business indigeste», l’ONG catholique AdC, sa partenaire protestante PPP, et catholique chrétienne «Etre partenaires» ont mandaté une étude menée en République démocratique du Congo (RDC). Cette étude analyse les dysfonctionnements de Glencore, une puissante entreprise suisse active dans l’extraction de minerais en Afrique.

Conditions de travail irrespectueuses des droits humains

Elle révèle des conditions de travail irrespectueuses des droits humains, des problèmes de pollution, des opérations financières opaques lors d’acquisition de terrains et des pratiques d’évasion fiscale. Lors de leur conférence de presse de jeudi prochain, les deux organisations présenteront les résultats de cette étude et montreront par cet exemple que les règles en matière de responsabilité sociale des entreprises applicables en Suisse ne permettent pas aux autorités suisses d’intervenir. Elles présenteront aussi la pétition lancée dans le cadre de leur campagne destinée à combler ces lacunes.

La République démocratique du Congo possède l’un des sous-sols les plus riches au monde. Pourtant, plus des 70% de sa population (41,9 millions, selon les statistiques de la FAO) souffrent de la faim et vivent dans la pauvreté. Le pays est pillé de ses richesses et la population locale, qui vit sur ces trésors, devient une population sans terre. «Au lieu de profiter de ces richesses, les travailleurs sont privés de droits, déplacés, œuvrant pour un salaire de misère qui ne leur permet pas de vivre décemment. Leur droit à l’alimentation est bafoué, sans parler de leur droit à vivre dans la dignité», écrit l’Action de Carême. C’est cette injustice que dénonce la campagne œcuménique 2011 intitulée «Extraction minière: un business indigeste».

Encadré

#La RDC, un peuple pauvre et pourtant des richesses minières à profusion

De nombreux pays d’Afrique, comme d’Asie et d’Amérique latine, sont riches en matières premières. La République démocratique du Congo (RDC), par exemple, a l’un des sous-sols les plus riches au monde: elle dispose du tiers des réserves mondiales de cobalt, 10% des réserves de cuivre et 80% de coltan. Elle fait partie des quatre plus grands producteurs mondiaux de diamants.

Et pourtant, la RDC est l’un des pays les plus pauvres de la planète: elle figure au 168e rang sur 169 dans l’index de développement humain (PNUD). Près de 60% de sa population vit avec moins de 1,25 dollars par jour. Enfin, sur une population de 60,8 millions d’habitants, 41,9 millions souffrent de la faim (Statistiques FAO).

En fait, les richesses de la RDC sont tout simplement pillées: les concessions pour l’extraction des matières premières sont attribuées par l’Etat à des entreprises transnationales, qui obtiennent souvent d’importants privilèges. Les conséquences sont multiples: conflits, destruction de l’environnement, déplacement de populations entières, conditions de travail déplorables – autant d’éléments qui mettent en danger la vie humaine dans et autour de la mine. Les négociations de ces concessions sont menées sans la population, qui n’a pas droit à la parole.

La mine profite aux sociétés transnationales, et ces grands groupes ne paient pas ou peu d’impôts et de redevances dans les pays d’extraction. Selon Oxfam, 50 milliards de dollars (soit 5 fois le PIB de la RDC) échappent annuellement aux gouvernements des pays en développement en raison d’avantages fiscaux ou de manipulations comptables qui permettent aux entreprises de se soustraire au fisc. De même, les salaires versés sont si bas que la valeur ajoutée sur place est minimale. Résultat: ces richesses quittent le pays, de manière légale ou illégale, et ne profitent pas à la population locale.

Quel lien avec la Suisse ? «Du pétrole pour nos voitures; du platine pour les catalyseurs diesel; du cobalt et du coltan dans les batteries de nos téléphones et ordinateurs portables, ou encore du cuivre dans les composants de nos appareils électroniques. En Suisse aussi, on consomme les matières premières extraites de ces mines. Par ailleurs, de puissantes entreprises suisses sont actives en Afrique et ailleurs dans l’exploitation et le commerce de minerais. Leurs chiffres d’affaire s’élèvent à plusieurs centaines de milliards de dollars. Glencore, Xstrata ou Metalor font partie des entreprises suisses les plus actives dans le secteur», notent «Action de Carême» et «Pain pour le Prochain». (apic/adc/com/be)

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